N°114

La construction sociale de la vulnérabilité face au risque d’inondation au Viêt Nam

Introduction

Le concept de vulnérabilité est central dans l’étude des risques naturels (Adger, 2006). Birkmann a relevé 25 définitions de la vulnérabilité dans la littérature anglophone (Birkmann, 2006). Un effort de synthèse a été réalisé dans le cadre de la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, qui s’est tenue du 18 au 22 janvier 2005 à Kobe (Hyogo, Japon). Le Cadre d’Action de Hyogo définit la vulnérabilité comme les «conditions déterminées par des facteurs ou processus physiques, sociaux, économiques ou environnementaux qui accentuent la sensibilité d’une collectivité aux conséquences des aléas» (Nations Unies, 2005, p. 1). Nous préférons toutefois retenir une définition plus explicite de la vulnérabilité comme «une propension à l’endommagement ou au dysfonctionnement de différents éléments exposés (biens, personnes, activités, fonctions, systèmes) constitutifs d’un territoire et d’une société donnés» (Léone, Vinet, 2006). Comme le souligne W. N. Adger, « la vulnérabilité résulte de l’action humaine, qu’elle soit délibérée ou non » (2006, p. 270). L’étude des risques naturels distingue l’exposition et la sensibilité au risque (Burton et al., 1993 ; Pigeon et al., 1999; Becerra, Peltier, 2009). L’exposition au risque naturel est inhérente à de nombreux territoires (Tiberghien, 2008). Pour autant, les hommes ne se privent pas d’occuper et de mettre en valeur ces territoires soumis à des aléas naturels récurrents. Il en va ainsi, en particulier, du lit majeur des cours d’eau et des deltas fluviaux dont le volume d’eau écoulé est naturellement susceptible de fluctuer considérablement. Dans ces territoires, la vulnérabilité est donc avant tout un construit social, une affaire de modalités d’occupation du sol et d’aménagement, ainsi qu’un problème de sensibilité. Notre propos est de montrer que la construction sociale du risque comporte une dimension territoriale et une dimension sociale.

Cadre théorique et conceptuel

Confrontés à la permanence des risques d’inondation inhérents aux plaines alluviales, les hommes ont trois options: le retrait, la résistance ou l’adaptation. Le retrait ne s’impose que lorsque le risque atteint une dangerosité irréversible qui détruit les potentialités d’usage du territoire exposé. Bien qu’il soit invariablement envisagé dans les travaux académiques, le retrait planifié des territoires exposés est en pratique exceptionnel, et suscite des résistances multiformes (Le Louarn, 2012). La société plébiscite au contraire les stratégies de résistance, les aménagements défensifs tels que les endiguements qui permettent, dans la plupart des situations, l’utilisation du territoire exposé (Burton et al., 1993; Cutter, 1996). Pour sa part, l’adaptation des usages du sol à l’aléa inondation constitue une troisième option,  rarement mise en œuvre.

La prédominance des stratégies de résistance se nourrit du mythe rationaliste de la maîtrise des risques. La pression économique sur les sols est assez irrésistible, surtout sur un territoire en pleine expansion économique et démographique où la ressource foncière est rare comme le Centre Viêt Nam. Le paradoxe des stratégies de résistance aux aléas hydrologiques naturels, c’est qu’elles se traduisent invariablement par une multiplication des enjeux en zone inondable, et partant par des risques naturels de plus en plus graves (Burby, 2006). C’est ainsi, par exemple, que l’urbanisation inadaptée des marais deltaïques de La Nouvelle-Orléans est considérée comme la cause principale de la gravité des dégâts occasionnés par les inondations consécutives à la rupture des digues, lors du passage du cyclone Katrina en 2005 (Maret, Cadoul, 2008; Maret, Goeury, 2008). Une telle stratégie de résistance aux aléas naturels met en tension les expansions inverses de l’anthroposystème territorial et de l’hydrosystème environnant. La catastrophe survient au point de rupture entre ces deux dynamiques opposées à l’occasion d’un aléa extrême. Le modèle pressure and release élaboré par Blaikie et al. (1994) s’efforce de décrire ces dynamiques contradictoires entre hydrosystème naturel et occupation du sol. Cette dernière variable détermine le potentiel d’endommagement des inondations (D’Ercole, 1994; Veyret, Reghezza, 2005, 2006; Reghezza, 2006, 2009).

