Information géographique et climatologie

Précieuse information géographique: la récente édition reliée et sur papier glacé du traité concernant ses rapports avec la climatologie en témoigne par un prix particulièrement élevé (plus de 89 euros) qui en réservera, hélas ! l’achat aux bibliothèques et aux institutions qui en ont les moyens. Dirigé par Pierre Carrega, l’ouvrage, riche de cinq autres collaborateurs, s’efforce de couvrir l’ensemble du champ information géographique/analyse spatiale/climatologie. Appartenant à la série «Aménagement et gestion du territoire», dirigée par Pierre Dumolard, Thérèse Libourel et Sylvie Servigne, le livre s’adresse à tous les utilisateurs de géomatique et d’analyse spatiale pour lesquels modélisations et applications sont fondamentales, la difficulté consistant ici à passer d’observations ponctuelles changeantes à des généralisations spatiales.

L’analyse et l’interpolation mathématique des données sont confrontées aux enregistrements de télédétection qui permettent de vérifier les résultats (enregistrements satellitaires, indice de végétation, couverture Corine Land Cover p. ex.). Si ce lourd travail aboutit à une bonne connaissance du milieu — c’est l’approche analyse spatiale —, les auteurs ne manquent pas de souligner que la prise en compte de «caractères géographiques» (topographie, p.ex.) conserve toute sa place (approche empirique ici, cf. p. 69) et évite des interprétations fantaisistes. Quand la densité des stations d’enregistrement est insuffisante, l’apport des satellites et autres capteurs est fondamental, cas de la plupart des pays non-industrialisés, illustré dans l’ouvrage par le Brésil.

Ce qui est valable pour les précipitations ou les températures l’est aussi pour la modélisation de la prévision du temps et du climat, ou pour la cartographie de la pollution malgré les difficultés de spatialisation (p. 142). En hydrologie (Jean-Pierre Laborde), on se heurte toujours au passage pluie/débit, en raison de la disponibilité de mesures très localisées et de la généralisation de relations non linéaires entre les variables (pluie/relief, pluie/distance à la mer, etc.). D’où la complexité de l’approche géostatistique de l’étude des précipitations (p. 200). Dans le dernier chapitre sur les feux de forêts (Pierre Carrega), démarches physique et empirique se combinent, avec une préférence pour l’analyse environnementale (p. 221).

À côté de cette richesse de contenu, on critiquera tout de même, pour un ouvrage de ce coût, la qualité de l’illustration (malgré un cahier couleur au centre du volume, peu pratique et redondant), des fautes et des erreurs de saisie de textes (p. 235 p. ex.), et le recours fréquent à des sigles et autres acronymes non traduits.

Pierre Usselmann

CARREGA Pierre, dir. (2008). Information géographique et climatologie. Paris: Hermes Science/Lavoisier, coll. «Traité IGAT, Information géographique et aménagement du territoire», 239 p. ISBN: 978-2-7462-1786-7