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Géosciences de l’environnement

Comme le soulignent les auteurs de cet ouvrage sur l’utilisation des traceurs pédologiques, isotopiques et magnétiques de notre environnement physique, de telles préoccupations illustrent «la remontée vers la surface des centres d’intérêt en sciences de la terre» (p. 145). Il n’en demeure pas moins que l’épiderme de la terre (expression de J. Tricart, cité en bibliographie) avait déjà attiré par le passé les collègues géologues (que l’on se souvienne de Goguel), mais on met davantage l’accent désormais, ce que permettent les connaissances, sur les processus, les bilans chiffrés et la modélisation, notamment pour les temps récents de l’Holocène.

On essaie d’évaluer la durée de l’altération (entre 500 000 et 5 000 000 d’années pour la couverture latéritique de la surface des continents, p. 36) et l’on détaille les séquences de sols établies dans la durée. Les nucléides cosmogéniques permettent de dater et d’estimer les départs de matériel, l’enfouissement, la bioturbation, les déplacements latéraux (application aux stone-line p. 101-109), tout comme la chronologie glaciaire et les mouvements tectoniques.

À l’utilisation de ces nucléides s’ajoutent évidemment les marqueurs géomorphologiques classiques (moraines, cônes, etc.). Les marqueurs isotopiques s’appliquent assez bien à la pollution, aussi bien humaine récente et actuelle qu’aux paléocirculations. Enfin, les variations du champ magnétique terrestre sont largement présentées et corrélées avec les autres moyens de datation comme les varves lacustres (p. 161-163) alors que, en accord avec plusieurs ouvrages récents, l’écran magnétique opposé par le soleil aux rayonnements et bombardements cosmiques pourrait contribuer au réchauffement planétaire.

Un ouvrage dense et très à jour dans lequel on regrettera peut-être que les formes (la géomorphologie) n’apparaissent pas plus. Dans un autre ordre d’idées, le terme pénéplanation pourrait être employé de manière relativement abusive quand il s’agit de glacis étagés, alors que le genre féminin attribué à saprolite semble discutable.


Pierre Usselmann

NAHON Daniel, BOTTERO Jean-Yves, BOURLÈS Didier, HAMELIN Bruno, THOUVENY Nicolas (2008). Géosciences de l'environnement. Traceurs isotopiques, pédologiques, magnétiques. Paris: Vuibert/Soc. Géol. de France, coll. «Interactions», 212 p. ISBN: 978-2-7117-4070-3