1. Quy Nhon, carte d'orientation régionale

Pour un grand nombre de chercheurs, la sensibilité au risque naturel n’est pas seulement une question d’occupation du sol, mais présente aussi des aspects sociaux et organisationnels (Wisner et al., 2004). Ces travaux mettent l’accent sur la vulnérabilité spécifique des populations les plus démunies, ce qui est particulièrement sensible dans les pays en développement (Pelling, 2003; Gaillard, 2007). Toutes les sciences sociales se sont intéressées à la question des risques, considérés comme un «mal commun» (Beck, 2001), déplaçant le champ des préoccupations de la dimension strictement territoriale du risque naturel vers ses conséquences sociales. Dans la communauté anglophone, une tradition radicale s’est concentrée sur l’état de fait constaté que la vulnérabilité est inégalement distribuée le long de l’échelle sociale, et que ce sont invariablement les plus faibles qui sont frappés de manière disproportionnée par les catastrophes naturelles (Adger, 2006; Adger, Winkels, 2007). Analyser la dimension sociale de la sensibilité au risque est une autre manière de chercher des éléments de remédiation à la sévérité des crises (Blaikie et al., 1994; Wisner et al., 2004). Les inégalités expliquent pourquoi les défaillances de la protection civile lors de la gestion des crises affectent très inégalement la capacité de réponse (qualifiée parfois de capacité de réaction, coping capacity) des populations sinistrées (Turner et al., 2003; Smit, Wandel, 2006; Gallopin, 2006).

Le delta du fleuve Ha Thanh, est soumis à des risques d’inondation subite, ce qui s’est concrétisé lors du passage du typhon Mirinae le 2 novembre 2009. L’étude de cet épisode va nous permettre d’illustrer les deux dimensions du risque au travers d’une enquête conduite par nos soins en juin 2012 auprès de la population du delta du fleuve Ha Thanh, à proximité de la ville de Quy Nhon, cité portuaire capitale de la province de Binh Dinh dans le Centre Viêt Nam (fig. 1). Nous reconstituons la «trajectoire de vulnérabilité» de ce territoire deltaïque (Magnan et al., 2012) afin de démontrer la construction structurelle de la sensibilité à l’aléa inondation dans une première partie. Cette trajectoire résulte en premier lieu de la dynamique de l’occupation du sol par l’homme, en particulier par le développement urbain qui multiplie les enjeux exposés aux aléas hydrologiques dans le delta. Notre enquête nous permet ensuite de rendre compte de certains aspects sociaux et qualitatifs de la vulnérabilité, en mettant en évidence les défaillances de la protection civile et la perception du risque par les résidents.

L’urbanisation du delta du fleuve Ha Thanh

Le bassin versant du fleuve Ha Thanh se termine par un delta d’une surface totale de 80 km2. Ce système fluvial relativement court (60 km) évacue les eaux de pluie, qui tombent sur les reliefs du haut bassin, vers la lagune de Thi Nai. La morphologie de la plaine deltaïque présente toutes les caractéristiques physiques d’un espace inondable (Meade, 1996): une faible pente (0,04%), une large plaine (7 km) au niveau de la mer (2 m d’altitude en moyenne), de multiples bras de décharge. L’occupation du delta est relativement comparable à celle des autres régions deltaïques du Viêt Nam (Gilard, 2006; Mottet, Roche, 2008): une forte densité de peuplement (environ 730 hab./km2), une prédominance de la riziculture et de l’irrigation, un habitat regroupé le long des routes remblayées, des systèmes de digues en terre et de rigoles pour contrôler l’inondabilité des terres et l’influence de la marée.

