Annexe 2: les estimations de la population résidente

Dans un pays qui n’effectue pas de recensement, l’étude de la population résidente est un exercice périlleux et prête le flanc à la critique en raison des hypothèses qu’il faut bâtir pour établir des estimations. Ces dernières années, deux enquêtes principales ont proposé des estimations pour la population libanaise (Naufal-Rizkallah, 2003). La première, réalisée par le ministère des Affaires sociales, portait sur près de 60000 ménages. Elle a évalué en 1996 la population résidente à 3,111 millions de personnes, dont 4% d’étrangers.

La seconde, menée par l’Administration centrale de la statistique (ACS), a utilisé un recensement des immeubles effectué en 1996-1997 comme base de sondage portant sur 200 00 ménages. Pour l’année 1997, la population résidente a été estimée à 4,005 millions de personnes dont 7,6% d’étrangers. L’écart important entre les deux estimations a semé le trouble chez les analystes.

En 1974, Courbage et Fargues retenaient comme hypothèse basse, associée à une baisse rapide de la fécondité qui semble avérée, une population de 3,998 millions de personnes pour 2000. Ce scénario ne tenait pas compte de l’émigration.

L’apparente concordance de l’estimation ACS avec ce chiffre bute sur le constat d’une émigration selon toute vraisemblance massive. Même si, là aussi, l’incertitude règne, entre une estimation basée sur les soldes des arrivées et départs de Libanais à l’aéroport de Beyrouth qui atteint, entre 1975 et 1998, le chiffre étonnant de 1,7 million de départs (Labaki, 1998) et, d’un autre côté, une estimation par des chercheurs de l’université Saint Joseph de 600 000 départs au cours de la période 1975-2001 (Kasparian, 2003).

C’est généralement l’étude de l’ACS qui est retenue comme source officielle, par exemple dans la récente étude du schéma directeur d’aménagement du territoire libanais (CDR, 2003).

En 2003, une étude sur «L’entrée des jeunes libanais dans la vie active et l’émigration», réalisée par une équipe de chercheurs de l’université Saint-Joseph (Kasparian, 2003), a donné une nouvelle estimation de la population libanaise résidente pour 2001, dans la lignée de celle de l’ACS, avec une population résidente libanaise de 3,935 millions de personnes. L’enquête de l’USJ a suivi les mêmes méthodes que celle de l’ACS et bénéficiait d’ailleurs de l’appui technique de l’ancien directeur des statistiques, aux compétences largement reconnues.