N°99

Sismocom: application mobile pour témoigner et être informé
sur les séismes

Le Bureau central sismologique français (BCSF, [1]), attaché à l’Université de Strasbourg et système d’observation labellisé de l’Institut national des sciences de l’univers du CNRS (INSU-CNRS), vient de créer SismoCom, la première application mobile (Iphone, Androïd) dédiée aux témoignages sur les effets des séismes.

Le Bureau central sismologique français à la mission de collecter et de diffuser l’ensemble des informations sur la sismicité française (Grünthal, Levret, 2001). Il est aussi l’instance chargée du rapport scientifique sur lequel s’appuie la cellule Interministérielle pour le classement des communes en catastrophes naturelles pour les séismes. Le BCSF intervient rapidement pour tout séisme dont la magnitude dépasse 3,5 en France (en et hors métropole), pilote la collecte des données macrosismiques sur le terrain et assure directement leur interprétation en termes d’intensités macrosismiques. Ces enquêtes sont réalisées à l’échelle communale ou à l’adresse individuelle via le site Internet franceseisme, opérationnel 24h/24.

En charge de la collecte des données sismologiques pour la France, le Bureau central sismologique français utilise les témoignages des particuliers et des collectivités pour estimer rapidement l’intensité d’une secousse sismique sur l’échelle européenne macrosismique (EMS-98) (Cara et al., 2007), de 12 degrés allant de «non ressenti» à «catastrophe généralisée».

Données macrosismiques décrivant les effets des séismes en vu de l’évaluation
de la sévérité du  mouvement du sol

Les données macrosismiques collectées par le Bureau central sismologique français à l’échelle de la commune (approche statistique), par l’intermédiaire des mairies, gendarmeries et casernes de sapeurs-pompiers permettent d’évaluer la sévérité du mouvement du sol en se basant sur des indicateurs que sont les effets sur les personnes, sur les objets et sur les constructions. Les intensités sont évaluées en considérant cinq niveaux de dommages selon la vulnérabilité des constructions.  Cet aspect est toujours utilisé pour les évaluations de risque sismique en reliant le mouvement du sol au niveau de dommages.

L’intérêt scientifique pour ces données est lié à plusieurs facteurs

Les témoignages des particuliers

Depuis environ 10 ans, une donnée plus locale est de plus en plus souvent collectée, la donnée individuelle. Cette donnée macrosismique est obtenue par l’intermédiaire d’un formulaire Internet (accessible sur le site de franceseisme) complété par les particuliers et correspond aux effets à un endroit donné — localisation à l’adresse, y compris l’étage du témoin). Ce type de données et sa collecte se sont fortement développés avec les outils de communication modernes comme Internet. Le Bureau central sismologique français a développé cette approche depuis 10 ans et se situe actuellement parmi les plus actifs en Europe avec notamment l’Italie, la Belgique et l’Angleterre et proche des démarches de l’USGS (U.S. Geological Survey).

Cette donnée est le plus souvent utilisée pour déterminer une intensité à l’échelle de la commune. Cependant, cette donnée a une potentialité scientifique bien supérieure. Contrairement à la donnée communale qui caractérise une intensité représentant une grande surface, la donnée individuelle est caractéristique d’un point d’observation.  Elle peut donc être comparée à des mesures instrumentales qui sont par nature ponctuelles et mettre en évidence des variations locales de la sévérité de la secousse. Cette donnée peut être obtenue en grand nombre après un séisme (plusieurs milliers dans le cas du séisme de Rambervillers 2003) (Cara et al., 2007) avec une densité forte dans certaines communes (environ une centaine pour des villes moyennes). C’est actuellement la quasi seule donnée en France associée à des mouvements potentiellement forts et suffisamment denses pour permettre d’étudier la variabilité du mouvement du sol en complément des quelques données instrumentales disponibles.  Cette donnée macrosismique individuelle devient utile pour les études d’aléa sismique et peut mettre en évidence des effets de site.

Application SismoCom sur Iphone. Crédit photos BCSF (UdS/CNRS)
Accès aux témoignages des autres internautes, à la liste des séismes enregistrés, et à l’interface pour témoignagner. Page de définition des dates et heures des effets ressentis Choix d’un niveau de secousse par imagettes

Dans l’objectif de densifier les témoignages sur les effets sismiques, le Bureau central sismologique français a choisi de diversifier ses plateformes de témoignages. Disponible gratuitement sur système IOS (système Apple mobile), l’application SismoCom du BCSF sera élaborée également pour les autres ordinateurs mobiles du marché (Système Androïd et Blackberry…).

S’il faut 3 à 4 minutes pour remplir le questionnaire Internet en ligne, il suffit de 15 à 30 secondes par SismoCom pour signaler au Bureau central sismologique français des effets sismiques ressentis et joindre une photographie et des commentaires.

Les premiers témoignages après une secousse ressentie parviennent dans les premières minutes après un séisme ressenti, avant même que les sismologues aient pu déterminer la localisation précise et la magnitude du tremblement de terre (20 minutes environ). Cette nouvelle application SismoCom permettra donc de donner une information encore plus rapide à l’ensemble des scientifiques, mais également aux autorités et au grand public.

Application SismoCom sur Iphone. Crédit photos BCSF (UdS/CNRS)
Carte de localisation des témoignages. Caractéristiques et carte des séismes enregistrés par le CSEM

Basée sur une interface unique et simplifiée n’existant actuellement pas sur le marché, SismoCom permettra à l’utilisateur de connaître les niveaux de secousse rapportés par l’ensemble de la communauté des internautes.

SismoCom liste également l’ensemble des séismes détectés par les réseaux de surveillance sismique nationaux et européens en alerte rapide. Elle détermine le séisme ayant vraisemblablement généré les effets ressentis par l’utilisateur.

Elle donne accès aux alertes sur les tsunamis (Centre d’alerte d’Hawaï) et aussi à des informations de prévention sur le risque sismique, par les actions à faire et le comportement à privilégier avant, pendant ou après un séisme.

Bibliographie:

GRÜNTHAL G., LEVRET A. (2001). Conseil de l’Europe. Cahiers du Centre Européen de Géodynamique et de Séismologie - L’Échelle Macrosismique Européenne (European Macroseismic Scale 1998). (Consulter ici)

CARA M., SCHLUPP A., SIRA C. (2007). Observations sismologiques: sismicité de la France en 2003, 2004, 2005. Bureau central sismologique français, ULP/EOST – CNRS/INSU, Strasbourg 199 p. (Télécharger ici)

CARA M., et al. (2003). Note préliminaire. Séisme de Rambervillers (dép.88) du 22 février 2003, 111 p. (Télécharger ici)

BCSF: Unité mixte de service (UMS 830). Université de Strasbourg / CNRS (INSU). École et observatoire des sciences de la terre (EOST). Directeur: Michel Granet. Contact: bcsf@unistra.fr