Avec près de 281 000 habitants au recensement de 2009, la ville de Quy Nhon est une ville moyenne. Le site urbain principal se trouve comprimé sur la flèche sableuse qui ferme au sud la rade naturelle de la lagune de Thi Nai. Une croissance urbaine rapide depuis 1976 pousse la ville à s’étendre vers l’intérieur en contournant les obstacles du relief et en suivant les axes de communication. L’axe d’expansion urbaine, en direction des basses terres de l’intérieur, est sécant au cours du fleuve Ha Thanh. L’expansion de Quy Nhon métamorphose l’occupation du sol dans le delta. La croissance urbaine se heurte à la rareté des terrains en dehors de la zone inondable. L’urbanisation du delta du fleuve Ha Thanh se développe donc, en dépit du risque inhérent au site, avec une stratégie de résistance au moyen d’endiguements. Ceux-ci limitent la zone d’expansion des crues et les terrains ainsi «protégés» deviennent urbanisables, même si l’on sait que les modes traditionnels d’occupation du sol sont mieux adaptés à la récurrence des crues que les aménagements urbains en cours de construction aujourd’hui. Dans ce contexte, le potentiel d’endommagement s’accroît (Reghezza, 2006 et 2009) suivant le «paradoxe du développement sécurisé» (Burby, 2006).

2. Carte de l'aléa inondation dans le delta du fleuve Ha Thanh

Les territoires ruraux de la périphérie de la ville sont sous sa juridiction. Au Viêt Nam comme en Chine, le statut «urbain» d’un territoire fait en effet l’objet d’une décision administrative, et ce territoire peut inclure des portions d’espace rural. Le delta du fleuve Ha Thanh est ainsi rattaché à la ville de Quy Nhon. Il est divisé en trois quartiers inégalement urbanisés. Le quartier de Dong Da, au sud-est est, en partie urbanisé, en continuité avec l’agglomération actuelle, alors que les quartiers de Nhon Binh, situé au nord, et celui de Nhon Phu, situé plus à l’ouest en amont du delta, conservent encore un paysage semi-rural (fig. 3). Ces trois quartiers comptent près de 68 600 habitants au recensement 2009, contre à peine moins de 52 000 habitants en 1999, ce qui correspond à une croissance de 32% sur la dernière décennie de recensement. Environ 41% de la croissance de la population urbaine de la période est localisée dans la plaine deltaïque.

L’établissement de notre carte de l’aléa inondation (fig. 2) dans le delta se fonde sur une combinaison de données géomorphologiques et topographiques (méthode hydrogéomorphologique de détermination des zones inondables; Ballais et al., 2011), sur la cartographie des zones habitées et leur recensement  (Recensement 2009) et sur des vérifications de terrain (mesures des hauteurs d’eau dans les habitations durant deux missions estivales en 2011 et 2012). La typologie de l’aléa naturel permet de dresser une cartographie qui distingue les niveaux suivants:

Deux transects en travers du delta permettent de préciser la répartition de la population en fonction de leur degré d’exposition aux inondations.

3. Renforcement des endiguements du delta du fleuve
Ha Thanh
Photo 1. Digue en béton en construction sur les rives du fleuve Ha Thanh

Environ 60 500 personnes habitent dans le delta et on estime que 80% de cette population rurale vit en zone de risque fort à très fort. Cette forte exposition au risque inondation nécessite donc de s’intéresser de plus près non seulement à ce fait commun à toutes les plaines deltaïques, mais aussi à la perception des populations exposées et à sa prise en compte dans les projets d’urbanisation dans le delta.

L’occupation du sol du delta est traditionnellement partagée entre deux fonctions principales, habiter et produire. Les villages traditionnels s’étirent le long des levées sur lesquelles se trouvent les routes. Les basses terres interstitielles sont consacrées à la riziculture. Les populations rurales qui vivent sur les rives du fleuve le connaissent bien et l’exploitent quotidiennement, car la rivière est aussi une zone de pêche et de pisciculture. Les inondations sont récurrentes. Durant le dernier quart de siècle, les zones habitées ont été inondées cinq fois: en 1987, 1996, 1999, 2007 et 2009. Face à ce risque récurrent, les autorités ont adopté une stratégie de résistance des plus classiques. Long de 12 kilomètres, le bras septentrional du delta était déjà partiellement contrôlé en 1998 grâce au renforcement de deux digues en béton d’une hauteur de 1,5 à 2 m, sur 1,9 km de long.

