Sommaire du numéro
N° 88 (4-2007)

Migrations de footballeurs et mondialisation: du système-monde aux réseaux sociaux

Raffaele Poli a

Centre International d’Étude du Sport, Institut de géographie, Université de Neuchâtel; Centre d’Étude et de Recherche sur le Sport et l’Observation des Territoires, Université de Franche-Comté

Résumés  
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Introduction

Depuis les années 1970, de nombreux chercheurs d’horizons différents ont souligné que le monde évolue dans le sens d’une interconnexion croissante entre des espaces de plus en plus éloignés. Dans la théorie du système-monde, le clivage Centre-périphérie est structurant. Il oppose les États bien dotés en ressources financières aux autres. Ce cadre analytique a également été utilisé pour étudier les flux internationaux de sportifs. Jonathan Magee et John Sugden (2002) ont par exemple expliqué les flux migratoires de footballeurs professionnels du «Sud» vers le «Nord» par la conjonction de la diffusion du football du centre (Europe) vers la semi-périphérie (Amérique du Sud et centrale) et la périphérie (Afrique, Asie, Océanie et Amérique du Nord) et d’un développement des migrations de footballeurs dans le sens opposé.

L’objectif de cet article est de montrer que si les différences de richesse entre territoires jouent un grand rôle et structurent les migrations internationales des sportifs, seule l’adoption d’une approche relationnelle permet de comprendre plus précisément la dynamique géographique de ces flux. Celle-ci repose sur le postulat que toutes les actions humaines et les processus sociaux qui en résultent doivent être analysés en fonction de leur enracinement dans des réseaux sociaux (Granovetter, 1990), définis comme des formes spécifiques d’interdépendance entre les individus.

Contrairement à la théorie néoclassique, les migrations ne sont pas considérées dans l’approche relationnelle comme le facteur résiduel du rapport capital-travail à une échelle internationale. Elles apparaissent plutôt comme l’expression de dynamiques créées par les interactions humaines. À l’image de Jean-Baptiste Meyer, nous considérons ainsi que l’offre et la demande de travail sont «le résultat de processus de réseau» et non pas «des déterminants objectifs et autonomes des flux migratoires» (Meyer, 2001, p. 104). Dans cette perspective, s’il faut bien prendre en compte les différences de richesse entre territoires, il est aussi indispensable, pour comprendre l’ampleur et la direction des flux de travailleurs, d’analyser la manière dont les espaces sont mis en relation par différents types d’intermédiaires, qui se trouvent à la base de la création de «canaux migratoires» (Findlay, Li, 1998).

Pour illustrer notre propos, nous analysons le cas des migrations internationales de footballeurs. La forte diffusion du football dans le monde fait de ce sport un exemple idéal pour étudier l’interconnexion des espaces à une échelle. Les données que nous présentons concernent la présence de footballeurs étrangers (1) dans cinq ligues européennes: Angleterre (Premier League), Italie (Serie A), Espagne (Primera Liga), Allemagne (Bundesliga) et France (Ligue 1) (2). Ces cinq ligues sont aujourd’hui les plus riches au monde et les 98 clubs participants sont capables d’attirer dans leurs rangs les meilleurs joueurs de la planète.

Une «périphérie» de plus en plus présente

De la saison 1995/1996 à la saison 2005/2006, le nombre de joueurs étrangers dans les cinq meilleures ligues européennes est passé de 463 à 998 (cartes 1 et 2). Les étrangers représentaient 20,2% des effectifs en 1995/1996 et 38,6% dix saisons plus tard. Cette augmentation est consécutive à l’affaiblissement progressif du régime de quotas limitant leur nombre dans les clubs.

1. Nombre et origine des joueurs étrangers dans les cinq meilleures ligues européennes (saison 2005/2006)

En valeur absolue, le nombre de joueurs étrangers présents dans les principales ligues européennes a augmenté pour toutes les grandes zones d’origine des footballeurs. Les zones qui «exportent» le plus grand nombre de joueurs sont restées l’Europe elle-même, l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest. Lors de la saison 2005/2006, le Brésil (139 joueurs), l’Argentine (88) et la France (82) pourvoyaient à eux seuls 31% du nombre total des étrangers sous contrat. Si les principales zones «exportatrices» sont restées les mêmes, la proportion de footballeurs que chacune de ces zones fournit a passablement changé. Le nombre de footballeurs européens présents à l’étranger a en effet relativement moins augmenté que celui des footballeurs extra-européens (tableaux 1 et 2).

