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Érosion et gestion conservatoire de l’eau et de la fertilité des sols

Mesure du temps dans l'histoire de la Terre

C’est sous ce titre très appliqué que viennent d’être publiés les Actes des Journées scientifiques du Réseau Érosion de l’Agence universitaire de la Francophonie organisées  en octobre 2005 à Antananarivo. S’ils regroupent nombre de communications sur Madagascar, ils concernent aussi le Maroc, le Rwanda, le Burundi, le Cameroun et le Mali, ainsi que les îles des Comores et de la Réunion, enfin l’Équateur en Amérique andine.

Après une série de travaux d’essence plus générale et synthétique sur l’état présent de la lutte contre l’érosion dans le monde intertropical, les connaissances actuelles sur les processus de cette érosion sont exposées à partir d’exemples concrets localisés: on y observe le rôle du pâturage au Maroc, le développement des lavaka évidemment (où l’ancienneté souvent, et l’action du soutirage — suffosion — sont bien mises en avant avec parfois des noms d’auteurs cités dans le texte mais non repris en bibliographie) et l’appauvrissement chimique des sols; les mesures de perte en terre y atteignent quelque 2000 tonnes/km2/an. Les méthodes d’étude sont extrêmement variées, depuis la télédétection et l’utilisation des SIG jusqu’aux mesures de la charge sédimentaire et à l’emploi de traceurs radiocatifs; il s’agit de cerner les meilleurs indicateurs, de procéder à des mesures, puis de spatialiser par la cartographie, ce qui n’est pas le plus facile. Le terrain malgache offre l’essentiel des descriptions détaillées des techniques employées pour la gestion conservatoire de l’eau et de la fertilité des sols, notamment pour la conservation du carbone: on y note sans surprise l’importance du travail superficiel des sols, de la jachère ou du semis direct (à ce sujet, la faute d’orthographe, voire de compréhension, dans l'ouvrage, «semi-direct», est source de bien des questions sur une technique encore discutée).

La dernière partie de l’ouvrage porte sur le diagnostic de l’érosion: les mesures reposent sur le suivi de parcelles et des évaluations à plus petite échelle, celles de régions entières. À côté de ces approches parfois trop technocratiques, la récupération par les cultures paysannes des sédiments provenant du creusement de lavaka, ou la mise en place de murets de pierres sur les versants montrent l’importance de pratiques locales de conservation dont les techniciens feraient bien, souvent, de s’inspirer (cf. communications de N. Andriamampianina et de C. Blanc-Pamard et H. Rakoto Ramiarantsoa).

Le lecteur aurait souvent apprécié plus d'illustrations, surtout des cartes; mais, pour des raisons d’économie, l’ouvrage est publié en noir et blanc, ce qui nuit surtout aux apports cartographiques et à nombre d’images de télédétection. Il n’en demeure pas moins que ces Actes nous offrent une bonne mise au point sur l’érosion et la conservation des sols dans la zone intertropicale.

Pierre Usselmann


RATSIVALAKA S., SERPANTIÉ G., DE NONI G., ROOSE E., dir. (2006). Érosion et gestion conservatoire de l’eau et de la fertilité des sols. Paris: Éd. GB, coll. «Actualité scientifique», 310 p. ISBN: 2-84703-032-8