Sommaire du numéro
N° 86 (2-2007)

La Petite Italie, quartier italien de Montréal

Hélène Velasco-Graciet a

Laboratoire Ades, Maison des Suds, Esplanade des Antilles, 33607 PESSAC

Résumés  
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1. La succession des quartiers «communautaires» le long de la rue Saint-Laurent

La ville de Montréal entre parfaitement dans la catégorie (Louiset, 2000) de la «ville américaine» au sens de C. Ghorra-Gobin (1998). Elle y entre, d’abord, par sa belle verticalité, par son impeccable plan en damier et, ensuite, par ce qu’il est coutumier d’appeler la culture drive-in, c’est-à-dire l’usage presque exclusif de l’automobile comme mode de déplacement, avec son impact sur le paysage urbain et sur la morphologie urbaine. Montréal se caractérise aussi par la présence de populations d’origines diverses et par leurs modes spécifiques de spatialisation. Le boulevard Saint-Laurent en est un exemple remarquable dans la succession des «icônes» (Lipovesky, 2004) communautaires. Ce boulevard, communément appelé «rue» Saint-Laurent, ou Main Street ou encore plus simplement La Main, est d’ailleurs considéré comme une image forte du cosmopolitisme de la ville si l’on dépouille, par exemple, les guides de voyage: «elle offre l’étalage de toutes les cultures qui cohabitent à Montréal»… «elle a une facture multiethnique bien définie et son animation fait pénétrer le visiteur dans un univers où toutes les cultures se côtoient harmonieusement» (1). Les quartiers qui s’étalent de part et d’autre de cet axe apparaissent eux aussi emblématiques de la construction politique d’une «société pluraliste visant à favoriser l’expression de la diversité dans un contexte où les citoyens, quelles que soient leurs différences, partagent la même appartenance à la société québécoise et l’expriment dans le respect des lois et des institutions communes», société où «chaque Québécois, qu’il soit natif ou immigré, a des droits et des responsabilités, et tous ont le droit de choisir librement leur style de vie, leurs valeurs, leurs opinions et leur religion» (ibid.). Ces considérations doivent malgré tout être nuancées car la coexistence de communautés peut et a pu engendrer des tensions culturelles, favoriser la relégation et la formation d’isolats de pauvreté (Ghorra-Gobin, 1998, p. 8), et ce, même si le terme de ghetto ne semble guère opératoire pour décrire la réalité urbaine montréalaise (Séguin, Bernèche, Garcia, 2000, p. 125). Nous ne voulons pas plus suggérer que cette «rue» serait le symbole d’une nation constituée à partir d’une mémoire revisitée (Thévenot, 2006; Thériault, 2002), tournée vers un avenir serein et fondée sur la diversité culturelle (Mercier, 2004). Notre propos est ici d’interroger le rapport triangulaire entre population, quartier urbain et construction culturelle: comment les individus d’une communauté issue d’une migration participent à la mise en place d’un quartier «singularisable» dans un espace urbain plus vaste (espace métropolitain), par le truchement de leur culture d’origine?

Tout d’abord, nous devons préciser que cette rue orientée nord-sud, si elle permit l’extension de la ville hors des murs d’enceinte, fut aussi la ligne de séparation entre les deux groupes migrants d’origine: les anglophones à l’ouest et les francophones à l’est. Mais, plus qu’une ligne de partage, elle est devenue un «couloir de migration» où, depuis plus d’un siècle, se sont succédé des vagues d’immigrants, découpant ainsi l’avenue en segments et construisant un paysage urbain bariolé et dynamique, ce qui a contribué à adoucir la rigueur de la limite entre les deux groupes primo-migrants. Aujourd’hui, cette séparation n’a plus guère de réalité sociale, si ce n’est dans l’imaginaire montréalais. Elle serait finalement un élément muet de ce grand récit québécois que l’on dit inachevé (Racine, Villeneuve, 1992) (2).

Ainsi, tout au long de la rue Saint-Laurent, diverses communautés ont pris place au cours du temps et leur répartition spatiale (par quartier) peut être schématisée (fig. 1), même si des membres de ces communautés se sont installés dans l’ensemble de l’aire métropolitaine. Aujourd’hui, la rue Saint-Laurent n’est plus le lieu de vie et de sociabilité exclusif des diverses communautés qui y sont représentées.

