La nudité est-elle un sujet géographique?

C'est la question que l'on se pose à la lecture du nouvel ouvrage de la collection que dirige J.-F. Staszak et qui cherche à ouvrir la curiosité du côté de thèmes négligés par les géographes, ou devenus à la mode outre-Atlantique. Saluons donc un travail pionnier, et reconnaissons son mérite: autant par ce qu'il apporte que par les attentes et les interrogations qu'il suscite et l'envie qu'il donne d'en savoir plus, il amène à répondre positivement à la question initiale.

L'auteure insiste sur la dimension géographique en choisissant pour sous-titre «être nu quelque part». Elle donne des éléments de réponse, du moins par quelques précisions, deux ou trois cartes des camps nudistes et naturistes en France et un ou deux plans d'installations spécialisées. C'est néanmoins un peu court sur ce sujet même, d'abord parce que certains sites auraient pu être analysés plus à fond (Le Cap d'Agde par exemple), et que l'évocation du naturisme et du nudisme des pays froids (rivages de la Baltique et de la mer du Nord), ainsi d'ailleurs que de ses limites culturelles et légales en pays chauds, est bien trop sommaire. On aurait apprécié une analyse plus approfondie de l'«exclusion» sous l'angle du retranchement des lieux de nudité, voire de l'antimonde, de la fonction sociale de ces lieux et de la position sociale des amateurs.

L'auteure s'est en revanche efforcée de dresser un panorama historique et culturel très large de la nudité, tout en passant un peu vite sur les peuples «premiers» et les effets de la colonisation: on sent bien que c'est la nudité aujourd'hui et chez nous qui l'intéresse le plus; ce qui limite la portée géographique du propos, tout en suscitant la rêverie. Nombreuses photographies en noir et blanc, bibliographie, mais pas de table des illustrations ni d'index.

BARTHE-DELOIZY Francine, Géographie de la nudité. Paris: Bréal, 2003, 240 p., ISBN: 2-84291-975-0.