Ces données suggèrent qu’une nouvelle division internationale du travail a cours dans le football: la «production» de joueurs s’effectue de plus en plus en dehors de l’Europe, principalement en Amérique latine et en Afrique, là où le rapport entre la qualité et le prix des joueurs est particulièrement favorable. D’une manière générale, grâce à la libéralisation progressive de la circulation des sportifs, la théorie de l’avantage comparatif semble s’appliquer aussi au football. Selon cette théorie, une nation, ou toute autre aire géographique, doit se spécialiser dans la production et l’exportation des produits pour lesquels elle détient un avantage comparatif, ou relatif, par rapport à d’autres États. En contrepartie, elle doit importer les biens pour lesquels elle souffre de désavantages comparatifs.

En étudiant de plus près la dynamique géographique des flux, on note cependant que les facteurs de type écono­mique n’expliquent pas toutes les tendances observées, et que des critères d’ordre relationnel doivent aussi être mobilisés.

Des opportunités relationnelles

Si le nombre de joueurs provenant d’États du «Sud» dans les meilleurs clubs européens a beaucoup augmenté depuis une dizaine d’années, cet accroissement s’est opéré de manière très différente selon les pays importateurs (tableau 3, carte 3).

La géographie du recrutement international des principaux clubs européens change fortement en fonction de leur État d’appartenance. Les clubs espagnols, français et italiens recrutent bien plus en dehors de l’Europe que les équipes anglaises et allemandes. Notre analyse confirme ce qu’écrivaient Joseph Maguire et Robert Pearton: «si les critères économiques jouent un rôle crucial dans la détermination des modèles migratoires dans le football, ils ne sont de loin pas les seuls facteurs impliqués. Des réseaux d’interdépendances spécifiques influencent et donnent forme aux migrations globales de sportifs» (2000, p. 187-188).

La distribution spatiale des joueurs étrangers est loin d’être homogène. Plus de la moitié de ceux qui sont sous contrat en Espagne et en Italie sont latino-américains. Même proportion pour les joueurs ouest-européens en Angleterre. Près de la moitié des étrangers présents en France viennent d’Afrique, alors que les joueurs est-européens sont surreprésentés en Allemagne (carte 3).

La sélectivité géogra­phique des flux inter­nationaux des footballeurs montre la nécessité de tenir compte, dans l’analyse, de facteurs qui ne sont pas directement économiques, mais font intervenir histoire des relations entre territoires (liens linguistiques, similitudes de cadre juridique), acteurs et réseaux (3).

Réseaux de transfert et interconnexion des espaces

L’existence d’opportunités de recrutement de joueurs «produits» à l’étranger, en Afrique et en Amérique latine notamment, est traduite en actes de manière très différenciée par les dirigeants des clubs. Tout se passe comme si ces décisions de recrutement dépendaient bien plus des connaissances et des relations dont les dirigeants disposent, ou qu’ils sont à même de mobiliser, que de critères «objectifs» s’appliquant de manière homogène à tous. Dans cette perspective, la notion d’opportunité a une signification relative et relationnelle: relative, parce qu’elle change en fonction des acteurs; relationnelle, parce que les opportunités se créent par l’interaction de ces mêmes acteurs dans le cadre de réseaux de transfert qui structurent les migrations internationales des footballeurs.

2. Nombre et origine des joueurs étrangers dans les cinq meilleures ligues européennes (saison 1995/1996)

Dans cette perspective, l’ampleur du recrutement effectué par les clubs français en Afrique, par exemple, au-delà des critères «purement» économiques, s’explique par l’existence de relations privilégiées entre des acteurs situés de part et d’autre de la Méditerranée, lesquelles expliquent le rôle joué par la France en tant que «plate-forme» d’arrivée de footballeurs africains en Europe.

Si perdure l’existence de canaux migratoires prioritaires reliant des aires géographiques spécifiques,  on observe également, depuis une dizaine d’années, une tendance à la «transnationalisation» des trajectoires de carrière des joueurs (Poli, Ravenel 2005). Ainsi, si les joueurs africains arrivent toujours prioritairement en France (Poli, Ravenel 2006), ils repartent désormais de plus en plus vers d’autres pays — l’Angleterre notamment — où les clubs disposent de plus gros moyens financiers (4). Pour cela, ils empruntent souvent les mêmes canaux que les joueurs français.