Nous ne nous intéresserons ici qu’à la partie «italienne» de la rue. Bien sûr, chacun des quartiers possède une histoire particulière et aucune généralisation n’est possible. La figure de la «Petite Italie» ou «Little Italy» est récurrente sur le continent nord-américain, ainsi qu’en Australie. Elle a fait l’objet d’un grand nombre de recherches et de publications (3). Les auteurs s’y sont intéressés à des échelles différentes, analysant les formes de chacune d’entre elles (New York, Toronto, Montréal, etc.) ou proposant une géographie des «Petites Italies» à travers le monde.

Pour notre part, la problématique qui sous-tend ce travail est liée autant à la question de la construction des paysages publics urbains qu’à celle des représentations. En d’autres termes: en quoi ces quelques mètres de la rue Saint-Laurent peuvent-ils être considérés comme italiens? Peut-on, à travers le paysage urbain, déceler une écriture spatiale de la culture italienne? Et, au-delà des signes, acte de communication et mise en scène d’une communauté, quelle appartenance revendiquent les acteurs de la rue? Peut-on déceler, dans ce «quartier», les éléments d’une culture spécifique, construite par une population issue d’une migration? Si oui, de quel type de culture s’agit-il, culture «hybride», créole (Bernabé, Chamoiseau, Confiant, 1989) se fondant sur des processus matériels d’interculturalité ou développant un sentiment diffus et abstrait d’appartenance à un espace virtuel et donc imaginé, l’Italie (Turgeon, 1998, p. 14)?

Dans un premier temps, nous poserons les jalons de l’émergence du quartier de la Petite Italie et justifierons les méthodes que nous avons choisies d’utiliser. En un second temps, nous retracerons sa mise en scène «italienne» pour mettre en évidence sa complexité culturelle.

La naissance de la Petite Italie

Les Italiens à Montréal

La présence italienne au Québec remonte au XVIIe siècle: soldats du régiment de Carignan, commerçants et artisans (statuaires, peintres d’église). Ils sont alors pour la plupart originaires du Nord de l’Italie. La fin du XIXe siècle marque le début d’une immigration masculine, d’origine paysanne, provenant essentiellement du Sud de l’Italie. Ces immigrants, surtout temporaires, sont employés de façon privilégiée dans les chemins de fer, les mines et les camps de bûcherons. La période de 1900 à 1925 se caractérise par le déclin de ce type d’immigration au profit d’une immigration permanente et familiale. La majorité des immigrants travaillent alors à la construction et à l’entretien des chemins de fer (Canadien Pacifique et la Compagnie du Grand Tronc). Entre 1946 et 1960, l’immigration italienne se compose en grande partie d’agriculteurs, d’ouvriers agricoles et d’ouvriers plus ou moins spécialisés, avec une majorité admise dans le cadre du regroupement familial. De 1961 à 1975, l’immigration est plus diversifiée et caractérisée par une forte proportion de travailleurs du secteur manufacturier et de la construction. Après les années 1970, on assiste à une forte baisse du flux migratoire venant d’Italie. Lors du recensement de 2001, 249 205 personnes se sont déclarées d’origine ethnique italienne. Pour près des deux tiers de ces personnes (64,9 %), il s’agit d’une origine ethnique unique, alors que 35,1 % ont déclaré des origines italiennes avec au moins une autre origine. La majorité de ces personnes (168 260) sont nées sur place, ce qui représente 67,5 % de la population d’origine italienne du Québec. Par ailleurs, parmi les 79 295 personnes nées à l’étranger, 76,9 % ont immigré au pays depuis plus de 30 ans. Environ trois personnes sur cinq (59,6 %) appartiennent à la deuxième ou à la troisième génération ou plus, c’est-à-dire qu’elles sont nées ici de parents, de grands-parents ou d’arrière-grands-parents nés à l’étranger. Près du tiers de cette communauté est composée de jeunes âgés de moins de 25 ans (32,3 %) ou de personnes âgées de 25 à 44 ans (31,2 %). Les personnes âgées de 65 ans et plus comptent pour 14,2 % (Portrait statistique de la population d’origine ethnique italienne, 2001; Ramirez B., 1984, 1991).

 

2. Ville de Montréal et ses arrondissements (2006)

Selon B. Ramirez, c’est aux alentours de 1910 que le schéma résidentiel des Italiens se stabilise, avec des phénomènes tant de dispersion que de concentration. Certains d’entre eux vont, en effet, s’installer autour de la rue Saint-Laurent, dans le quartier du Mile-End (4). Par l’émergence d’associations politiques, sportives et d’entraide, se constitueront très vite les contours de la «Petite Italie» qui deviendra un pôle culturel fort, faisant des autres quartiers de résidence italienne des quartiers satellites (Ramirez, 1984, p. 85) (fig. 2 et 3).