Le 2 novembre 2009, la tempête Mirinae a été accompagnée de pluies torrentielles qui ont provoqué des inondations dans toute la province de Binh Dinh; on a compté 300 000 sinistrés, 33 morts et des dégâts chiffrés à 49 millions d’euros. Elle est considérée comme la pire tempête essuyée par la province. Les rivières ont submergé les digues en terre du fleuve, inondant les quartiers deltaïques de Quy Nhon (0,8 mètre d’eau en moyenne). Par la suite, le delta a fait l’objet de grands travaux d’extension des endiguements en béton. En 2010, on a construit neuf digues supplémentaires d’une hauteur de 1,5 m à 3 m, sur 7,5 km de long. Puis, en 2012, quatre nouvelles digues (au total 3,8 km) ont été érigées (fig. 3 et photo 1). Toutefois, la multiplication des nouveaux endiguements n’est pas tant une réponse aux inondations catastrophiques provoquées par le typhon qu’un préalable à un vaste programme de développement urbain.

Le bras nord du fleuve est aujourd’hui contenu par 8 kilomètres de digues en béton sur ses deux rives. La hauteur moyenne des digues est de 2,5 mètres au-dessus du niveau moyen du fleuve. Mais l’ensemble des travaux de renforcement et des nouvelles constructions (photo 1) n’a pas été accompagné d’une réflexion sur l’optimisation du nouveau système d’endiguement ou d’une comparaison avec d’autres plaines littorales du Viet Nam. On peut craindre que la vulnérabilité d’une plaine d’inondation comme celle-ci ne soit aggravée par des politiques d’endiguement qui non seulement déconnectent hydrologiquement le lit mineur du reste de sa plaine, mais contribuent aussi à déconnecter socialement les populations de l’hydrosystème. La définition des politiques d’endiguement des plaines deltaïques devrait, idéalement, être accompagnée de modélisations hydrauliques avec et sans digues.

4. Bloc-diagramme (3D) du projet urbain à l'horizon 2020

En raison de sa situation avantageuse pour la desserte des provinces enclavées de l’intérieur et du développement d’une route d’accès vers le Laos, les autorités vietnamiennes ont d’ambitieux projets de développement urbain pour la ville de Quy Nhon en général et pour le delta en particulier. Le 1er Juin 2004, le Premier ministre a rendu publique la décision 98/2004/QD qui présente un plan de développement de la ville et du port à l’horizon 2020 (fig. 4). Il s’agit avant tout d’urbaniser les terrains qui entourent la lagune de Thi Nai en développant un complexe industriel et portuaire. Une vaste opération d’urbanisation nouvelle est programmée dans le quartier de Nhon Binh en aval du delta (fig. 4 et 5).

5. Plan masse du projet An Phu Thinh
Source: http://anphuthinh.com.vn/

Le changement d’usage du sol implique aussi des modifications environnementales dans le delta. La mangrove, des étangs et des marais salants vont bientôt disparaître, alors que ces zones humides peuvent jouer un rôle non négligeable dans la rétention et l’écrêtement «naturels» des crues (Secrétariat de la Convention de Ramsar, 2013 ; Tran, 2009). Des modifications des bras du delta, par disparition ou corsetement, entraîneront des changements des conditions d’écoulement des lames d’eau venant des hauts bassins. Les crues liées aux évènements typhoniques agiront différemment sur la plaine deltaïque modifiée. Les mutations programmées de l’écosystème du delta et de l’agrosystème traditionnel peuvent aussi être considérées comme des facteurs d’aggravation de la vulnérabilité sociale dans le delta.

L’urbanisation du delta multipliera les enjeux localisés en zone inondable. Toutefois, le potentiel d’endommagement des inondations dépend aussi de la sensibilité des populations résidentes et de la capacité de réponse des autorités.

La vulnérabilité n’est pas seulement une question d’exposition

6. Sites d'enquête dans le delta du fleuve Ha Thanh

La vulnérabilité aux aléas naturels est un concept multidimensionnel qui comprend aussi des aspects qualitatifs et une dimension sociale. La capacité à affronter une situation de crise dépend de la protection civile, mais aussi de la perception du risque. Une enquête de terrain nous permet d’apprécier ces différents aspects dans le delta du fleuve Ha Thanh.

