L'image du mois |
Nous proposons ici un exemple type de ce qui est visible depuis une autoroute: une photographie prise en situation et une cartographie du bassin de visibilité. Les calculs sont réalisés à un mètre de résolution à partir d’un MNT initialement à 25m (amélioré grâce à des observations sur le terrain et un fichier d’occupation du sol obtenu par l’analyse d’images aériennes). Lors d’une observation statique du paysage, à partir d’un point de vue par exemple, nous sommes influencés par ce que nous avons traversé au préalable: nous abordons l’espace en nous déplaçant. Aussi les voies de communications en étant parcourues génèrent des paysages visibles spécifiques qui nous influencent tous en terme de perception. Ces déplacements et leurs impacts sur notre vision du monde sont aujourd’hui étrangement peu pris en compte dans l’aménagement du territoire. Or, chacun peut l’observer, nos déplacements évoluent de manière considérable, que ce soit de manière quantitative (nous parcourons plus de kilomètres sur un réseau d’infrastructures de plus en plus dense) ou qualitative (complexité des horaires, mixité des moyens de transports, connexité, etc). Aussi la prise de conscience environnementale de ses dernières années devrait introduire de nouvelles manières de se déplacer. Les déplacements et donc les paysages visibles au cours de ceux-ci sont et seront donc sujets à des variations importantes. Dans ce contexte notre regard sur les espaces traversés est particulièrement bousculé et c’est toute notre perception spatiale qui s’en trouve affectée. Le conducteur évolue dans un corridor, son regard porte loin et sa lecture spatiale s’appuie essentiellement sur celle des panneaux. Il se trouve dans un espace très codifié à lecture exclusivement frontale. Ce constat a d’importantes conséquences sur la perception des paysages mais aussi en termes de lisibilité et de sécurité. En effet, coupé de son environnement latéral, le conducteur ne se concentre que sur l’univers routier et ne se sert plus du paysage en tant qu’indice lui permettant de se situer ou d’estimer sa vitesse de déplacement, il ne découvre plus la richesse des lieux ce qui aboutit inévitablement à une perception paysagère anormalement simplifiée et homogénéisée. Sébastien Nageleisen Référence de la thèse NAGELEISEN S. (2007). Paysages et déplacements, éléments pour une géographie paysagiste. Besançon: Université de France-Comté, thèse de géographie, 302 p. |