La figure 3, représentant les arrondissements regroupant aujourd’hui les populations d’origine italienne, montre que les quartiers de fort regroupement sont plutôt ceux de Villaray-Saint-Michel-Parc extension (13,6% de la population totale est d’origine italienne), Kirkland (14%), Montréal-nord (15,6%), Lasalle (22%) et enfin Saint-Léonard (41%). Ainsi, si aujourd’hui la Petite Italie (incluse dans l’arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie) concentre une population italienne moindre que jadis (Séguin, 2000), elle garde les marques de ce passé et plus encore semble en jouer par une sorte de construction d’un territoire aux allures de «simulacre» pour reprendre l’expression de J. Baudrillard. L’événement le plus révélateur de cette mise en scène «italienne» est la célébration de la Semaine italienne de Montréal. Au mois d’août 2004 (5), la onzième du nom marquait le retour des festivités dans la Petite Italie après un exil de quelques années dans un quartier jugé moins emblématique par la communauté. Ainsi, du 6 au 15 août se sont succédé toute une série de festivités: tournois de soccer, expositions de véhicules (Lamborghini et Maserati, mais aussi Fiat 500 et Vespa), défilés de mode, représentations musicales, présences de stands d’associations sportives, généalogiques… et on a surtout remarqué la présence d’une formidable foule multicolore parlant italien, français et anglais, une foule particulièrement dense déambulant en soirée entre les terrasses bondées des cafés pavoisées de drapeaux tricolores.

3. Population italienne de Montréal par arrondissement (2006)

Questions de méthode

Pour rendre opératoire le questionnement posé, nous avons eu recours à deux méthodes. D’abord l’observation pour repérer et recenser les éléments qui dans le paysage urbain du quartier agissent comme des codes culturels explicites et donc décodables. Ensuite, pour cerner le lien entre quartier et type de sentiment d’appartenance, il faut accorder, en suivant J. Lévy, un «peu d’humanité à l’objet» (Lévy, 2000, p. 340). En effet, lorsque l’on traite de l’appartenance à un lieu, deux dimensions sont à prendre en compte, l’une matérielle et se référant aux actions et aux expériences spatiales des individus, et l’autre idéelle se fondant sur le savoir acquis et le rapport émotionnel au lieu (Dubet, 2005). Les deux dimensions étant liées, elles se rapprochent du concept de territorialité défini par G. Di Méo comme étant la relation entre deux pôles de rapports à l’espace «l’un objectif qui nous met sur la voie d’un territoire désignée par un nom, associé à un pouvoir, à une forme de contrôle qui contribue à lui fixer des limites, à l’institutionnaliser. À l’opposé, le second pôle est celui qui tire vers l’individu, qui ramène celui-ci à sa pratique et à son vécu de l’espace géographique» (Di Méo, 2000, p. 46-47). Or, si nous ne pouvons que constater que les territorialités contemporaines ne répondent plus aux seules exigences que prescrivaient les grandes institutions (l’État, la famille ou la religion), le problème est bien d’approcher les façons complexes dont les individus vivent et s’approprient la ville ou une partie d’elle. Si les sociétés deviennent fluides (Bauman, 2005) à la fois par leur «émancipation» et leur adhésion à un imaginaire fondé sur la mobilité, les individus les composant bénéficient de choix quant à leurs identifications spatiales.

Sans aborder les questions du risque, de l’incertitude ou de la liberté qui peuvent être liées à cette nouvelle donne, l’interrogation repose ici sur la façon d’aborder les expérimentations territoriales à partir desquelles les individus vont construire et reconstruire leur appartenance en rapport avec l’espace. Si cette appartenance n’est plus «monotopique» mais bien plus «polytopique» (Stock, 2004, 2005, 2006), nous proposons de l’appréhender par les récits des individus qui vont, pour s’identifier en acte et en pensée à des espaces géographiques réels ou rêvés, élaborer un récit de soi, donner une cohérence à leur biographie dans un rapport réflexif, «là où auparavant de nombreux aspects de l’existence relevaient d’habitudes ou de normes sociales extérieures à l’individu» (Giddens, 1994, p. 91-92). Passer par cette capacité réflexive — qui n’est pas forcément critique mais peut s’inscrire dans un cadre institutionnel et stratégique (Bonny, 2004, p. 62) —, invite à s’intéresser aux récits des individus et à se rapprocher de la notion de lieu proposée, entre autres, par Berdoulay et Entrikin (1998) qui, en suivant F. Dubet, pourrait être un «où à soi» complexe mais cohérent comme ce dernier propose un «quant à soi».

