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SIG et citoyenneté

Le nouvel ouvrage de chez Hermès sur les systèmes d’information géographique (SIG) prend place dans l’ambitieuse collection du «traité IGAT» (Information géographique et aménagement du territoire), «traité» ayant ici un sens indéfini. Il s’agit d’un recueil d’articles autour d’un thème qui n’est pas très évident d’après le titre, mais n’en est pas moins intéressant pour autant : la place des SIG dans la pratique des collectivités locales et dans l’éventuelle participation des citoyens aux projets d’aménagement. Les articles abordent l’histoire de l’utilisation des SIG, leur relation avec les «métiers du territoire» et les technologies de l’information, les usages sociaux des SIG et leur insertion dans le travail des services d’études et des collectivités locales, voire la consultation des citoyens.

Les auteurs sont majoritairement canadiens. C’est bien présenté, très découpé, souvent clair et instructif, riche en références.  L’ouvrage comporte un index des thèmes, mais malheureusement pas un glossaire des innombrables sigles dont il est fait abus. Cependant la tonalité d’ensemble est de réflexion générale, parfois de glose, voire de bavardage, plus que d’analyse de situations concrètes. On pourra regretter que l’état des données sur le territoire et de leur accessibilité dans un pays comme la France ne soit pas mieux analysé et critiqué, et que les aperçus sur les phénomènes de diffusion soient trop courts. Mais on pourra rêver aux perspectives qu’ouvrirait à l’analyse des flux et des stocks le marquage de chaque véhicule ou de chaque paquet transporté, qui permettrait de le suivre par satellite…

Dans ces ambitions panoptiques et un peu naïves, comme dans les articles sur la relation avec les citoyens, on sent bien la tentation irrésistible de techniciens glissant vers la technocratie : discours et schémas à teinture ésotérique sur la «participation» semblent être placés là comme rituels d’autolégitimation visant à justifier une forme d’autorité, plus que comme vœu sincère d’ouverture démocratique. En ce sens, on peut souhaiter qu’un nombre significatif de citoyens lambda, ou au moins de militants d’associations, prennent le temps de déchiffrer un tel ouvrage pour évaluer ce qui les attend quand les collectivités locales se lancent à fond dans l’investissement SIG.

De quoi regarder avec une sympathie amusée les revendications des Indiens d’Amazonie, et d’autres, sur l’appropriation des cartographies de leur territoire, telles que Mappemonde a pu les relater (1).

Roger Brunet


ROCHE S. et CARON C. dir., (2004). Aspects organisationnels des SIG. Paris: Hermès Lavoisier, 313 p., ISBN: 2-7462-0961-6.