Lancé récemment à grand bruit (si bien qu'il est resté plusieurs jours inaccessible, tant ses visiteurs étaient nombreux), le site de l'IGN Géoportail met progressivement à la disposition du public, en libre accès, une couverture du territoire français (et, à terme, de l'Outre-Mer) en photographies aériennes.

Cette louable entreprise se veut une réponse aux offres cartographiques de Google (le logiciel Google Earth et le site Google Maps), qui permettent déjà à tout internaute de «survoler» tout point de la planète et de l'observer, avec une résolution d'image dépendant de celle des images qui y ont été chargées.

De fait l'initiative de l'IGN devrait permettre de mieux «voir» la France, mais malheureusement quelques points du territoire échapperont à ses utilisateurs, comme le montre l'exemple de la rade de Brest.

La rade de Brest vue par Géoportail	Carte à la même échelle

Les zones blanches de l'image correspondent à des installations militaires, fortifications, zones d'essais, arsenal de Brest, etc., et surtout à la base de sous-marins nucléaires français, l'île Longue, en face de Roscanvel.

On imagine que l'IGN a voulu, de sa propre initiative ou parce que ses autorités de tutelle le lui ont imposé, protéger ces installations sensibles de la curiosité, mais dans ce cas la réponse à Google Earth perd de sa force, car on y observe cette base sans problèmes, jusqu'à y voir, en zoomant un peu, un sous-marin nucléaire à quai.

	vue par Google Maps
	vue par Google Maps
	vue par Google Maps
La rade de Brest vue par Google Earth

Il en va de même pour le port de Toulon, lui aussi masqué sur la photo aérienne de Géoportail, alors que Google Earth permet de le voir en détails, y compris les navires qui y sont abrités

Le port de Toulon vu par Géoportail	Carte à la même échelle

	vu par Google Maps
	vu par Google Maps
Le port de Toulon vu par Google Earth

D'autres installations sont masquées en d'autres points du territoire, comme les aéroports militaires ou ceux qui sont partagés entre usage civil et militaire, comme à Nîmes ou à Lorient (dont l'arsenal est lui aussi occulté), ou encore les installations de La Hague. Le résultat est que les belles images de l'IGN sont constellées de taches aveugles, tout comme naguère il vendait des photos sur papier dont certaines zones avaient été soigneusement découpées avec des ciseaux…

On sait bien qu'avec les satellites militaires ce genre d'image et d'autres plus précises sont depuis longtemps à la disposition des états-majors étrangers. Si Google Earth permet aux internautes de voir toutes les zones sensibles du monde entier, à quoi bon poser ces rustines sur la carte de France?

Hervé Théry