Ainsi, l’analyse des territorialités dans leurs formes contemporaines et discursives permettrait d’approcher les lieux d’actions et de représentations des individus hypermodernes. La méthode la plus appropriée pour entrer en contact avec ces territorialités est l’entretien semi-directif (Lévy, 2000), car il accorde une place à la parole des individus, parole qui nous permet d’approcher ces nouveaux territoires mobiles, labiles, éphémères qui caractérisent les bouleversements territoriaux et leur complexité (Debarbieux, Vannier, 2002).

C’est dans cette logique méthodologique que nous nous sommes donc placée pour aborder le lien entre quartiers et territorialités. Nous avons choisi de mener des entretiens avec les commerçants du quartier; on considère que ceux-ci sont en quelque sorte les acteurs les plus importants de cette mise en scène culturelle et de la construction de l’image du quartier. La quasi-totalité des commerces (soit quarante-neuf sur presque soixante commerces «italiens») a donc été visitée et nous avons cherché, si cela était possible, à traiter avec les propriétaires, ce qui a été fait dans 75% des cas. La structure de l’entretien était simple et tournait autour de l’origine géographique, du parcours personnel, des raisons de l’implantation dans le quartier, de l’intérêt d’y tenir un commerce, ceci afin de faire émerger «la place déterminante que prennent les représentations qu’ont les acteurs d’eux-mêmes et de la logique d’action dans les argumentaires qu’ils développent pour asseoir leurs positions, faisant ainsi apparaître l’importance de la dimension discursive dans la formation d’un savoir et d’un pouvoir sur l’espace» (Marié, 2004, p. 94). La durée des entretiens a été en moyenne d’une heure trente et l’accueil fut généralement, comme il nous a paru de règle à Montréal, particulièrement chaleureux.

La Petite Italie: mise en scène d’un quartier culturel

L’observation de cette portion de rue longue d’environ 300 mètres engage à traiter celle-ci de façon singulière en tant qu’espace fermé. Ici, le paysage urbain est clairement explicite et la signification des codes se fait par analogie et ressemblance. Les signes symboliques sont, en effet, conformes aux stéréotypes classiques des représentations ordinaires de l’Italie.

Le lieu et sa matérialité

L’espace est d’abord délimité par deux arches (photo 1) marquant de façon explicite le début et la fin du quartier, délimitation visuelle de l’espace rendue plus explicite encore lorsque le promeneur apprend le nom du lieu dans lequel il entre par son inscription sur un pan des arches. Nom de lieu rappelé sur un parterre fleuri (photo 2) avec un souci esthétique évident et à but publicitaire certain à l’adresse des nombreux automobilistes de la très passante avenue Jean Talon qui coupe à angle droit la rue Saint-Laurent.

 

Photo 1. Une des arches (cliché H. Velasco-Graciet, 2006)
(Cliquer sur l'image pour zoomer)

Photo 2. Parterre fleuri (cliché H. Velasco-Graciet, 2006)
(Cliquer sur l'image pour zoomer)

L’espace est donc délimité et organisé par divers messages symboliques qui se déploient tout au long de la rue. Il règne un indéniable air d’Italie porté par les drapeaux (photo 3), le triporteur Milano stationné en permanence sur le trottoir (photo 4)… et, plus encore, par les enseignes de plus de 70 boutiques dont seulement un dixième n’a pas de consonance italienne. Les autres ont toutes des noms évocateurs, soit en rapport avec le type de produits vendus: Oritalia (Bijouterie), Galeria della Sposa (robes de mariée), etc., soit affichant des images liées à l’Italie: paparrazzi, caffe italia, calcio (spécialiste du soccer), ou Faema. La délimitation et la dénomination (La Soudière, 2004) spatiale de cet espace renferment en elles une sorte de mécanisme oppositionnel: ici commence la Petite Italie, ici se termine la Petite Italie; limite, nomination construites qui spécifient qu’au-delà il y a d’autres communautés et d’autres quartiers. Car, «pour signifier à l’Autre son identité, il faut délimiter son appartenance en terme d’espaces signifiants, définir un extérieur (les contextes non locaux) et organiser symboliquement cet espace» (Chérubini, 1998, p. 59.).

