N°114

Global Forest Watch

Société et économie mondiales sont fortement liées aux forêts. Les problématiques du changement climatique, incluent souvent dans leurs analyses, les thématiques des écosystèmes forestiers qui influencent directement la stabilisation du climat, soutiennent la biodiversité de la planète et nourrissent une part non négligeable de la population mondiale: «Plus de 1 milliard de personnes dépendent des forêts pour leurs moyens de subsistance» (GWF, 2014 ; Nations Unies, 2011).

Le nouveau site Global Forest Watch (http:/www.globalforestwatch.org) propose aux internautes de découvrir «ce qui se passe dans les forêts en ce moment !» en s’appuyant sur une série variée de représentations des données forestières. Technologie satellite, open data et réseaux scientifiques sur la forêt sont mobilisés pour surveiller et mettre à jour, en temps réel, les savoirs sur la forêt. L’objectif du site est clair: contribuer à une meilleure gestion des forêts mondiales et mettre fin à la déforestation (figure 1).

1. Page d'accueil

Lancé en février 2014, le site Global Forest Watch est une plate-forme open source conçue et construite par Vizzuality, en partenariat avec le World Resources Institute (WRI, un «think tank» américain). Une dizaine de partenaires publics et privés, dont Google, l’Université du Maryland, l’UNEP, ESRI, l’Observatoire Satellital des Forêts d'Afrique Centrale, le Centre pour le développement global ou encore le Jane Goodall Institute et CartoDB fournissent données, capacités techniques, financement et expertise scientifique sur les forêts dans le monde. Les données open source sont hébergées sur CartoDB, Google Fusion Tables et Google Earth Engine. Les cartes sont produites par CartoDB. Le site permet ainsi de visualiser l’état de la forêt, à plusieurs dates, en signalant pertes et gains de surfaces forestières, permettant un suivi en ligne dynamique de la forêt et en garantissant l’accès à une information affichée comme «fiable et objective».

2. Évolution du couvert forestier: pertes et gains

Dans la rubrique «guide d’utilisation», le projet est justifié et contextualisé: «Malgré les efforts récents visant à lutter contre la déforestation nuisible dans certaines régions, les écosystèmes forestiers sont toujours menacés. Selon les recherches du WRI, 30% du couvert forestier mondial potentiel a été effacé, tandis que 20% supplémentaires ont été dégradés. La plupart des forêts restantes ont été fragmentées, ne laissant qu'environ 15% de la forêt originale intacte» (GFW, 2014). Un équilibre entre la demande pour les ressources naturelles et la nécessité de préserver les écosystèmes vitaux est à trouver. Les études qui vont dans ce sens nécessitent des données fiables pour aider les gestionnaires de ressources à prendre de bonnes décisions. L’objectif de ces cartographies s’inscrit ainsi dans la volonté d’atteindre une «meilleure gestion des forêts et d’améliorer les moyens de subsistance des populations locales» (conservation, gestion, observation de la chaîne d’approvisionnement, sensibilisation communautaire, etc.). Ce site vise également à améliorer la disponibilité, la qualité et l’accessibilité des données forestières. Il est destiné à un large public: les gouvernements, pour cibler les forêts où les lois (de protection ou d’exploitation) en vigueur doivent être appliquées; les entreprises qui peuvent surveiller les chaînes d’approvisionnement depuis les forêts; les ONG pour cibler les impacts néfastes de la déforestation sur les populations; les populations qui peuvent suivre l’état des forêts sur leurs territoires et les dangers sur les forêts voisines; ou encore les médias et les chercheurs qui analysent les tendances d’évolution des forêts à l’échelle locale ou mondiale afin de mieux en comprendre les causes. Enfin ce site s’adresse aux citoyens qui veulent en savoir plus sur l'état global des forêts (figure 2).

3. Pertes de la couverture forestière 4. Gain de couverture forestière et stock de carbone

Six séries de données sont cartographiées (figures 3, 4 et 5). Elles concernent différentes thématiques sur le couvert forestier, l’évolution des surfaces, l’utilisation et la conservation des forêts, mais aussi l’affichage des zones sur lesquelles les peuples autochtones ou les communautés locales bénéficient d’un droit limité d'accès à la terre et aux ressources foncières.