Une enquête a été menée auprès des habitants du delta en juin 2012. Les onze sites d’enquête sont situés principalement le long du bras nord du fleuve et à proximité de la lagune de Thi Nai, dans les secteurs potentiellement les plus exposés aux aléas hydrologiques (fig. 6). La sélection des sites d’enquête n’a pas suivi une procédure d’échantillonnage systématique. Il ne s’agissait pas de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble de la population du delta, mais de recueillir des témoignages sur le déroulement des événements de 2009. Cela nous a permis de reconstituer le vécu des sinistrés du typhon Mirinae d’une part, et d’apprécier leur perception des risques auxquels les expose la localisation résidentielle d’autre part. Nous avons recueilli 98 réponses exploitables au questionnaire sur la vulnérabilité au risque d’inondation lors de cette enquête.

La capacité de réaction au moment où l’inondation survient est déterminante. Une sécurité civile bien organisée minimise les risques. L’expérience du typhon Mirinae montre que la gestion de crise a été défaillante.

Les inondations fluviales sont généralement associées au passage d’une perturbation tropicale. La saison des typhons s’étend d’octobre à novembre dans le centre-sud du Viet Nam. Bien que le littoral vietnamien soit relativement protégé par la barrière de l’archipel des Philippines, on a dénombré pas moins de 55 typhons et tempêtes tropicales ayant touché les provinces du Sud-Est, s’étendant de celle de Binh Dinh à celle de Binh Thuan entre 1964 et 2010, soit plus d’une fois par an. Les précipitations exacerbées dans les montagnes s’écoulent très rapidement vers la mer. Ainsi, le typhon Mirinae a-t-il déversé 815 mm de précipitations sur le bassin versant du fleuve Ha Thanh les 2 et 3 novembre 2009. Alors que les pluies intenses ont été enregistrées le 2 novembre à partir de 16h à la station météorologique de Van Canh, la montée des eaux a été quasi immédiate dans le delta; à la station de Dieu Tri, le pic de crue a été atteint au bout de 9 heures (fig. 7). C’est un exemple caractéristique de crue rapide en cas de typhon (Gruntfest, Handmer, 2001) face à quoi les dispositifs de prévention sont trop souvent insuffisants (Montz, Gruntfest, 2002). Les personnes interrogées déclarent que la crue du fleuve a submergé les digues et atteint les maisons entre 21h et 23h de l’amont à l’aval du delta. Les ondes de crue se sont succédé durant toute la nuit, avec de forts courants au dire de 63% des témoins interrogés. Une lente décrue n’a commencé qu’entre 4h et 6h du matin et l’inondation a pris plusieurs jours pour se résorber. L’amplitude de l’inondation était d’autant plus grande que la surcote marine provoquée par le typhon limitait l’écoulement des eaux fluviales vers l’aval.

7. Hyétogramme et hauteur des inondations (2-3 novembre 2009)
Relevés effectués à la station météorologique de Van Canh et à la station hydrologique de Dieu Tri du 02/11/2009 à 7h jusqu'au au 03/11/2009 à minuit.
(Cliquer pour zoomer)

La protection civile a été particulièrement défaillante pendant et après le typhon, comme si les populations rurales sinistrées n’avaient aucune importance aux yeux des autorités. La catastrophe illustre donc bien la dimension sociale de la vulnérabilité aux risques naturels. Près de 72% des personnes interrogées ont été informées de l’approche du cyclone par la télévision, la radio ou la presse, mais les médias n’ont pas diffusé d’ordre d’évacuation. Plus de 83% des répondants indiquent que les responsables n’ont fourni aucune aide aux riverains du fleuve pendant la tempête. Ce n’est que dans les jours suivants que des distributions de riz, d’eau et de nouilles instantanées aux sinistrés ont été mises en place. Près de 37% des personnes interrogées ont répondu que les autorités ont fait distribuer du riz, mais 26% mentionnent n’avoir reçu aucune aide. De surcroît, nous savons grâce à l’enquête que les aides n’ont été distribuées qu’une semaine environ après le typhon. La distribution de nourriture et d’eau potable a été lentement mise en place et inégalement répartie.