De nombreux footballeurs évoluant en France traversent la Manche par l’intermédiaire de William McKay. Cet agent britannique résidant à Monaco a des relations privilégiées avec les dirigeants de clubs anglais, pour lesquels il joue le rôle de «tête de pont» pour le recrutement de joueurs dans l’Hexagone. W. McKay travaille en accord avec des agents basés en France. Il a été notamment associé au franco-sénégalais Pape Diouf, ancien journaliste sportif devenu d’abord agent, puis directeur sportif du club de l’Olympique de Marseille.

3. Les zones de recrutement prioritaires selon les pays (saison 2005-2006)

Pour les joueurs africains qui repartent vers la Premier League, la France n’est pas seulement une «plate-forme» (premier pays étranger où le joueur est transféré), mais aussi un «tremplin» (pays par lequel le joueur transite avant de repartir vers un championnat plus huppé). Ce double rôle est illustré par la carte 4 qui présente de manière synthétique les trajectoires de carrière des 25 joueurs d’Afrique subsaharienne présents en 2005/2006 dans les clubs anglais de Premier League.

Les différents rôles tenus par les championnats français et anglais dans la carrière des joueurs africains se lisent aussi en faisant référence au critère d’âge. Lors de la saison 2005/2006, l’âge moyen du joueur africain en France était de 23,2 ans, et de 26,2 ans en Angleterre. L’âge moyen d’arrivée dans le pays était, pour les Africains évoluant en France, de 20,3 ans, et de 23,8 ans dans le cas anglais.

4. Les trajectoires de carrière des joueurs africains évoluant en Angleterre (2005-2006)

Chacune des trajectoires peut être analysée individuellement. Nous en avons choisi huit qui figurent dans la carte animée (carte 5). Si tous les parcours convergent vers l’Angleterre, l’arrivée dans ce pays est plus ou moins rapide. Dans certains cas, comme pour Emmanuel Eboué ou Éric Djemba-Djemba, la trajectoire est «directe». Le premier ne transite que par la Belgique, et le second seulement par la France. Pour d’autres joueurs, comme Geremi Nijtap, Henri Camara ou Aaron Mokoena, les trajectoires sont beaucoup plus complexes et les transferts plus nombreux.

Dans le cas de ces trajectoires de carrière de type ascendant (5), les différents intermédiaires dans les réseaux de transfert des joueurs ont mis en place des chaînes de valeur ajoutée, augmentant la valeur d’échange des footballeurs «dans le mouvement». Michael Essien est un bon exemple: transféré gratuitement de Liberty FC Accra à SC Bastia à l’âge de 18 ans, il a été revendu trois ans plus tard à l’Olympique Lyonnais pour 11,75 millions d’euros et deux ans après il a été transféré au club londonien de Chelsea FC en échange de 38 millions d’euros. Plus généralement, si le transfert de joueurs depuis des États d’Afrique subsaharienne se compte en milliers d’euros, c’est en millions d’euros que se compte le transfert depuis la France vers l’Angleterre (Dietschy, Poli, 2006).

5. Huit trajectoires animées de joueurs africains évoluant en Angleterre (2005-2006)

C’est dans le contexte où les acteurs des transferts tentent de tirer profit des différentiels économiques existant entre les ligues qu’il y a lieu d’analyser la «transnationalisation» des trajectoires de carrière évoquée plus haut. Ces dernières ne peuvent cependant pas être analysées sans faire référence à des critères relationnels. Ainsi, le transfert de Michael Essien de Liberty FC Accra à SC Bastia s’explique par exemple par les relations privilégiées entretenues par son agent, Fabien Piveteau, avec les deux clubs. À l’image de Piveteau, ancien gardien de but, de nombreux agents étaient déjà actifs dans le milieu du football professionnel avant d’embrasser cette carrière. Ils font alors valoir le capital relationnel accumulé durant leur parcours pour mettre en relation l’offre et la demande de travail et construire les canaux migratoires que leurs clients finissent par emprunter.

La morphologie spatiale des flux des footballeurs reflète ainsi souvent la spatialité des réseaux mis en place par différents types d’intermédiaires interdépendants. Par leurs interactions, ces acteurs contribuent à construire les opportunités économiques sous-jacentes au recrutement et à la circulation internationale des joueurs.

Conclusion

Pour comprendre la géographie des migrations internationales des sportifs, il convient de prendre en compte le caractère relationnel de la création d’opportunités. Plutôt que de partir d’un modèle statique «centre-périphérie», il est plus fécond de bâtir l’analyse de manière dynamique, en prenant comme unité d’analyse les réseaux spécifiquement mis en place par différents types d’acteurs, des dirigeants de clubs aux agents de joueurs, pour transférer des footballeurs.

