Le cas de Tours
Dès le premier siècle, l’amphithéâtre de Tours* était inscrit dans la trame viaire, dans un quartier résidentiel. Le schéma (fig. 5) représente l’édifice et sa fonction publique en rouge ; autour, le jaune illustre le contexte urbain domestique dans lequel il s’inscrit. Les traits noirs indiquent que la trame viaire est connectée aux vomitoires et qu’un espace de circulation ceinture l’édifice. Entre le milieu du IIIe siècle et le milieu du IVe siècle, l’amphithéâtre fut fortifié, tandis que ses alentours ne furent pas modifiés malgré l’aménagement d’un fossé annulaire. La couleur jaune est conservée autour de l’édifice, mais celle de l’emprise de l’amphithéâtre change: elle devient marron et signifie la fonction militaire de l’édifice. Au IVe siècle, l’amphithéâtre fortifié fut intégré à l’enceinte urbaine en lui servant alors de porte monumentale; vers l’extérieur, les vomitoires ne furent pas bouchés mais restèrent en connexion avec la trame viaire. À l’intérieur de l’enceinte, à l’exception du groupe épiscopal, l’occupation était de nature domestique. Au sud, l’usage de l’espace extra muros est mal connu. Une aire d’inhumation est attestée sur une faible surface, mais on sait aussi que plusieurs constructions furent détruites. Le cercle schématisant l’emprise de l’ancien amphithéâtre conserve sa couleur marron pour indiquer son rôle dans l’enceinte urbaine. Les traits noirs qui le traversent schématisent sa fonction de porte de la Cité. L’extérieur de l’enceinte prend la couleur grise qui signifie son abandon, tandis qu’au nord, l’utilisation du bleu pour le quart ouest illustre la présence du groupe épiscopal. Entre le IVe siècle et le milieu du XIIIe siècle, l’occupation du site n’est pas connue. Peu avant 1266, on sait que l’intérieur de l’édifice était occupé par des habitations desservies par des rues (fond jaune et traits noirs). Les deux petits carrés rouges indiquent une présence politique, celle de l’archevêque qui se manifestait par un fief et la présence de sa résidence, mais aussi par l’existence d’un fief appartenant au roi. À l’extérieur, la situation reste sensiblement identique à celle du IVe siècle, si ce n’est l’implantation de la basilique Saint-Martin-de-la-Bazoche; le quart nord-ouest est représenté en bleu afin de signifier cette occupation de type religieux. L’enceinte qui prend appui sur la façade de l’ancien amphithéâtre est représentée par un trait marron. Alors que la plupart des terrains recouvrant l’ancien amphithéâtre ont été acquis par le chapitre de la cathédrale, la situation ne change guère dans la seconde moitié du XIIIe siècle, seul le point rouge schématisant la fonction politique de la présence royale disparaît. Au début du XVIIe siècle, une nouvelle enceinte fut construite et l’ancienne muraille perdit sa fonction militaire, le trait marron ne figure plus sur le schéma. Du gris au vert, le changement de couleur de la moitié méridionale s’explique par la transformation de l’espace anciennement situé extra muros en jardins. Ceux-ci étaient accessibles par la rue de la porte Rouline aménagée en 1642 qui est représentée par un trait noir sur le schéma. À partir de ces schémas et comme à Amiens, il est possible de construire une figure illustrant le processus de la réutilisation urbaine de l’amphithéâtre de Tours (fig. 6). * Les données historiques sont issues de Lefebvre, 2008.
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