N° 89 (1-2008)
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Les lieux de pratique des sports de nature en France: une géographie différenciée
Pascal Mao Philippe Bourdeau <
UMR PACTE, Laboratoire TERRITOIRES - CERMOSEM, Institut de Géographie Alpine – Université Joseph Fourier de Grenoble. |
Dans l’analyse du fait sportif, il est classique d’opérer une distinction entre les sports traditionnels et les sports de nature. Cette dichotomie est tout particulièrement importante dans l’analyse de l’organisation spatiale de ces phénomènes. Les sports traditionnels utilisent comme espace de jeu des équipements aux cadres spatiaux prédéfinis, délimités et normés. Il s’agit, comme le propose, François Vigneau (1998, 2006) de lieux sportifs par destination. Piscines, terrains de grands jeux, gymnases, tennis sont autant de lieux dont les logiques de localisation sont communes à divers autres services aux populations (Grasset, 1999). Ils s’inscrivent dans le cadre de projets territoriaux et l’implantation de ces infrastructures sportives répond à des critères démographiques, d’accessibilité ou encore touristiques. À l’inverse, les pratiques sportives de nature s’inscrivent dans des lieux aux formes spatiales diverses et aux contours souvent flous, incertains et en perpétuelle évolution (Augustin, 2007; Augustin, Bourdeau, Ravenel, 2008). En regroupant sous l’appellation générique de pratiques sportives de nature des activités ou disciplines telles que les randonnées (pédestre, vélo tout terrain, équestre), l’alpinisme, l’escalade, la spéléologie, le vol libre, le canoë-kayak, le raft et la nage en eau vive et leurs multiples déclinaisons, l’emprise et la forme spatiale de ces espaces de jeu peuvent prendre de multiples configurations fréquemment regroupées sous le qualificatif d’Espaces, Sites et Itinéraires (ESI). Il est à noter que ces derniers correspondent aux trois variables élémentaires de la sémiologie graphique: le point, la ligne et la surface. Ce constat légitime, de fait, les techniques cartographiques comme outil incontournable dans l’observation du phénomène. Le seul point commun entre ces activités est qu’elles utilisent historiquement le milieu naturel comme support privilégié. Il s’agit très majoritairement d’espaces sportifs par appropriation, au sens de construction collective des lieux récréatifs par et pour les pratiquants en dehors de tout cadre normatif ou réglementaire (Mao, 2003). Cette spécificité implique que ces espaces échappent, du moins partiellement, à la standardisation des lieux sportifs conventionnels. Les caractéristiques de ces espaces, sites et itinéraires peuvent impliquer des niveaux d’équipement très variables. Un gradient se crée de la «wilderness» (l’espace «sauvage» exempt d’aménagement où seuls les usages et les discours des pratiquants produisent et légitiment l’activité et le lieu; les randonnées dans les déserts en sont une illustration) aux espaces innovants contemporains, artificialisés et déterritorialisés (gymnases conçus pour l’escalade, stades d’eau vive et rivières artificielles, fosses de plongée — Bessy, Hillairet, 2002). Confrontées à ces particularités, les tentatives de recensement visant à offrir une vision exhaustive du phénomène à l’échelle nationale (1) en utilisant des protocoles d’enquête pensant le sport de manière unitaire sont restées inopérantes et très lacunaires. Ainsi, la France des sports de nature revêt, à bien des égards, un statut «d’espace flou» au sens proposé par Christiane Rolland May (1984). Pour tenter de dépasser cet apparent flou spatial via l’identification des logiques de localisation des espaces, sites et itinéraires sportifs, deux types de données seront mobilisés. Le premier s’appuie sur des inventaires spécifiques réalisés et mis à jour par diverses organisations (syndicats professionnels, fédérations sportives, laboratoires de recherche). Bien que les méthodologies divergent quant aux modes de collecte, ces recensements visent à approcher une certaine exhaustivité des espaces, sites et itinéraires sportifs à l’échelle nationale et bénéficient de mises à jour régulières (Mao, 2003). Le second concerne des données issues de l’Inventaire communal (INSEE, 1998), faute d’informations disponibles à petite échelle ou d’inventaires spécifiques pertinents. La valorisation cartographique de ces informations est sujette à