Mappemonde se consacre depuis 1986 à l’image géographique: qu’en faire, qu’en dire, comment la changer en l’enrichissant. Elle a maintenu depuis ses premières années un équilibre entre le fond et la forme, entre la référence scientifique et le souci d’une assez large communication, tant vers les enseignants que vers les praticiens du territoire et les chercheurs.

Sous la forme d’une revue trimestrielle imprimée (1986-2003), Mappemonde avait trouvé à la fois un style, un public, des auteurs fidèles et cependant en permanent renouvellement. On ne remerciera jamais assez Robert Ferras d’en avoir tenu le gouvernail durant des années décisives de lancement, et l’équipe de la Maison de la Géographie d’en avoir assuré la continuité et la ponctualité de la publication à Montpellier. L’entreprise s’est poursuivie malgré l’évolution des structures de la recherche et notamment la fermeture prématurée du Gip RECLUS. Mais, en décembre 2002, l’éditeur annonça qu’il souhaitait se dégager, bien que le public fût resté stable et les comptes à l’équilibre.

Le comité de rédaction décida alors unanimement qu’au lieu de renoncer, il convenait de se lancer à partir de 2004 dans l’aventure de la création d’une revue intégralement électronique et d’accès gratuit, conformément à l’orientation générale prise par le CNRS dans le domaine des publications scientifiques (1).

Il fallait pour cela innover sans moyen spécifique, trouver une apparence attrayante et pratique, professionnelle dans son aspect et dans ses modalités de consultation, si possible innover dans l’exploitation de l’image en utilisant les avantages de la technique, et bien entendu obtenir des contributions scientifiques de qualité.

À l’heure actuelle, le pari de la transformation et de la continuité est gagné. Vous disposez d’une année entière de référence, du numéro 73 au numéro 76. Vous l’avez consultée. Le nombre de branchements croît régulièrement. Les grands moteurs de recherche comme Google référencent immédiatement les numéros. Les auteurs sont nombreux à soumettre à M@ppemonde des contributions originales et de qualité.

Nous avons pu proposer des animations d’images, les unes simples mais utiles, d’autres plus complexes. Vous pouvez refaire des cartes à partir de leurs sources, vous pouvez manipuler des animations. Le Flash et le SVG ont fait leurs preuves comme outils de visualisation en ligne. Guérino Sillère s’y est attaché avec constance, ainsi que les collaborateurs toulousains de la revue. Ce n’est qu’un début. Les auteurs eux-mêmes ont joué le jeu, ce qui n’avait rien d’évident; et l’on peut compter sur leur imagination pour proposer mieux dans l’avenir.

La continuité avec la revue imprimée a par ailleurs été assurée: nous avons d’ores et déjà rendu accessible, en format pdf, une grande partie de l’édition papier; notre ambition est de vous en fournir l’intégralité, mais le travail que cela suppose pour les plus anciennes années est très lourd. Cet effort a pu être mené à bien grâce à la compétence et à la persévérance de l’équipe de réalisation, en particulier de Patrick Brossier.

Reste beaucoup à faire: élargir encore le champ, inventer de nouvelles animations et applications, scruter les nouveautés et en faire des essais comparatifs, etc.; et obtenir plus de réactivité des lecteurs, encore bien timides dans leur correspondance. Il y faut de nouvelles forces: c’est pourquoi cet éditorial est aussi l’annonce d’un passage de témoin. La direction de la revue change avec la nouvelle année: Denis Eckert, qui connaît Mappemonde de l’intérieur depuis de nombreuses années déjà, prend le relais de Roger Brunet, qui l’eut en charge dès l’origine; le comité de rédaction a été en partie renouvelé l’an passé à l’occasion de la transformation.

À l’heure de ce changement de direction, notre gratitude va à ceux et celles qui assurent le fonctionnement quotidien de la revue: Marie-Madeleine Usselmann au secrétariat de rédaction, associée à Régine Vanduick pour le contrôle de la qualité des textes et de la version pdf, Guérino Sillère pour la préparation et la mise en forme de toute l’illustration, Patrick Brossier dans ses fonctions de webmestre et de pilote de l’informatique.

Merci aussi à Pierre Usselmann pour le soutien direct qu’il a apporté comme responsable de la Maison de la Géographie, à Joël Charre au titre de l’UMR ESPACE, que Céline Rozenblat représentera désormais, et bien entendu à tous les membres du Comité de rédaction, qui se réunissent régulièrement tous les mois, alternativement à Montpellier et à Paris, et contribuent activement au dynamisme et à l’évolution de la revue.

À vous maintenant de nous faire connaître votre sentiment sur M@ppemonde, et d’y apporter les contributions qu’elle mérite.

1. La direction scientifique des Sciences humaines et sociales a marqué son intérêt pour M@ppemonde électronique en attribuant une subvention d’équipement.

Denis Eckert, Roger Brunet