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Atlas des îles de l’Atlantique

Le Service de l’observation des statistiques du Commissariat Général au Développement Durable a mis en ligne, en version téléchargeable, un Atlas des îles de l’Atlantique d’une cinquantaine de pages présentant 16 îles habitées de la façade atlantique.

Ce document est à prendre plutôt comme un recueil de données statistiques sous forme de graphiques, agrémenté de cartes topographiques de base (ou d’images satellitales) et de cartes des espaces protégés, que comme un vrai atlas de synthèse portant regard sur les notions d’insularité ou sur les perspectives de développement des îles françaises.

Il est présenté en deux parties: une analyse générale d’une dizaine de pages, suivi par la présentation cartographique et statistique de 16 îles, du nord au sud, sur deux pages chacune.

S’agissant essentiellement d’une analyse statistique, parue en juin 2009, on peut immédiatement s’étonner que les données les plus récentes utilisées dans le cadre de l’étude datent de 1999 (population INSEE) mises à part les quelques images CORINE Land Cover de 2006 (peu exploitées) (1) et les données sur l’emploi de 2005. Dix années entre la donnée statistique de base et la publication du rapport dans le cadre du développement durable, n’est-ce pas un peu long?

De même l’approche est essentiellement statistique. Pas de référence à l’histoire de l’occupation de ces îles (2), pourtant très importante dans leur émergence ou leur «oubli», et surtout très peu de simple analyse géographique de base. Mettre sur un même plan l’île au Moines, à deux minutes du continent et Ouessant, perdue en mer, n’est-ce pas oublier simplement la caractéristique première du développement d’une île: sa proximité au continent! Il eut été intéressant, par exemple, de disposer des fréquences de liaison île/continent. Le problème est abordé uniquement dans le cas des îles désormais reliées par pont (Ré, Oléron et Noirmoutier).

L’analyse diachronique est traitée à partir de 1968 uniquement sur l’évolution de la population et sur la part des résidences secondaires; l’environnement seulement analysé statistiquement (3) (ce qui est un peu surprenant s’agissant du commanditaire!).

Mais le plus frustrant dans cet ouvrage est le manque de prospective: aucune analyse sur le devenir de ces espaces particulièrement fragiles et soumis à une pression touristique de plus en plus grande. Sans doute n’était-ce pas l’objectif premier de ce travail, comprenant pourtant une grande quantité de données qui auraient mérité une exploitation beaucoup plus poussée, notamment dans une perspective de développement durable: les îles sont des microcosmes parfois très isolés (même au XXIe siècle au large de Brest!) où la notion d’empreinte écologique prend toute sa valeur.

Ce travail (obligatoirement trop synthétique, la collection s’appelant «Références») mériterait une vraie approche géographique de fond. Un proverbe lorientais résume assez bien l’enjeu passé et futur de certaines de ces îles de l’Atlantique: «Qui voit Groix, voit sa croix!»…

Franck Vidal

COLAS S. (2009). Atlas des îles de l’Atlantique. Paris-La Défense: Commissariat Général au Développement Durable, coll. «Références». 50 p. ISBN: 978-2-911089-91-6. (ISSN en cours) (télécharger la version Pdf).

Notes

1. La date des données sur les espaces protégés provenant du Muséum national d’histoire naturelle n’est pas précisée.

2. Quelques trop courtes lignes p. 6 à propos de Groix

3. Quelques informations générales en p.10 dans la synthèse.