 

Photo 3. Drapeaux italiens
(cliché H. Velasco-Graciet, 2006)

Photo 4. Triporteur
(cliché H. Velasco-Graciet, 2006)

Au-delà des noms, les produits proposés participent du même processus; on y trouve par ordre d’importance quantitative: des bistrots et cafés italiens, des restaurants (les deux représentant 25% du total des boutiques), ensuite des commerces de machines à café et de café, des boutiques de mode (vêtements et chaussures représentant les tendances italiennes), des tailleurs, un vendeur de marbre, de glaces (italiennes, bien sûr), des épiceries spécialisées dans les produits italiens, des agences de voyages proposant des destinations italiennes.

L’Italie est toute proche — le quartier est l’Italie — elle en fait partie et encore d’avantage; lorsque l’on rentre dans son épaisseur métrique, à quelques pas de la linéarité de la rue, on arrive au marché Jean Talon, marché italien de Montréal où les couleurs, les sons, les odeurs transportent en Italie. Les produits proposés sont d’une variété infinie, des tomates au moût de raisin importé d’Italie pour fabriquer son vin. L’atmosphère est ici méditerranéenne. Un peu plus loin, on trouve la Casa Italia édifiée et inaugurée en 1936 (photos 5 et 6), qui se présente comme une institution ancienne et vivante (siège des associations diverses et lieu d’accueil), promise à une prochaine rénovation. On y découvre aussi Notre-Dame de la Défense, lieu de culte principal de la communauté italienne de Montréal, construite en 1919 sur commande de cette dernière pour rappeler l’apparition de la Madone à la Difensa.

Photo 5. Casa Italia
(cliché H.Velasco-Graciet, 2006)

Photo 6. Casa Itali
(cliché H. Velasco-Graciet, 2006)

Le lieu et sa qualification symbolique

Photo 7. La Caisse populaire canadienne-italienne
(cliché H. Velasco-Graciet, 2006)

Après ce moment d’observation, émerge la question de la qualification de ce lieu. S’il est un espace délimité, nommé et réduit et si on y trouve la plupart des stéréotypes et clichés relatifs à l’Italie: la gastronomie, le café, la mode, les tailleurs, le football, le marché, etc., chacun de ces signes renvoie une image mais c’est leur articulation qui construit un ensemble signifiant complexe. Cet ensemble, avec les divers codes qu’il transmet, tous facilement déchiffrables, fonctionne comme le symbole d’un territoire et d’une culture lointains, c’est-à-dire le territoire italien et la culture italienne. Il est une vitrine, un lieu hyperréel (Baudrillard, 1970). Nous lui préférerons la qualification d’hyper-lieu, notion qui trouverait une validité dans la mise en scène, ici, de deux espaces (l’Italie et le Québec) et de deux temps (le temps d’avant la migration et le temps présent) (Micoud, 1991; Debarbieux, 1995; Bedard, 2002; Sandoval, 2003). En effet, cet hyperlieu est remarquable par sa double dimension, géographique d’abord — un paysage dans un endroit donné suggère un espace lointain — et son épaisseur historique fait apparaître ensuite une sorte de temporalité de resurgissement d’un temps révolu: celui du temps prémigratoire. Le quartier en possède toute la matérialité fonctionnelle qui se lie à la symbolique par les produits qu’il offre tant aux familles d’origine italienne qu’à ceux, québécois ou canadiens, qui cherchent à consommer «italien» ou à «prendre un bain d’Italie».

La rue est ici un paysage construit, modelé, prenant appui sur des éléments extra-locaux ramenés d’un passé éloigné, par et pour la communauté italienne, mais aussi pour l’ensemble de la communauté montréalaise, ayant une opérationnalité, une efficacité de marqueurs culturels. Cette opérationnalité est vivifiée durant un moment phare, celui de la semaine de la Petite Italie au cours de laquelle le temps et le lieu semblent envahis d’une redondance d’éléments culturels italiens.

Ainsi, dans cette portion de rue et son environnement proche, nous sommes en Italie; une Italie pas plus exclusivement italienne que l’originale, mais aussi un peu québécoise et plus largement canadienne. En effet, les drapeaux italiens flottent au côté des drapeaux québécois et canadiens et la Caisse populaire affiche la double identité italo-canadienne (photo 7).