Dans la perspective d’une telle approche relationnelle, l’existence, ou la non-existence, de ces réseaux reflète non seulement des considérations de type «purement» économique, mais également des considérations politiques, historiques, linguistiques, etc. Faisant partie intégrante du processus de construction d’opportunités économiques et se traduisant par le développement de canaux migratoires mis en place par des acteurs spécifiques, l’ensemble de ces facteurs influence la géographie des flux internationaux de sportifs.

Il n’est dès lors pas étonnant de constater que les migrations internationales de footballeurs se font de manière géographiquement sélective. Si, d’une manière générale, les joueurs provenant d’États dont les clubs ne sont financièrement pas bien dotés se dirigent vers des États où les clubs de football sont plus riches, les aires de recrutements des clubs européens à l’étranger varient fortement en fonction de la nation d’appartenance.

Ainsi, les équipes anglaises ciblent leur recrutement à l’étranger sur des régions voisines comme la Scandinavie et, plus largement, l’Europe occidentale. Il en va de même pour les clubs allemands qui engagent beaucoup de joueurs originaires des États limitrophes et d’Europe de l’Est. L’histoire des relations entre les territoires explique aussi que le recrutement international des équipes italiennes et espagnoles se fait prioritairement en Amérique latine, tandis que celui des clubs français vise l’Afrique de l’Ouest. Ce type de critère permet également de comprendre la surreprésentation de footballeurs nord-américains et australiens en Angleterre.

Si le «poids» de l’histoire dans la création des réseaux de transfert des footballeurs reste grand, de nouvelles connexions voient constamment le jour. Des joueurs africains sont, par exemple, dans un premier temps transférés dans des États où les clubs de football ont peu de ressources, puis retransférés dans des États dont les clubs sont plus riches. Ceci dans une mécanique d’instauration de chaînes de valeurs ajoutées au sein desquelles le joueur prend de la valeur «dans le mouvement».

Trois types d’espaces ont pu ainsi être distingués: les espaces plate-forme définissent les pays où les joueurs arrivent en premier lieu; les espaces tremplin définissent les pays par lesquels les joueurs transitent pour accéder à des championnats plus rémunérateurs; les espaces d’aboutissement représentent les pays dont les clubs sont à même d’offrir les meilleures conditions salariales. Ces différents espaces sont mis en relation par une multitude d’intermédiaires qui font valoir leur capital relationnel pour organiser les circulations des joueurs. Ce faisant, ils contribuent très fortement à l’intégration fonctionnelle des espaces à une échelle transnationale. C’est pourquoi, en accord avec les travaux sur la mondialisation de Peter Dicken (2003), nous pouvons aussi parler de l’existence d’un tel processus au niveau des migrations des footballeurs professionnels.

Bibliographie

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Notes

1. Dans cet article, la définition du joueur «étranger» trouve son inspiration dans le concept de migrant «avec la balle» (Lanfranchi, Taylor, 2001). Un joueur est considéré comme étranger s’il se trouve en dehors du pays où il a été initialement formé en tant que footballeur et si sa migration internationale est liée au recrutement effectué par un club de football.

2. L’ensemble des données sur les joueurs de ces cinq ligues est disponible sur le site de l’Observatoire des joueurs de football professionnels.

3. Nous avons en effet observé que les restrictions concernant l’emploi de footballeurs non-communautaires assument des formes différentes en fonction des pays (Poli, 2003). Les possibilités de recrutement de jeunes joueurs africains sont par exemple facilitées en France; alors que celles des footballeurs latino-américains sont plus nombreuses en Espagne.

4. Lors de la saison 2005/2006, huit équipes anglaises figuraient parmi les vingt clubs ayant le chiffre d’affaires le plus élevé d’Europe. Un seul club français figurait dans ce classement (Deloitte, 2007).

5. Le choix de se concentrer dans cet article sur les exemples de carrières ascendantes découle du fait que l’existence de ce type de trajectoire, financièrement très profitable non seulement pour les joueurs mais aussi pour les dirigeants des clubs et les intermédiaires qui gèrent leur circulation, se trouve à la base du développement des migrations internationales des footballeurs et de la spéculation au niveau du commerce de ces derniers. Cependant, il ne s’agit en aucun cas de nier l’existence d’autres types de trajectoire qui concernent des joueurs africains transférés très jeunes à l’étranger et qui ne réussissent pas à intégrer le circuit du football professionnel ou qui en sont exclus après quelques années.