diverses critiques et discussions (Grasset, 1999). Pourtant à l’échelle nationale et dans le champ des activités récréatives, il s’agit d’une information facilement mobilisable, comparable dans son mode de recensement et permettant une compréhension globale de l’organisation géographique du phénomène. Cette analyse se concentre sur la présence, ou l’absence, d’équipements, d’aménagements ou de lieux de pratique. Car, si diverses études locales (espaces protégés ou naturels, stations et espaces touristiques principalement) portant sur les volumes de fréquentations et les types de pratiques sportives existent, elles ne peuvent être extrapolées à l’échelle nationale. Dans ce contexte, la question discutée dans cette contribution peut être formulée comme suit: l’apparente complexité de l’organisation spatiale des activités récréatives et touristiques de nature à l’échelle nationale ne serait-elle pas la conséquence d’une diversité des logiques de localisation des espaces sportifs de nature? La géographie, par la mobilisation d’outils cartographiques et statistiques, est dès lors à même d’apporter quelques éléments de réponse à cette problématique socio-spatiale. Quatre logiques distinctes seront successivement présentées via une lecture en négatif des espaces ruraux et montagnards, l’influence du milieu naturel sur la localisation des lieux, un mode d’implantation d’activités banales et quelques logiques spécifiques de localisation et de diffusion. La randonnée pédestre: une «lecture en négatif» des espaces ruraux et montagnards français Cette expression de «lecture en négatif» (Bourdeau, 2003) fait l’hypothèse d’une juxtaposition et d’une complémentarité des pratiques sportives de nature avec les activités traditionnelles (agriculture, élevage, exploitation forestière ou autres usages coutumiers) dans les espaces ruraux et montagnards. Ces activités trouveraient des espaces de prédilection dans les marges, les interstices, les confins ou les espaces «libérés» par la déprise agricole. À une échelle micro ou locale, ce postulat semble pouvoir être démontré. La haute montagne au-delà des pâtures, les escarpements rocheux, les gorges, les clues ou avens «inaccessibles» des espaces ruraux s’apparentent fréquemment aux sols «sans usage» pour reprendre la typologie proposée par Bernard Kayser (1993a). Ceux-ci, exempts de tout potentiel productif, ont progressivement été appropriés par les pratiques sportives de nature. Cette hypothèse se vérifie-t-elle pour autant à l’échelle nationale? L’analyse des espaces de randonnée en France offre à ce titre un éclairage particulier.
Avec près de 21 millions d’adeptes, la marche est la pratique sportive la plus populaire en France, devançant largement la natation (14,5 millions de pratiquants) et le vélo (12,9 millions — Mignon, Truchot, 2002). Activité accessible à tous, peu instrumentée et peu technique, elle ne nécessite pas, contrairement à la grande majorité des autres activités sportives, d’aménagements ou d’équipements spécifiques. La signalétique elle-même n’est pas indispensable à la pratique. Les quelques données de cadrage disponibles montrent l’ampleur de l’offre française en matière de sentiers de randonnée. En 1995, celle-ci s’organisait sur environ 40 000 kilomètres de sentiers de Grande Randonnée et 80 000 kilomètres de sentiers de promenade (Kouchner, Dufrien, 1995). En 2002, la Fédération française de randonnée pédestre revendique «plus de 180 000 kilomètres de sentiers balisés et valorisés qui sillonnent la France entière»! Une première lecture de la figure 1 montre une large répartition spatiale de la pratique de la randonnée sur l’ensemble du territoire national. Cependant, certains espaces sont marqués par une sous-représentation de l’activité comme le Sud-Ouest et le Nord de la France, et du Bassin parisien à la plaine d’Alsace. Tous ces espaces représentent la France de l’agriculture productiviste et compétitive (openfield, grands vignobles, etc.). La mono-activité agricole marquant ces espaces, leur fonctionnement et les paysages semblent peu attractifs et compatibles avec des pratiques récréatives douces et contemplatives. Ce ne serait donc pas tant le milieu qui influence directement la diffusion de l’activité randonnée que les usages dominant au sein de ces espaces. Le développement des pratiques pédestres s’accommoderait ainsi mal d’une pression