5. Gains de la couverture forestière

Enfin, une rubrique supplémentaire passionnante permet d’afficher les lieux où les internautes, utilisateurs de GWF, ont relaté des histoires liées à la forêt. Ces histoires sont très précisément inscrites spatialement et peuvent inclure des photos, des vidéos ou du texte explicatif. Un menu général permet d’accéder aux cartes mondiales, aux analyses (données, graphiques et alertes) par pays et à l’ensemble des données mobilisées grâce aux liens hypertextes qui dirigent l’utilisateur vers les fournisseurs des données visées (figure 6). La plupart des données sont issues du domaine public et ont été élaborées par les gouvernements, les ONG, les institutions de recherche ou des entreprises. Certaines données sont produites directement par le WRI et ses partenaires, telles que FORMA alerte, l'information sur les paysages forestiers intacts et des données sur l'utilisation des forêts. On constate tout de même qu’elles sont dans des formats différents et varient dans leur précision, la fraîcheur et l'étendue géographique. Au total, un ensemble de données mesurent plusieurs paramètres calculés selon diverses méthodologies. Ces disparités peuvent conduire à des résultats contradictoires, mais des explications précises sont données quant aux méthodologies de calculs appliquées, il faut donc s’y référer de façon attentive pour ne pas aboutir à des conclusions erronées.

6. Pertes de couverture forestière et croisement avec des témoignages

Si les cartographies proposées ne sont pas toutes innovantes, le contenu du site est très riche et les données représentées sont récentes (de 2000 à 2013). Cartes et informations s’affichent en quinze langues différentes dont le français. Il est possible de faire des zooms et de visualiser sur l’écran un seul pays (Figure 7) ou se concentrer sur une zone précise (Figure 8).

7. Zoom sur le Brésil: l’accès aux données 8. Sélection de zones par l’utilisateur

Le fond de carte par défaut est un fond dérivé de Google Maps qui montre les limites politiques des pays et les grandes caractéristiques physiques.

Il est également possible d’afficher 5 autres fonds de carte: un fond qui détaille la topographie, deux fonds satellites constitués d’un mélange récent (1 à 3 ans) d’imageries satellite et aérienne (TerraMetrics TruEarth images) et d’images satellites Landsat (USGS / NASA de 1999 à 2012) et un fond présentant les points les plus élevés dans la canopée de la forêt (résolution spatiale de 1 km). Toutes les cartes sont projetées en «Google Mercator», avec les effets habituels sur les hautes latitudes. Après un temps de chargement, l’affichage est rapide et les déplacements aussi. Mais on peut noter quelques soucis lors de la navigation, dont certains particulièrement gênants. Ainsi, la barre située au bas de l’écran, permettant une animation chronologique, disparaît de manière aléatoire; les différentes dates s’affichent et disparaissent très rapidement, tant si bien qu’on ne sait plus, en avançant dans le temps, à quelle date se référer (testé avec Safari et Firefox version Mac). De nombreuses mises à jour de cette version «beta» sont programmées pour l’année à venir, espérons qu’elles permettront de réparer ces bugs.

Conclusion

Le site GWF reste un site attractif et plein de ressources pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux problèmes liés aux forêts en particulier et à l’environnement en général. Le site vous invite également à «promouvoir la gestion durable des forêts et améliorer la transparence de la forêt en contribuant à GFW» à l’aide de plusieurs outils annexes: «soumettre une histoire» sur l’évolution des forêts, contribuer aux partages des données ou suggérer des améliorations techniques (le code source est ouvert) et scientifiques (validation des données, classement des images satellites ou participation aux échanges sur les données forestières) à l’aide de l’enquête auprès des utilisateurs lancée sur le site.

Au sein du Social and Spatial Inequalities Group [http://www.sasi.group.shef.ac.uk/index.html] du département de géographie de l'université de Sheffield ou de l'École de géographie et d'environnement de l'université d'Oxford.
La délimitation de l'Europe utilisée par l'atlas est indiquée dans l'introduction de la version papier: «tous les pays ayant démontré une forte motivation pour un futur européen commun, par leurs relations avec l'Union européenne», selon diverses modalités.
Présentés sur son site Internet: http://www.viewsoftheworld.net/?p=1925
Un algorithme informatique fruit des travaux de deux physiciens, M.T. Gastner et M.E.J. Newman en 2004, nommé «équilibrage de densité»: http://arxiv.org/abs/physics/0401102/
Un laboratoire de la Nasa: http://sedac.ciesin.columbia.edu/data/collection/gpw-v3
Cf. la page de son site présentant la méthode: http://www.viewsoftheworld.net/?p=832