À voir, à lire

Sommaire

Paysages en mouvement

L’hypothèse du livre est audacieuse: chaque technique de transport crée un paysage dans le regard qu’elle provoque. La vitesse — c’est la variable fondamentale qui agit ici — est donc un puissant facteur de perception. Pour le démontrer, l’auteur adopte une démarche très rigide, puisque, pour les différents modes de transport impliqués, il commence par étudier la genèse et les caractéristiques du mode de transport lui-même, pour ensuite s’intéresser aux nouvelles façons de regarder l’espace qu’il produit. Le plan est chronologique: la route ouvre la voie, puis le chemin de fer, l’automobile, l’autoroute et enfin l’avion.

Le résultat ne nous semble pas toujours très convaincant, avec une alternance de points relativement connus, telle l’histoire du chemin de fer ou de l’autoroute, et de considérations surdéterminant le rôle du mode de transport dans la perception de l’espace et dans l’art. Il semble que Marc Desportes, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, soit tombé dans le piège du déterminisme technologique. Par ailleurs, son propos est parfois trop franco-centré et quelques erreurs révèlent des lacunes bibliographiques ou des légèretés: le Grand Tour n’est pas né à la fin du XVIIe siècle (p. 53) et Paul-Henry Chombart de Lauwe n’est pas un géographe (p. 386). On peut toutefois louer la qualité des illustrations – au nombre de 117 – et de nombreuses réflexions, en dépit de nos critiques, restent stimulantes.

Jean-Christophe GAY


DESPORTES M. (2005). Paysages en mouvement. Transports et perception de l’espace XVIIIe-XXe siècle. Paris: Gallimard, coll. «Bibliothèque illustrée des histoires», 413 p., ISBN: 2-07-077042-7.