anthropique ancienne et de la présence d’une agriculture intensive ou à forte valeur ajoutée. Ces pratiques de randonnée valideraient, de ce fait, l’hypothèse d’une lecture en négatif des espaces agricoles en se diffusant de manière privilégiée dans l’espace «rural banal», pour reprendre l’expression de Bernard Kayser (1993b), c’est-à-dire hors des zones urbaines, rurbaines ou à fort potentiel productif. Il les qualifie, en outre de «campagnes vivantes» (1993a), car en représentant près de 60% des espaces ruraux, elles concentrent tous les enjeux tant sociaux que territoriaux de requalification auxquels participent, entre autres, les pratiques sportives, récréatives et touristiques de nature; ceci par le biais de nouvelles représentations et attractivités actives dans les mobilités et résidentialités contemporaines, analysées par Jean-Didier Urbain (2002) dans Paradis verts, désirs de campagne et passions résidentielles ou par Bernard Hervieu et Jean Viard (2001) dans Au bonheur des campagnes. Une logique de milieu naturel et ses diverses transgressions Aborder, même de manière détournée (en utilisant la notion de logique de milieu), la question du déterminisme physique dans une réflexion géographique contemporaine impose au préalable quelques précautions. Le recours à cette notion laisserait supposer qu’il existe une logique de cause à effet entre des conditions géomorphologiques ou naturelles particulières et la localisation de certaines activités sportives de nature. Une question qui renvoie inéluctablement à celle de la vocation touristique et sportive des territoires. Car, comme le dénonce Michel Chadefaud (1987), on «omet toujours le deuxième postulat du déterminisme: 1. tout fait géographique est explicable par des causes et 2. si les causes sont réunies, le fait se produit. Or, combien de neige, combien de plages, combien de grottes, etc. tardèrent à devenir touristiques, ne le sont pas encore devenues ou ne le deviendront jamais?». Au-delà d’une simple logique déterministe, les supports physiques et morphologiques (rocher, eau, pente, cavité) relèvent donc plutôt d’une offre «opportuniste» (Praicheux, 1993).
L’exemple de l’escalade permet d’illustrer l’influence du milieu naturel sur la localisation des lieux sportifs. Traditionnellement, cette pratique nécessite la présence d’escarpements rocheux de tous types. Ainsi, les plus grandes concentrations des 2 200 sites recensés (2) à l’échelle nationale se localisent logiquement dans les massifs montagneux (fig. 2). Les reliefs des Alpes et Préalpes calcaires, les Pyrénées, le Massif central et, dans une moindre mesure, le Jura ou les Vosges concentrent la grande majorité des espaces d’activités. En revanche, les massifs anciens trop érodés, comme la zone centrale du Massif armoricain, en sont exempts. Pourtant, hors des massifs montagneux, quelques concentrations remarquables sont perceptibles. C’est le cas dans le Bassin parisien, avec une forte concentration de lieux d’activités dans la forêt de Fontainebleau. Cette dernière est traversée d’est en ouest par des éboulis de grès qui forment des chaos rocheux, parmi lesquels les rochers de Cuvier-Châtillon, Franchard ou Saint-Germain. Cette singularité géomorphologique offre ainsi des lieux «remarquables» pour la pratique de l’escalade sur des blocs de faible hauteur, utilisés depuis la fin du XIXe siècle par les alpinistes puis les grimpeurs parisiens. D’autres logiques liées aux milieux ont un rôle prépondérant dans l’organisation spatiale de diverses pratiques sportives de nature: les karsts pour la spéléologie, les conditions aérologiques et topographiques pour les sites de vol libre, les réseaux hydrographiques pour les sports d’eau vive dont les modalités de pratique varient selon les régimes et pentes des cours d’eau. Mais, pour dépasser ces contraintes et opportunités liées au milieu naturel, de nouveaux types de pratique et d’aménagement sont apparus principalement au cours des années 1980, qui ont permis de remettre en cause le lien «déterministe» avec le milieu. Il s’agissait de répondre à la demande croissante des pratiquants tant du point de vue de l’entraînement que des pratiques ludiques ou récréatives de proximité. Ces transgressions géo-sportives (tabl. 1) reposent pour partie sur diverses innovations techniques et sportives et prennent deux formes distinctes: une logique