3. Constitution de la base des localités

Jusqu’en 1991, les localités retenues dans les recensements correspondent au seul milieu urbain officiel. C’est-à-dire que la liste officielle des localités est élaborée en fonction du statut des localités, lui-même en lien avec l’origine de la localité et sa composition raciale plus qu’avec sa dimension. L’existence d’un conseil de gouvernement local était le critère de définition jusqu’en 1970: A. Municipalities (dont Boroughs au Natal et Town and City Councils au Transvaal); B. Village Management Boards dans les provinces du Cap et de l’Orange Free State; Village Councils au Transvaal; Town Boards au Natal; C. Health Committees au Natal et au Transvaal; Local Boards au Cap; D. Local Areas au Cap et au Transvaal; Public Health Areas au Natal.

Un certain nombre de localités disparaît sur la période, il s’agit de villages de colons ou de centres missionnaires, d’abord identifiés comme des localités à part entière puis qui ont connu un déclin de leur population d’origine européenne (cas de certains centres de mission) ou ont été inclus dans une municipalité voisine ou dans une banlieue plus étendue. Parmi les nouvelles localités qui apparaissent, il s’agit, avant 1970, de villages ou de banlieues dont la croissance de la population d’origine européenne se traduit par l’obtention d’un statut de gouvernement local et donc de qualité urbaine pour les recensements. La croissance du nombre de localités urbaines est ainsi très forte entre 1936 et 1951 (de 492 à 722, soit un accroissement de près de 50 %).

Les recensements permettent, de plus, d’identifier un certain nombre de localités qui n’ont pas un statut officiel de localité urbaine mais qui sont reprises dans la base Dysturb (tab. 1). En effet, des listes de villes, villages et localités rurales accompagnent les premiers recensements (1911 et 1921). De plus, jusqu’en 1960, on donne dans les recensements des listes de banlieues (suburbs) qui ne sont pas des localités urbaines mais des décompositions des principales aires métropolitaines. Enfin, des tableaux rétrospectifs permettent parfois d’avoir accès aux données d’une localité apparue ultérieurement. Dans la base Dysturb, nous identifions de telles localités (non officielles au sens statistique qui ne reconnaît que les localités urbaines) comme des settlements. Leur population est également incluse dans le total rural du district d’appartenance qui regroupe l’ensemble des populations hors localités urbaines. À partir de 1980, sont également considérés comme localités officielles de recensement (urban places), les principales townships noirs, métis et indiens des villes non dotées de conseils élus mais reconnues comme localités urbaines. Il ne s’agit nullement alors d’une concession démocratique du régime de l’apartheid, mais d’une comptabilité des localités urbaines noires susceptibles de faire l’objet de déplacements forcés vers les homelands dans le cadre du «grand apartheid». Ainsi, ce sont plus de 350 black townships qui apparaissent dans le recensement de 1980. En 1991, deux homelands « indépendants», le Bophuthatswana et le Transkei procèdent dans leur recensement à un décompte exhaustif des localités, autrement dit l’ensemble de la population de chaque district est rattaché à une localité. Il n’y a donc plus pour ces homelands une catégorie rurale indifférenciée qui regroupe l’ensemble de la population ne relevant pas d’une localité urbaine.

Ceci est annonciateur des pratiques post-apartheid en vigueur dans le recensement de 1996 pour lequel un maillage exhaustif en plus de 12 000 localités est utilisé et dans celui de 2001 où 2 674 localités (main places) sont déterminées et précisément délimitées, et se décomposent en 15 966 subplaces (Vacchiani-Marcuzzo, 2004). En effet, la nouvelle organisation administrative et territoriale, orchestrée par le Municipal Demarcation Board et StatSA, repose sur sept échelons géographiques différents: 1. État; 2. Provinces; 3. Municipalités de district et aires métropolitaines; 4. Municipalités de base et District Management Areas; 5. Localités principales (main places); 6. Sous-localités (subplaces); 7. Aires d’énumération. Ces nouveaux découpages emboîtés sont exhaustifs.

Les correspondances entre les localités de 1991 (ou avant) et celles de 2001 ont d’abord été systématiquement recherchées au niveau des subplaces, puis pour les localités restantes au niveau des main places. Sur les près de 4 000 localités (3 923) recensées en 1991 ou avant*, environ 1 430 sont présentes dans la base mais n’ont pas de correspondance avec une localité ou une sous-localité de 2001 et ne sont donc pas géoréférencées. Il s’agit pour l’essentiel (1 306 sur 1 430) de localités recensées dans le Transkei et le Bophuthatswana uniquement en 1991.

*Certaines ont une existence éphémère dans les recensements et apparaissent pour un ou quelques recensements puis disparaissent avant le recensement de 1991.