N°115

Un beau livre sur l'Australie

L’Australie est le pays invité du Festival international de la géographie de Saint-Dié cette année 2015 et il ne faut pas passer à côté du remarquable ouvrage de Michel Lextreyt, géographe et ancien IPR-IA d’histoire-géographie de la région Pacifique, aidé de Michel Bernard et Yves Jacquier. Il nous propose, après Nouvelle-Zélande. Aotearoa, le pays au long nuage blanc (cf. le compte rendu de lecture dans Mappemonde, 2006, n°84), un autre beau livre au format généreux (246mm x 316mm) et à la présentation impeccable. Très richement illustré, les photographies de l’Australie d’aujourd’hui sont dues à Robert Aublin, inspecteur d’académie en résidence à Nouméa.

Le livre s’ouvre sur une dizaine de pages sur l’Australie avant l’arrivée des Européens, dans lesquelles sont abordées la vie quotidienne et la cosmogonie des Aborigènes. Le 22 août 1770, James Cook prend possession de l’Australie à Botany Bay: c’est le début de l’occupation européenne, qui s’ouvre avec la période du bagne et l’arrivée des premiers convicts en 1788. De nombreux encadrés animent la maquette et permettent de faire des gros plans sur des personnages, des événements, des processus, des polémiques, etc. Les soubresauts politiques, les phases d’expansion économique, l’exploration de l’intérieur du continent sont analysés avec pédagogie. Une pleine page est consacrée à Ned Kelly (1854 ou 1855-1880), véritable Robin des bois australien. Les dérives racistes de cette société blanche, à l’origine de la paranoïa anti-Asiatiques et de la déchéance des Aborigènes ne sont pas oubliées. Ces derniers sont victimes du principe de la terra nullius, stipulant que toute terre en friche n’a pas d’occupant légitime. La montée du nationalisme australien, bien décrite, aboutit à la création du Commonwealth d’Australie en 1901. La Première Guerre mondiale marque un moment important dans la construction de l’identité australienne avec la création de l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps) et le sacrifice des troupes débarquées à Galipoli en avril 1915.

La suite de l’ouvrage est géographique. De nombreuses et magnifiques photographies, des graphiques, de multiples cartes thématiques ou chorématiques et des croquis de synthèse appuient un texte toujours aussi instructif. Les paysages sont traités avec soin et l’ouvrage invite au voyage. Successivement sont analysés, classiquement, les écosystèmes, la population et l’économie. Le livre se poursuit par une étude des six États fédérés, des deux Territoires et des terres lointaines (îles Norfolk, Cocos, Christmas, Heard...), qui ne laisse pas assez de place aux cinq principales villes du pays, concentrant plus de la moitié de la population totale, mais qui sont traitées en neuf pages seulement. L’intégration à l’espace mondial de la 13e puissance économique de la planète fait l’objet d’une analyse fouillée, abordant les aspects commerciaux, politiques et sportifs. L’ensemble se termine par des zooms sur le multiculturalisme, la question aborigène et l’excellence sportive de l’Australie, que l’auteur aurait pu mettre en regard avec l’obésité croissante de la population (deux Australiens sur trois sont en surpoids) ou l’alcoolisme. Une chronologie, une bibliographie, un glossaire et un index parachèvent l’ensemble et facilitent l’usage de ce livre. Félicitons une nouvelle fois Michel Lextreyt et l’éditeur tahitien «Au Vent des îles» pour leur travail exemplaire vendu à un prix raisonnable (49€).

Référence de l’ouvrage

LEXTREYT M. (2012). Australie, terre de défis. Pirae: Au vent des Îles, 316 p. ISBN: 978-2-9156-5499-8