Encadré 2. Cohérence géographique des regroupements versuscohérence scientifique, un exemple américain tiré du corpus

Le National Cancer Institute (NCI) travaille beaucoup avec le National Institute of Aging (NIA) sur le lien entre transcription et réparation de l’ADN. Ces deux institutions partagent une proximité organisationnelle puisqu’elles sont chacune rattachées au National Institute of Health (NIH). Au début des années 1990, elles sont toutes deux situées à Bethesda (dans la banlieue de Washington) si bien que, quel que soit leur degré de collaboration, elles appartiennent à la même entité géographique (l’agglomération de Washington). Au milieu des années 1990, le NIA déménage à Baltimore ce qui se traduit par la mise en place de collaborations régulières entre Baltimore et Bethesda. Un système de cours par vidéoconférence est lancé à cette occasion qui ne tardera pas à être rendu accessible aux autres centres NIH du territoire américain puis mis en ligne pour un accès généralisé à tous (Kraemer, Bohr, 2005). Ce déménagement suffit-il à justifier le regroupement de Baltimore et Washington dans une

même entité? Si le NIA avait déménagé à l’autre bout des États-Unis, l’intensité de la collaboration n’aurait pas forcément été différente puisque les deux centres bénéficient d’une forte complicité scientifique et de moyens technologiques facilitant leurs échanges.

Si la problématique était celle de la structuration scientifique de la question de recherche (sans considération pour son organisation spatiale), il aurait pu être pertinent de regrouper ensemble tous les centres du NIH dans une même entité (quelle que soit leur localisation). Cela aurait permis de situer le NIH par rapport aux autres organisations scientifiques travaillant sur ce sujet de recherche; mais n’aurait pas eu de sens dans le cadre d’une étude comme celle-ci qui prend la localisation géographique des activités scientifiques comme variable pour analyser leur organisation.