N°110

Vivre dans le Grand Nouméa

Un événement dans l’édition cartographique: l’Atlas de la Nouvelle-Calédonie vient de paraître. Riche de 60 planches sur près de 300 pages, remarquablement illustré et édité, il couvre tous les aspects du territoire et a été publié avec le soutien de ses différentes communautés et institutions. Il est l’œuvre de nombreux collaborateurs, sous la direction scientifique des géographes Jacques Bonvallot et Jean-Christophe Gay. M@ppemonde a demandé à ce dernier, que nos lecteurs connaissent bien, d'en présenter ici une image choisie. Ce n’est que l’une des multiples facettes d’un ouvrage à la fois érudit et accessible, qui mérite une large diffusion et une étude approfondie.

Roger Brunet

Choisi par le colonisateur, au milieu du XIXe siècle, pour ses qualités maritimes et défensives, le site de Nouméa (97 579 habitants en 2009) a imposé de nombreuses contraintes à l’urbanisation, tels le manque d’eau douce ou les nombreux marais à mangrove qu’il fallut remblayer. Cette presqu’île à la topographie accidentée occasionne aujourd’hui des problèmes de circulation et contribue aux disparités sociales, par la valorisation des plages ou des crêtes et la dévalorisation de certains vallons. L’opposition entre la ville océanienne au nord et la ville européenne au sud est fondamentale pour comprendre Nouméa. Les quartiers résidentiels aisés sont le long des plages très prisées de la baie des Citrons et de l’anse Vata. S’y regroupent casinos, boîtes de nuits, hôtels et restaurants à la mode. Ces lieux touristiques et de loisirs sont très appréciés des habitants de l’agglomération. Dominant en matière d’emplois et de commerces, le centre-ville continue de polariser les flux en journée, mais l’animation glisse vers le sud le soir ou le week-end venus. Au nord du centre-ville, les quartiers sont majoritairement peuplés d’Océaniens (Kanak, Wallisiens et Futuniens) aux revenus modestes. C’est là que se rassemblent également les principales zones d’habitat spontané et précaire appelées «squats». L’usine pyrométallurgique de Doniambo et ses 1 400 emplois, constitue un pôle d’activité majeur, mais aussi une source de nuisances par la pollution de l’air générée. L’agglomération s’étend aujourd’hui au-delà des limites de Nouméa, affectant Dumbéa, le Mont-Dore et Païta, devenues des communes-dortoirs, les emplois restant centrés sur Nouméa. Les migrations pendulaires scandent donc le quotidien du Grand Nouméa (163 723 habitants en 2009) et il est désormais impossible d’échapper aux embouteillages aux heures de pointe.

Jean-Christophe Gay

Référence de l’ouvrage

BONVALLOT J., GAY J.-Ch., HABERT E. dir (2012). Atlas de la Nouvelle-Calédonie. Marseille: IRN; Nouméa: Congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 p. ISBN: 978-2-7099-1740-7