Vu au festival de Saint-Dié

 Sommaire

La croisière dans le Bassin caraïbe: une géographie du paradoxe

Ce poster s’inscrit dans la continuité des travaux de recherche menés par des membres du laboratoire GÉODE Caraïbe (Université des Antilles et de la Guyane) sur le tourisme de croisière dans le Bassin caraïbe. Son titre vise déjà à interpeller le visiteur en insistant sur le caractère paradoxal de cette activité. Par un jeu de verbes apparemment synonymes, chacune des trois parties illustre ces aspects qui sont autant d’oppositions spatiales, économiques et environnementales.


FIG 2009, concours du poster scientifique, salon de géomatique, 3e prix: Thierry Hartog, Colette Ranély Vergé-Dépré, Bernard Gandrille, Université des Antilles et de la Guyane, IUFM de Martinique, GÉODE Caraïbe Télécharger la version pdf

La première partie s’attache à montrer les atouts de la destination caraïbe qui constitue, avec près de la moitié du marché mondial, le premier bassin de croisière au monde: à la proximité du grand foyer émetteur nord-américain s’ajoute la diversité d’avantages multiples, tant naturels que culturels. Pourtant, si ce pouvoir d’attraction est incontestable, cette découverte de la terre par la mer se limite, par définition, à de simples escales réduites à des excursions toujours éphémères et spatialement limitées.

La deuxième partie prolonge ce paradoxe en rendant compte des déséquilibres fonctionnels et spatiaux. Deux puissants holdings états-uniens contrôlent 80% du marché et plus de la moitié de la flotte caraïbe, constituée de navires dont la taille ne cesse de croître. Cette course au gigantisme se traduit par une impitoyable «guerre des escales», dans laquelle la rive continentale septentrionale du bassin s’est incontestablement affirmée, appuyée par quelques relais insulaires secondaires.

Un troisième paradoxe s’inscrit dans une perspective de développement durable. La démonstration invite à réfléchir à la contradiction entre croissance et développement en avançant deux arguments majeurs: d’une part, si la grande majorité des destinations du Bassin caraïbe voit leur fréquentation augmenter (sauf aux Antilles françaises), seule la Floride en tire l’essentiel des bénéfices, notamment en termes d’emplois et de revenus financiers; d’autre part, en vendant leur destination auprès des compagnies, non seulement les États accentuent leur dépendance vis-à-vis de leur puissant voisin, mais ils contribuent aussi à entretenir les effets négatifs sur l’environnement générés par cette activité.

Par tous ces aspects confondus, la croisière dans le Bassin caraïbe illustre donc parfaitement la réalité d’une interface Nord-Sud où s’imbriquent tous les contraires par un jeu d’interactions multiples.

Thierry Hartog, Colette Ranély Vergé-Dépré