d’adaptation ayant pour objet de détourner un lieu de son usage premier afin d’y développer une activité sportive particulière; une logique d’artificialisation s’attachant à reproduire de manière artificielle et déterritorialisée un espace d’activité. Cette évolution marque le passage de lieux sportifs tendant à valoriser des ressources naturelles à des fins récréatives à des lieux produits dans une logique de service aux populations et donc à une tertiarisation de ce secteur d’activité. Logiques de localisation d’activités sportives banales Certains lieux de pratiques sportives de nature peuvent s’apparenter à des activités banales (Beguin, 1995), c’est-à-dire des activités en lien direct avec le consommateur final s’apparentant à un service aux populations quelle qu’en soit leur rareté. Le critère déterminant pour la localisation de ce type d’activité est donc la population, ou du moins, la proximité des grands centres émetteurs. La répartition spatiale des lieux d’activités sportives est alors dictée par l’organisation démographique du territoire national. Dans le champ des pratiques sportives de nature, cette logique suppose une relative distanciation face au milieu naturel. Elle repose principalement sur l’opportunité ou sur les choix de localisation opérés par certains acteurs. L’équitation observée à travers le prisme de la diffusion spatiale des centres équestres (lieux de «consommation» privilégiés de cette activité) permet d’illustrer ce mode particulier de localisation. Contrairement aux précédents cas de figure, la localisation du centre équestre repose sur une logique d’offre commerciale à l’attention des cavaliers. Le milieu naturel revêt un caractère secondaire, même si le cadre paysager et l’environnement naturel peuvent participer à la qualité de la prestation. La localisation de l’équipement repose ici sur un choix délibéré, rationnel, orienté par des impératifs de commercialisation d’un service sportif. Comme le montre la figure 3, les 4 184 centres équestres recensés en 1998 (3) sont situés principalement à la périphérie des grandes agglomérations. Le poids de Paris est illustré par une concentration marquée dans un rayon de 100 kilomètres autour de la capitale. Dans une moindre mesure, toutes les autres grandes agglomérations françaises polarisent un grand nombre d’équipements. À un moindre niveau, cette tendance se vérifie pour l’ensemble des villes de province, hormis quelques exceptions telles que Niort, Poitiers, Bourges ou encore Troyes. Hors des foyers urbains, quelques concentrations remarquables existent pourtant. Le long de la côte normande, entre Carentan et Deauville-Trouville, par exemple, on observe une remarquable structure linéaire. Cette concentration peut s’expliquer, outre la proximité de Caen, par un statut d’espace de villégiature durant les fins de semaine et les courts séjours des habitants de la région parisienne et de Rouen (Viard, 2002), ce qui a soutenu le développement et la structuration d’une filière sportive équine issue d’une longue tradition d’élevage locale (Hautbois, 2004).
Quelques logiques «spécifiques» de localisation et de diffusion de pratiques sportives de nature Diverses activités sportives de nature, principalement apparues durant les années 1990, ne répondent à aucune des trois logiques de localisation que nous venons de présenter. Elles peuvent être qualifiées, à ce titre, d’activités spécifiques (Manzagol, 1995). Tous les modèles de localisation semblent alors inopérants pour expliquer leur inégale diffusion dans l’espace. Souvent utilisée pour qualifier les logiques d’installation des équipements industriels et tertiaires liés à la «nouvelle économie», leur analyse oblige l’observateur à modifier son mode d’appréhension du phénomène. Il s’agit alors, non plus de définir des logiques structurelles influençant les mutations de ces espaces productifs, mais de s’intéresser aux logiques internes à ces secteurs d’activités. Dans le champ des activités de nature, les via ferrata sont représentatives de ce type d’équipement. Il s’agit d’itinéraires tracés dans une paroi rocheuse, équipés d’éléments spécifiques (échelons, rampes, câbles) et destinés à faciliter la progression et à optimiser la sécurité des pratiquants (Bourdeau, 1998). L’installation d’une via ferrata répond principalement à une logique territoriale et touristique (fig. 4).
