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Les îles artificielles de Dubaï

Le 15 septembre 2002 Le 17 février 2004
Photo 1. Les Palm Islands (© Spotimage)

Dubaï, un des sept membres de la fédération des Émirats arabes unis (EAU), cherche à diversifier ses sources de revenus et à pallier l’épuisement de ses réserves pétrolières. À cet effet, l’émirat a misé sur les industries de transformation des métaux ou des produits minéraux non métalliques, les nouvelles technologies — création de la Dubai Silicon Oasis —, le commerce et le tourisme.

Dubaï, avec ses 3 840 km2, n’a qu’une courte façade littorale. Aussi, le petit émirat s’est-il lancé à partir de 2001 dans de pharaoniques projets touristiques, complétant les audacieux hôtels qui se sont multipliés ces dernières années (le Burj al-Arab, qui vient d’être mis en service, culmine à 321 m et dispose d’un vertigineux atrium de 180 m de haut !), dans le dessein d’augmenter ses côtes en construisant les plus importantes îles artificielles du monde. Les deux Palm Islands, Palm Jumeirah et Palm Jebel Ali (photo 1) vont accroître de 120 km la longueur du littoral de Dubaï. Par ailleurs, les travaux d’une troisième Palm Island, Palm Deira, viennent de débuter. Enfin, une dernière réalisation est projetée, The World (photo 2). Il y a de quoi faire rêver les Monégasques qui n’ont pas la chance de bénéficier de faibles profondeurs au large, contrairement à Dubaï.

Photo 2. The World

Le nom de ces quatre réalisations est à mettre en relation avec leur forme. Les Palm Islands sont des îles artificielles ayant l’aspect de palmiers dattiers vue du ciel, alors que The World est un ensemble de 250 à 300 petites îles artificielles agencées pour dessiner les continents et les principales îles de notre planète. Chaque île couvrira de 2 à 8 hectares et sera distante de sa voisine de 50 à 100 m.

Au total, The World fera 9 km sur 6 km et sera situé à 4 km du littoral. Chaque île coûte de 7 à 37 millions de $. Les travaux de remblai, évalués à 1,8 milliard de $, ont débuté et devraient être achevés fin 2005. Ensuite, chaque île sera occupée par un hôtel, un lotissement ou une maison individuelle. On pense que de nombreux investisseurs aménageront leur île en fonction du pays dont l’île à la forme ou suivant sa position sur ce planisphère géant. L’Australie, faite de 14 îles séparées, a été achetée par une société immobilière koweïtienne.

Palm Jumeirah et Palm Jebel Ali sont constituées d’un tronc et de 17 palmes, ceinturés par une jetée. Chacune de ces Palm Islands dispose de 60 km de plages et nécessite le déplacement de 100 millions de m3 de sable et de rochers. Palm Jumeirah est la réalisation la plus avancée puisqu’elle devrait être terminée fin 2005. Plusieurs dizaines d’hôtels, des milliers de maisons individuelles et d’appartements ainsi que des marinas, des restaurants, des parcs aquatiques, des centres commerciaux, des terrains de sport, des centres de thalassothérapie, des cinémas, etc., sont prévus. Un pont de 300 mètres reliera le tronc au continent. Un monorail doit desservir le coeur de Palm Jumeirah, l’Atlantis Resort, constitué d’un hôtel de 1 000 chambres et d’un parc aquatique financés par le groupe Kerzner International — spécialiste des complexes touristiques géants, tel l’hôtel Atlantis aux Bahamas dont la capacité va être portée à 3 500 chambres en 2007 — et la société qui construit les Palm Islands et The World, Nakheel Corporation. Un parking de 10 000 places se trouvera à proximité de la tête de ligne du monorail, qui desservira sur le tronc l’hôtel Royal Tower, un luxueux gratte-ciel de 1 200 chambres. La construction de l’Atlantis Resort doit débuter en 2005 et s’achever en 2007.

Palm Jebel Ali, dont les travaux ont commencé en 2002, devrait être achevée en 2007. En novembre 2004, le tiers de l’île artificielle émergeait. Elle comportera six marinas et devra avoir une vocation plus ludique et moins résidentielle que Palm Jumeirah. La vitesse à laquelle se sont vendus les villas et les appartements sur les deux premières Palm Islands ont poussé les autorités à construire Palm Deira, qui devrait être la plus grande des trois Palm Islands avec ses 80 km2.

Pour les autorités de Dubaï, ces réalisations exceptionnelles doivent faire de l’émirat un haut lieu du tourisme mondial, avec une fréquentation internationale servie par la compagnie Emirates, une des plus dynamiques du monde et qui a commandé 43 Airbus A380! Dès à présent, Dubaï accueille 4 millions de touristes et concurrence les Antilles. On attend 15 millions de touristes en 2010 et 40 millions en 2015. L’aéroport de Dubaï a vu son trafic augmenter de 13% en 2003 pour atteindre les 18 millions de passagers, mais les travaux d’extension en cours devraient lui permettre de traiter 60 millions de passagers en 2010. Emirates propose aux passagers vers l’Extrême-Orient de transiter deux jours à Dubaï pour y faire du shopping. Le Shopping Festival, du 15 janvier au 15 février, est un des grands moments de l’année touristique, mais l’on vient désormais toute l’année à Dubaï pour profiter de ses plages, de ces hôtels luxueux, de ces boutiques… Une affaire à suivre.

Jean-Christophe Gay