À partir de cette observation du paysage urbain, notre intention fut, ensuite, de passer derrière le décor pour tenter de découvrir si cette culture italienne affichée et matérialisée se fonde ou non sur un discours revendiquant l’appartenance à un territoire lointain, à une sorte de territoire nostalgique.

La Petite Italie: lieu de la complexité culturelle

À partir des entretiens menés auprès des commerçants du quartier, nous avons essayé de voir si, à travers les discours (spontanés) énoncés, ce quartier était, pour eux, plutôt représentatif de l’Italie (pays d’origine) ou plutôt de la communauté italienne de Montréal (ville d’accueil). L’intérêt est de cerner l’imaginaire migrant, de déceler la valeur du parcours migratoire dans l’organisation de ce lieu investi dans le pays hôte, dans sa dénomination et dans son usage culturel. Cette réflexion se situe dans une perspective de recherche qui tente de mesurer les réactions locales, prises ici dans le sens de construction sociospatiale par une minorité migrante, dans le cadre d’un processus de mobilité internationale (Appadurai, 2005). En posant la question des mises en scène culturelles, il s’agit d’entrer dans le débat contemporain autour du rapport entre mobilité (dans le cadre de la mondialisation des échanges) et interculturalité, c’est-à-dire d’aborder les effets de la mobilité dans le champ de la culture, sachant que deux systèmes interprétatifs se côtoient: le premier selon lequel la globalisation produirait une homogénéisation des cultures et le second, au contraire, selon lequel la mondialisation engendrerait une hétérogénéité et une complexité culturelle (Turgeon, 1998).

Plus de 70% des commerçants de la Petite Italie sont italiens d’origine, soit qu’ils aient eux-mêmes migré enfants avec leurs parents, soit qu’ils aient fait ce choix à l’âge adulte, ou enfin qu’ils fassent partie de la seconde, voire de la troisième génération de migrants. La majeure partie d’entre eux vient ou tire son origine de la région de Molise située à l’ouest de Rome.

La séparation générationnelle crée deux groupes distincts, groupes que nous prenons comme catégories distinctes et que nous appellerons par commodité les primo-arrivants et les italo-descendants. Cette typologie n’est pas anodine car les représentations et l’attachement culturel sont différents selon que l’on questionne l’une ou l’autre de ces deux catégories.

Les primo-arrivants ou la Petite Italie comme emblème communautaire

Les primo-arrivants se référent, de façon générale dans leur discours, à la période migratoire. Ils en dessinent les contours, la spatialisent et la transforment en un fondement communautaire. Les images convoquées sont souvent les mêmes, comme s’il y avait un migrant et une histoire représentatifs de l’ensemble de la communauté (sorte de profil type) révélant l’étrangeté de l’autre et de cet ailleurs. Ainsi, les images suivantes reviennent de façon récurrente: le voyage, le froid, les femmes autochtones mal vêtues, la recherche d’emploi, les accidents, parfois la peur et le sentiment de mépris et de méfiance à leur égard, puis la solidarité entre Italiens, au sein de la famille, la Casa Italia et enfin l’embellie sociale.

Le traumatisme de l’arrivée n’est pas explicitement mentionné mais il ressort, de façon prégnante, au travers du choix donné, possible tout au moins, à l’arrivée entre deux langues concurrentes: celle des patrons, l’anglais, et celle des ouvriers, le français. Ce choix fut l’anglais pour la majorité de la communauté. Mauvais choix en fin de compte et qui fit dire à Marco Micone dans Le Figuier enchanté (1998) que cette communauté «au moment de la promulgation de la Loi 101, s’est sentie trahie et prise au piège. […] la majorité d’entre eux craignaient d’être blâmés par un choix fait en toute légalité et par d’autres de surcroît».

Pour ce groupe, le temps de la migration est spatialisé, il est le quartier italien, ce qui sera appelé plus tard la Petite Italie. Et même si, aujourd’hui, la communauté s’est dispersée vers d’autres lieux de l’agglomération (carte 1), pour les primo-arrivants, ce quartier reste l’emblème de la communauté car «on peut s’y retrouver, on peut y trouver tous les produits italiens comme nulle part ailleurs» et de façon tellement concentrée que «l’on ne trouverait pas l’équivalent en Italie» (le quartier italien semble, pour eux, plus vrai que son modèle, il en est l’archétype).