Les premières initiatives d’implantation de tels équipements sont le fait de trois espaces montagnards (Briançonnais en 1988-1989, puis Maurienne et Ubaye entre 1990 et 1995) ayant conduit, dans un cadre intercommunal, une politique volontariste et globale de redynamisation d’un tourisme sportif estival. Ces aménagements ont été réalisés sous l’impulsion de guides de haute montagne s’inspirant librement des équipements existant dans les Alpes orientales (massif des Dolomites). La via ferrata est primitivement conçue comme un produit d’appel pour ces territoires. Jusqu’en 2000, les 43 via ferrata françaises se localisent exclusivement dans les Alpes, du Genevois à la Méditerranée (une seule exception à Llo dans les Pyrénées-Orientales). La Savoie concentre alors à elle seule plus de 55% de l’offre nationale avec 24 équipements. Entre 2000 et 2005, les via ferrata semblent avoir atteint une phase de maturité dans les Alpes, l’ensemble des grandes stations du massif s’étant doté de ce type d’équipement. Cette période voit la création de 10 à 12 équipements supplémentaires par an. Leur implantation s’étend aux autres espaces montagnards: Pyrénées, Corse, Massif central et Jura. D’une logique de localisation spécifique, la via ferrata devient progressivement une activité touristique de montagne banale pour l’ensemble des stations de haute et moyenne altitude. En guise de synthèse, la France des pratiques sportives, récréatives et touristiques de nature. Pour mettre en perspective et dépasser la simple caractérisation empirique des logiques structurelles et interactionnelles de localisation des pratiques sportives de nature, il est possible de prolonger l’analyse par le recours à un indicateur cartographique de sportivité des espaces basé sur la densité des lieux sportifs de nature à l’échelle nationale (fig. 5). Si cette figure montre une large diffusion du phénomène sur l’ensemble du territoire national, elle met aussi en évidence l’hétérogénéité de la distribution des lieux sportifs de nature. Trois types différenciés d’espaces se distinguent et concentrent une grande diversité d’activités:
Il est ainsi possible de proposer un schéma hypothétique (fig. 6), construit à travers la double opposition entre la place donnée à l’espace naturel dans la localisation des lieux sportifs (la logique de milieu naturel versus artificialisation des lieux) et l’influence des espaces urbains sur la localisation de ces espaces (les espaces ruraux ou montagnards versus polarisation urbaine). Deux dynamiques organisant l’espace fonctionnel des pratiques sportives de nature peuvent être distinguées. Une logique duale de diffusion spatiale des pratiques sportives de nature qui tend à progressivement rapprocher des espaces émetteurs certains lieux d’activités tels que les parcours acrobatiques en forêt (PAF), les via ferrata ou encore certains sites d’escalade. À l’inverse, les pratiques sportives traditionnelles, fortement liées au milieu naturel, sont animées par la recherche permanente d’un nouvel «ailleurs», marqué par la création de nouvelles destinations et d’une banalisation des expéditions lointaines: conquête de l’ensemble des massifs montagneux par l’alpinisme, augmentation forte du trekking pour la randonnée illustrée par un rapide développement des agences spécialisées dans le tourisme sportif, canyonisme à la Réunion ou à Madagascar par exemple, spéléologie en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Mexique, en Chine ou dans le Caucase. Les limites de l’aire d’extension de ces pratiques dépassent alors très largement, même pour le simple pratiquant, le cadre du seul territoire national. La deuxième dynamique est liée aux diverses transgressions mises en avant précédemment. Par des logiques d’adaptation ou d’artificialisation, elles permettent un développement de la pratique au plus près des agglomérations en créant des «lieux de substitution» qui tendent à reproduire des conditions optimales de pratiques dans des espaces qui n’y sont pas a priori disposés. L’offre des lieux d’activités sportives de nature est ainsi marquée par cette opposition entre les espaces récréatifs de proximité (ou tendant à le devenir) et les espaces naturels, les confins, les marges qui restent pour certaines activités des lieux privilégiés et légitimes de diffusion des pratiques. La conséquence directe de ces diverses évolutions est de créer un continuum spatial entre la ville et les espaces naturels, qu’ils soient ruraux ou montagnards, au sein duquel s’organisent et peuvent être hiérarchisés les lieux de pratiques sportives de nature. Cette large diffusion est rendue possible et est soutenue par la diversification des modèles aussi bien territoriaux qu’entrepreneuriaux sur lesquels reposent les diverses logiques de construction contemporaines de cet espace. Deux familles de lieux se distinguent alors: des espaces touristiques ou ludo-sportifs de proximité, qui peuvent être qualifiés d’espace de consommation courante ou récréative, s’opposant à des espaces naturels par appropriation, qui restent la forme traditionnelle et légitime de construction des lieux sportifs de nature. Références bibliographiques AUGUSTIN J.-P. (2007). Géographie du sport. Spatialités contemporaines et mondialisation. Paris: Armand Colin, coll. «U Série Géographie», 200 p. ISBN: 978-2-2003-4673-7 AUGUSTIN J.-P., BOURDEAU P., RAVENEL L. (2008). Géographie des sports en France. Paris: Vuibert, coll. «Sciences, corps et mouvements», 178 p. ISBN: 978-2-7117-7060-1 BEGUIN H. (1995). «La localisation des activités banales». 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Il est réalisé par le Comité de défense des sites et rochers d’escalade (COSIROC), association membre de la Fédération française de montagne et d’escalade. Cette base de données, créée en 1985, est actualisée annuellement par les comités départementaux qui mettent à jour les informations relatives aux sites de pratique (nouveaux sites, extension, mise en place de mesures de gestion ou de protection, etc.). 3. Inventaire communal de l’INSEE, 1998. |