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Atlas du Liban – Territoires et société

Travail considérable issu de plusieurs années de coopération entre chercheurs libanais et français, l’Atlas du Liban paru fin d’année 2007 est un ouvrage de synthèse: plus de 250 cartes et graphiques proposent un bilan économique, démographique et géopolitique complet du pays.

Il est organisé en sept chapitres. Les auteurs, dans un premier temps, s’attachent à replacer le Liban dans le contexte international et en particulier moyen-oriental, et notamment à définir l’Etat libanais, non pas en termes historiques mais bien essentiellement géopolitiques et démographiques (dans le second chapitre). A ce titre, les cartes sur la «diaspora» libanaise sont particulièrement intéressantes. (chapitres 2 et 3).

Le chapitre suivant est consacré aux «mutations territoriales», s’attachant bien évidemment à la guerre des trente dernières années, mais pas seulement. Les auteurs présentent dans de nombreuses cartes les transformations, engendrées ou non par la guerre, et notamment les formes d’urbanisation, les mutations agricoles ou même les problèmes de pollution littorale.

Enfin, les chapitres 5, 6 et 7 sont consacrés aux structures socio-économiques du pays, notamment dans le cadre de la reconstruction. Il s’agit donc bien (comme le sous-titre de l’ouvrage le précise) d’un atlas social et économique du Liban, les aspects paysagers et naturels étant réduits à quelques pages (pp. 110 à 116), à quelques photos.

Ce qui est particulièrement intéressant à relever dans ce travail, c’est le poids («naturel» !) de la guerre, et ce, à deux niveaux:

- Sur le fond (évolution économique, structures urbaines et même environnement…) il semble évident que le pays s’est redessiné sous la pression de trente années de guerre, plus ou moins ouverte, plus ou moins destructrice. Le Liban apparaît clairement dans cet ouvrage comme un pays qui s’est construit (et se construit toujours) non seulement en fonction de sa position géographique à l’interface orient/occident, mais surtout en cristallisant les tensions régionales. Si tous les pays (ou presque) ont connu des périodes de guerre au cours du XXe siècle, leur développement, leur identité se sont bâtis aussi durant de longues périodes de paix. Parallèlement, certaines régions du monde soumises à conflits permanents n’ont jamais laisser émerger de structure étatique. À ma connaissance, le Liban est le seul pays qui ait réussi à «gérer» conjointement guerre quasi-permanente et développement, au sein d’une véritable identité régionale. De ce point de vue, l’Atlas du Liban de l’IPFO est particulièrement remarquable.

- Au niveau du traitement de l’information, ici encore cet ouvrage pose un certain nombre de questions (et y répond) sur la manière «de faire des cartes dans un pays où l’état de guerre permanent rend l’accès à une information fiable et récente quasiment impossible». C’est une problématique à laquelle nous (dans les pays développés en paix) ne sommes jamais confrontés: l’inaccessible accès à la donnée géographique de base. Dans le cas du Liban, non seulement la création de données primaires (enquêtes sur le terrain…) est aléatoire, mais l’obtention de données secondaires fiables (statistiques officielles, données administratives…) est pratiquement impossible. Une question simple est posée dans l’ouvrage; elle peut paraître simpliste et ne l’est absolument pas: Combien y’a-t-il d’habitants au Liban ?

Dans ces conditions, faire un atlas actuel sur le Liban,  de plus de 160 cartes (pas toujours actualisées il est vrai; certaines données remontant au début des années 90) est un réel défi auquel les auteurs ont en grande partie répondu, avec honnêteté et professionnalisme.

Franck VIDAL

 

VERDEIL E., FAOUR G.et VELUT S.(2008). Atlas du Liban – Territoires et société – IFPO / CNRS (Collection CCO, vol 13). 208 pages, 67 cartes – 86 graphiques – 19 photos. ISBN: 978-2-35159-053-9 – 30 euros