Le quartier apparaît ainsi comme la marque spatiale de cette culture prémigratoire, marque spatiale à destination de la communauté bien sûr mais aussi, maintenant, depuis une vingtaine d’années, pour l’ensemble des Montréalais. Les commerçants constatent en effet que le quartier et le marché Jean Talon, s’ils ont été longtemps fréquentés par les seuls Italiens, le sont aujourd’hui de plus en plus par beaucoup d’autres Montréalais. Les causes invoquées de cette fréquentation exogène, pourrait-on dire, sont relatives à une nouvelle ouverture d’esprit attribuée aux Québécois qui ayant voyagé seraient plus enclins à apprécier d’autres cultures.

Ce quartier, même s’il s’ouvre et que cette ouverture constitue une bonne source de revenus pour les commerçants, est néanmoins vu par ce groupe comme un petit coin d’Italie, porteur d’une certaine nostalgie du pays quitté et qui semble agir comme un relais de commémoration. D’ailleurs, ils disent, chacun avec leurs propres mots, et pour n’en retenir qu’un seul, avoir «l’âme italienne et une vie canadienne». Comme s’il y avait séparation entre les actes et les pensées, spatialisation différente du matériel et de l’idéel, de l’utilitaire et du symbolique, une sorte d’identification exclusive à l’Italie (Beck, 1998). Une des formes de ce lien d’attachement peut être approchée par la participation de la diaspora et des expatriés italiens aux élections. En effet, lors des dernières élections présidentielles en Italie, Romano Prodi doit son succès au vote massif des citoyens italiens de l’étranger et notamment grâce au vote des Italo-Canadiens (44% pour Prodi contre 24% pour Berlusconi).

Les italo-descendants ou la Petite Italie comme projet

Le groupe des italo-descendants affiche, à l’inverse du groupe des primo-arrivants, une culture voire une identification italo-canadienne ou italo-québécoise… «Je suis à la fois canadienne et italienne… italienne par mes parents et canadienne par le pays de ma naissance et donc, moi, je suis les deux», et contrairement au premier groupe, ils affichent une identification inclusive (Beck, 1998). Au cours des entretiens, un double processus (6) est apparu dans la construction de «cette tierce culture» née de la confrontation de deux mondes.

D’abord la déconstruction de l’attachement culturel des parents car, en effet, pour ces jeunes, l’Italie est bien lointaine et les prescriptions de toutes sortes, matrimoniales par exemple, bien lourdes. De plus, leur discours omet de façon systématique le temps de l’immigration. Les réponses aux questions y faisant référence sont évasives comme si le phénomène migratoire faisait partie d’une sorte de passé occulté et constitué seulement d’événements négatifs à oublier: racisme, ostracisme, peur, etc. Pour ce groupe, l’histoire est récente et contrairement aux primo-arrivants qui bénéficiaient d’une identité donnée, héritée, pour les plus jeunes, l’identité devient une tâche personnelle, une sorte de projet de vie (Bauman, 2002).

Ensuite, le second axe de ce processus de construction culturelle relève de l’édification d’un nouveau cadre de références. Ce nouveau cadre se constitue comme un entre-deux où se réalise la rencontre des deux cultures en présence: italienne et québécoise. Ainsi, pour ce groupe, les contacts interculturels vécus conduisent à une mixité dégageant une identité non pas double ou constituée de deux pôles de référence juxtaposés comme celle des primo-arrivants, mais une identité métisse (Laplantine, Nouss, 1997), travaillée et considérée comme dynamique. Le cadre spatial de cette culture métisse est, pour eux et entre autres, le quartier italien car même s’il est le véhicule de l’image du ghetto, cette image est aujourd’hui positive vis-à-vis de l’extérieur: «les ghettos sont à la mode». La justification de cette mode apparaît dans les nombreux programmes de construction de condominiums dans le quartier, la hausse du coût du foncier, l’arrivée d’une population aisée non originaire d’Italie et bien sûr l’augmentation de la fréquentation des consommateurs. Cette sorte d’ethnicisation du quartier est dans «l’air culturel du temps» des sociétés occidentales en mal d’identité. Ainsi, la société Amarrages sans frontière propose des flâneries.

Le quartier et la culture qu’il représente constituent nouvellement, pour ce groupe, une force et ses membres insistent de façon unanime sur la nécessité d’accentuer le trait culturel, de grossir les signes ostentatoires, d’aller vers une «autochtonisation» du quartier même si la culture affichée, et à laquelle ils s’identifient, n’est ni italienne ni québécoise mais les deux à la fois. À ce titre, on notera la volonté de créer une sorte d’illusion sociospatiale où l’ensemble des signes de cette tierce culture serait cohérent, homogène, authentique et sans tensions. Nous assistons donc au bricolage d’une identité métisse «imposant à la classique opposition entre les nôtres et les leurs, entre être ici ou de là-bas, une autre forme, triadique, c’est-à-dire hautement processuelle: l’être d’ici, l’être de là-bas, l’être d’ici et de là-bas à la fois» (Missaoui, 1995).