Privés d’eau potable et d’électricité, 66% des sinistrés ont déclaré avoir eu une vie très difficile durant les 2 à 4 jours qui ont suivi la tempête. Les eaux ne se sont retirées que très lentement et les routes étaient coupées. Ils ont eu beaucoup de difficultés à évacuer l’eau de leur maison ainsi qu’à en assécher les murs après la décrue. La nourriture stockée dans la maison a été en grande partie perdue. Toutefois, 15% des répondants ont moins souffert, soit parce que leurs maisons étaient construites en matériaux plus résistants, soit parce que leur logement étant situé sur une parcelle un peu surélevée, ils ont subi une inondation de moins de 20 cm au rez-de-chaussée. Enfin, 10% des sinistrés ont été obligés de quitter leur maison pour être hébergés par des voisins. Treize toitures ont été arrachées, trois maisons se sont effondrées et les fondations de l’une d’entre elles ont été gravement endommagées (tableau 1). L’entraide a tenté de compenser l’absence de secours.

Cette crise a souligné cruellement les carences de la protection civile et les problèmes logistiques : difficulté de se déplacer dans le delta, absence de routes insubmersibles permettant le déplacement des secours, ainsi que insuffisance et obsolescence des moyens d’intervention. Les populations les plus démunies ont dû faire face à la catastrophe avec leurs propres moyens. Le recours à la protection civile n’est pas un réflexe au Viêt Nam. Interrogées sur les mesures qu’il conviendrait de prendre, seules treize personnes souhaitent disposer de prévisions météorologiques de meilleure qualité, six demandent la mise en place d’un dispositif d’alerte, sept aimeraient la mise en place d’équipes d’intervention rapide, trois voudraient disposer de canots et trois autres souhaitent simplement qu’on les aide à reconstruire leurs maisons (tableau 2). L’adaptation des habitations n’est pas une réponse envisagée pour réduire le risque hydrologique.

Les populations rurales du delta sont conscientes des risques auxquels elles sont exposées. Sur les 98 répondants, 95 l’ont dit.

De manière correcte, les risques identifiés sont associés au fleuve (48% des réponses) et aux typhons (44% des réponses) (tableau 3). En effet, 94% des répondants ont subi personnellement les inondations provoquées par le typhon.

Interrogés sur les risques majeurs, 86% des répondants déclarent redouter les inondations du fleuve, et 13% les dégâts causés par les vents. Ces réponses sont fondées sur l’expérience directe. En effet, 13% des répondants parlent de toitures arrachées par les vents durant l’épisode Mirinae, alors que 40% déclarent que leur maison a été inondée. Les répondants ont subi une inondation plus ou moins forte selon la configuration de leur maison (tableau 1).

Certains restent toujours marqués par ces événements passés. Dès qu’il pleut, ceux qui le peuvent montent leurs biens à l’étage. Près de 44% des résidents ne se sentent plutôt pas en sécurité en dépit des endiguements réalisés depuis le passage du typhon, et 13% ne se sentent pas du tout en sécurité. Ce sentiment d’insécurité majoritaire témoigne en premier lieu de la vivacité du souvenir laissé par une catastrophe récente, mais il souligne aussi le niveau de vulnérabilité sociale de la population vivant dans le delta: pauvreté, habitat fait de maisons basses, sans étages construites en matériaux relativement fragiles, à proximité de la rivière. Une forte minorité des répondants sont conscients du risque de rupture des digues (32% des réponses, cf. tableau 3). Interrogés sur les mesures de prévention et d’atténuation souhaitables (tableau 2), une majorité des personnes interrogées plébiscitent les stratégies de résistance structurelle: 46% réclament la surélévation des digues, 10% demandent l’édification de barrages en amont du fleuve, 9% suggèrent le dragage régulier du lit mineur du fleuve pour en accroître la capacité d’écoulement.

L’urbanisation modifie sensiblement la structure sociale de la population du delta. Il y a un conflit d’usage très marqué entre l’urbanisation et l’agriculture traditionnelle. Les populations qui résident actuellement dans les secteurs les plus exposés dépendent du fleuve pour en tirer leur subsistance. Ils exploitent des marais salants, pêchent ou pratiquent l’élevage de crevettes et de poissons. L’aménagement des nouveaux quartiers oblige les paysans et pêcheurs pauvres que nous avons interrogés à déguerpir, parce que le gouvernement leur propose des compensations dérisoires au regard du prix élevé des nouveaux logements. Avec le départ des anciens habitants du delta, la mémoire du risque va aussi se perdre.

