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Manifestation de femmes de militaires à Brasilia

Quarante ans presque jour pour jour après le coup d'État qui instaura un régime autoritaire qui dura vingt ans (nuit du 31 mars au 1er avril 1964), une manifestation de femmes de militaires, le dimanche 4 avril, a montré à quel point la place des forces armées brésiliennes a changé.

Le moment et le lieu ont été soigneusement choisi: à l'occasion de la cérémonie mensuelle de changement du drapeau, sur la Place des Trois Pouvoirs, entre le palais présidentiel, le Congrès et la Cour Suprême. Rassemblées sur une tribune, en vêtements de deuil, des femmes de soldats, de sous-officiers et d'officiers ont déployé des banderoles portant des slogans naguére inimaginables: «la discipline ne remplit pas le ventre», «nous ne mourrons pas le fusil à la main», «être militaire c'est vivre trompé».

D'autres donnaient des précisions: «une recrue payée 153 Reais, c'est une honte» (43 Euros), «un soldat de la Police Militaire, 1 880 R$, un soldat des Forces Armées, 480 R$» (soit 550 Euros pour l'équivalent de la gendarmerie et 137 Euros pour les militaires). La demande est donc nette: le doublement des salaires, bloqués depuis 10 ans, et le rétablissement du statut de «garnison spéciale» (comme en Amazonie) pour Brasília, où le coût de la vie est élevé. Décidément le Brésil a changé: le Parti des Travailleurs est au pouvoir, et les militaires font de l'action syndicale…

Hervé THÉRY