Le meilleur exemple est, pour eux, la Semaine italienne de Montréal (7) où les créateurs de mode sont italo-canadiens, les groupes de musiques sont italo-canadiens, les commerçants sont italo-canadiens… Les signes proposés semblent avoir subi une recontextualisation révélant une culture italienne revisitée, positive et méliorative, constituant les fondements d’une nouvelle culture «hybride» pour les uns, «métisse» (8) pour les autres, incluant à la fois l’ici et l’ailleurs, mais un nouvel ici se fondant sur un ailleurs autochtone, incluant aussi un présent vécu et un futur culturel imaginés dynamiques et porteurs dont est exclu le phénomène fondateur de la communauté, la période de la migration. Cette semaine est, en effet, présentée par son président Nino Colavecchio comme un témoignage «de la richesse de la culture et du mode de vie des Italo-Québécois». Cet événement se fonde aussi sur le caractère pluriel des commanditaires (associations, entreprises et aussi acteurs publics comme le gouvernement du Québec, la ville de Montréal, le Consulat d’Italie et Hydro-Québec). Cette pluralité des intervenants montre tout l’intérêt institutionnel que suscite l’événement (9).

Pour conclure, nous nous référerons à deux auteurs romanesques. Les deux citations mises en regard montrent toute la complexité d’approcher les phénomènes migratoires et les représentations qui leur sont liées aussi bien dans la littérature et le sens commun que dans le débat scientifique. Faut-il comme le recommande Michel Marié comprendre la mobilité comme la première expérience de sédentarité et non plus l’inverse? Cette recommandation suffit-elle, dans ces temps et espaces complexes, à sourire de la mise en garde de G. Perec: «il y a longtemps qu’on aurait dû prendre l’habitude de se déplacer librement sans que cela nous coûte. Mais on ne l’a pas fait: on est resté là où on était; les choses sont restées comme elles étaient. On ne s’est pas demandé, pourquoi c’était là et pas ailleurs, pourquoi c’était comme cela et pas autrement. Ensuite, bien évidement, il a été trop tard, les plis étaient pris. On s’est mis à se croire bien là où l’on était. Après tout, on y était aussi bien qu’en face» (Perec, 1974, p. 97). Et pour ceux qui ont quitté l’Italie, qui sont partis «en face», vers ce lointain Québec, comment définir aujourd’hui leur culture et proposer une réponse à la question de sa durabilité au regard des anciennes appartenances de ceux «qui ne partent pas»: «ni tout à fait italienne, ni tout à fait québécoise, ma culture est hybride. […] Aucune culture ne peut totalement absorber une autre ni éviter d’être transformée au contact de celle-ci. La culture immigrée est une culture de transition qui, à défaut de pouvoir survivre en tant que telle, pourra dans un échange harmonieux, féconder la culture québécoise et ainsi s’y perpétuer» (Micone, 1998, p. 100; Cubbedu S., 2004).

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Sites consultés

Notes

1. voir le site

2. Cet imaginaire de la coupure (entre les deux communautés primo-migrantes) et du cosmopolitisme (présence de populations diverses) est repérable et mis en scène dans la littérature (Roy, 1992 ou Morderai, 2002) et agit comme un stimulus sur les représentations de la ville (Lahire, 1998; Le Bel, 2006).

3. Colloque international «Les Petites Italies dans le monde», 8-10 septembre 2005, et un numéro spécial de Modern Italy, février 2006, vol. 11, n° 1 consacré exclusivement au sujet.

4. Quartier jouant ensuite un rôle de moteur d’intégration notamment par le biais des pensions de familles.

5. Cette période correspond à une mission de recherche effectuée Québec.

6. Ce double processus a été mis en évidence, entre autres, par J. Kaufmann (2004) et N. Aubert (2004).

7. Il est nécessaire de préciser que la Semaine italienne fut, en 2005, itinérante puisqu’un certain nombre de manifestations ont eu lieu dans les arrondissements de Saint-Léonard et de Lasalle.

8. Ces termes ont été employés lors des entretiens.

9. Une analyse de ces partenariats institutionnels serait riche d'enseignements.