Ces transformations auront un effet ambivalent sur la vulnérabilité sociale au risque d’inondation. D’un côté, ces transformations vont réduire le nombre d’habitations précaires sur les rives du fleuve et les endiguements vont protéger les nouveaux quartiers urbains. Mais l’urbanisation multiplie les enjeux localisés en zone inondable. À notre avis, le changement d’occupation du sol en cours aggrave les risques. Les nouveaux quartiers urbains sont intrinsèquement beaucoup plus vulnérables, car une population rurale consciente des risques va en être délogée au profit d’une population urbaine beaucoup plus nombreuse placée sous la protection toute relative des endiguements qui la déconnectent du fleuve.

Conclusion: une catastrophe semble inévitable

La trajectoire de vulnérabilité du delta du fleuve Ha Thanh est nettement ascendante. L’aléa inondation est inhérent au delta, mais la pression de l’urbanisation accroît le potentiel d’endommagement, d’autant qu’elle progresse en opposition à l’hydrosystème, dont le comportement naturel est affecté par l’élévation progressive du niveau marin, d’une part, et le renforcement attendu des précipitations exacerbées du fait du réchauffement climatique dans cette partie du monde d’autre part. Le centre du Viet Nam pourrait connaître, en 2100, une élévation moyenne du niveau de la mer d’un mètre et une augmentation des températures de près de 3°C (Chaudhry, Ruysschaert 2007; Cruz et al., 2007, p. 476). Dans ces conditions, la pression augmente de part et d’autre, quoique à des rythmes différents, pour créer les conditions propices à une inondation future encore plus catastrophique que celle  provoquée par le typhon de 2009. Face à la montée des risques, la stratégie de résistance adoptée ne fait que multiplier les enjeux et renforcer à terme la sévérité du risque même si elle en fait baisser la probabilité d’occurrence. S’il était encore nécessaire de le démontrer, l’étude du cas du delta du fleuve Ha Thanh à Quy Nhon illustre bien le fait que le risque dit «naturel» est principalement une construction sociale.

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Le nouveau PPN entré en vigueur en 2013 ne présente pas de modifications significatives pour ce qui concerne notre problématique.
Stages dont la durée maximale est de 12 semaines pour les étudiants suivant la formation initiale, découpés en 4 semaines pour la première année du DUT et 8 semaines pour la seconde année.
Par ailleurs, c'est à la suite d'une information communiquée par des étudiants de seconde année de DUT en formation initiale que figure, dans l'espace informatique où les enseignants stockent des documents complémentaires aux cours, un commentaire d'une synthèse sur la conduite du diagnostic de territoire proposée dans le cadre du diplôme d'État aux fonctions d'animation délivré par les Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Les intitulés de cette synthèse lui conférant un fort degré d'exhaustivité, notre commentaire porte sur la gestion du temps dans l'acquisition des connaissances requises pour chacune de ses rubriques.
Le PPN indique ainsi, à propos des compétences professionnelles visées en animation sociale et socioculturelle: «L'animateur titulaire du DUT élabore et met en œuvre des projets d'animation…» (PPN, 5).
Au regard de l'abondance et de la diversité des analyses qu'a suscitées la technique des cartes mentales, dont les étudiants en DUT d'animation ne sauraient maîtriser la bibliographie, cette inventivité est beaucoup plus souvent une re-découverte qu'une réelle innovation. Toutefois, le processus de recueil de ces cartes est très souvent pour eux une expérience étonnante, un multiplicateur de réflexivité qui leur permet d'appréhender 'concrètement' la complexité du concept d'espace.
Dans la logique des mappes, la réunion est une des formes de relation existant entre des objets géographiques, lesquels sont constitués par un lieu et une information (par exemple le lieu Sainte-Mère-Église et l'information «centre social»), la forme de relation où l'information est identique pour chacun des lieux, ces couples lieux-information définissant un tout (ici, l'ensemble des centres sociaux de la Manche).
Dans la logique des mappes, l'inclusion est la forme de relation entre des objets géographiques qui, réunis dans un tout, se distinguent par une même information (ici, la situation de centre social rural), différente de l'information qui a permis de définir un tout initial.
Dans la logique des mappes, l'intersection est la forme de relation entre les objets géographiques pour lesquelles deux informations différentes (ici, les animateurs des centres sociaux de Sainte-Mère-Église et ceux de Lessay) partagent les mêmes lieux (ici, des salles de réunion à Saint-Lô et Montmartin-sur mer).