Frontières est une exposition présentée au Muséum de Lyon du 3 octobre 2006 au 4 février 2007. Elle est partagée en huit thèmes (comme autant de «mondes de frontières» selon l’expression choisie par les commissaires):

• les frontières de l’Europe et la question de ses limites
• les enjeux de migration dans le monde — le cas européen
• les frontières restant fermées — la Corée du Nord
• les contentieux territoriaux: le Cachemire, région déchirée
• une frontière en devenir: Israël et la Palestine
• les enjeux économiques des frontières issus de la mondialisation — entre le Mexique et les États-Unis
• le monde des peuples errants — les Roms dispersés en Europe
• les frontières perméables et durcies — l'exil des réfugiés.

Réfléchir sur la frontière, qui est toujours séparation et contact, rupture et passage, n’est pas nouveau en géographie. L’originalité de l’exposition est qu’elle multiplie les perspectives en provoquant une rencontre, celle de géographes (Michel Foucher et Henri Dorion, commissaires scientifiques de l’exposition), d’un cartographe, de photographes de haut niveau, de diverses personnalités invitées à donner leur propre point de vue, de témoins confrontés à la réalité souvent complexe des frontières et des flux migratoires. Je pense notamment au Camerounais Kingsley sur le périple duquel le photographe Olivier Jobard a réalisé un reportage percutant, déjà exposé aux Rencontres photographiques d’Arles l’été 2006 et publié partiellement sur le site du Monde (1).

Une visite virtuelle et quelques extraits de l’exposition Frontières sont disponibles en ligne. Ce parcours offre un aperçu succinct des huit «mondes» définis. Il est accompagné d’extraits: textes courts (surtout de Michel Foucher), photographies, quelques commentaires audio et une courte vidéo. Les esquisses du cartographe Philippe Rekacewicz (Le Monde diplomatique) sont de trop petite taille pour être lues. Voici ce que celui-ci écrit pour expliquer son choix: «L’esquisse préfigure la carte, permet d’exprimer plus librement mais plus subjectivement le caractère incertain ou temporaire de ces lignes de partage et la diversité de leur statut: il y a aussi des ‘murs’ dans les têtes, des frontières culturelles, symboliques, que seuls les crayons de couleurs arrivent à formellement mettre en valeur.»

L’exposition virtuelle est, hélas, trop limitée pour être un outil de travail efficace. Reste que ce modeste parcours multimédia donne envie de se rendre à Lyon pour visiter l’exposition, ce qui est certainement le but recherché par ses concepteurs.

Pour plus de détails, on peut lire le livre collectif édité à l’occasion de l’exposition (2). J’ajoute qu’on trouve aussi des éléments utiles dans le «Dossier culturel» destiné aux enseignants, publié par le Service des publics du Muséum et téléchargeable en ligne.

Laurent Grison
17 décembre 2006

Notes

1. Cf. «Olivier Jobard: du Cameroun à l’Espagne, le parcours d’un immigrant hors-la-loi», 14 avril 2005.

2. FOUCHER Michel, DORION Henri, textes; SAUTEREAU Frédéric, JOBARD Olivier, photos (2006). Frontières: Images de vies entre les lignes. Lyon: Muséum, Glénat, Aedelsa, 160 p. ISBN: 2-7234-5874-1