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Frontières palestiniennes: regards croisés des géographes

C’est un ouvrage (1) d’espoir de paix que nous offre l’AFDG à travers ce regard croisé des géographes israéliens, palestiniens et français sur les frontières palestiniennes. Certes, l’association n’avait pu réunir en un même débat les deux parties lors de la manifestation qui avait eu lieu en deux séances séparées en janvier et février 2003. Pourtant six mois plus tard (en novembre 2003), les accords de Genève nous montraient qu’il était possible de réunir tout le monde autour d’une table de négociation. Si les géographes français n’ont pu égaler l’événement de Genève, au moins ont-ils réussi à réellement croiser les regards géographiques.
Les géographes invités, bien que ne pouvant officiellement se rencontrer, se connaissent bien et ont déjà accompli de grands pas les uns vers les autres. On parle, bien sûr, de frontières comme rarement on en avait parlé. Ainsi, Bashar Jumaa nous montre l’évolution journalière de la forme et de la superficie du territoire palestinien au cours des négociations de Taba en 2001. Les traités successifs révèlent la mise en place de dispositifs de plus en plus complexes dont Jad Isaac et Nael Salman nous rappellent la chronologie. Les territoires sont décrits de part et d’autre selon les nombreuses hypothèses issues des différents accords. Ils sont dévoilés par leurs réalités spatiales. Le partage de Jérusalem est la question la plus délicate sans doute, puisqu’elle se situe, selon Irène Salenson, à trois niveaux: la ségrégation ethnico-religieuse, la gouvernance locale et la juridiction internationale. Les analyses très nuancées de ces géographes, situés de part et d’autre du conflit, témoignent d’une ouverture et d’une compréhension réciproques. Ainsi l’Israélien Barry Rubin qui, dans l’analyse de la défiance israélienne envers le pouvoir palestinien, distingue les visions des intentions de celles des compétences afin de tenter une «évaluation réaliste» des craintes des Israéliens. À la question: «est-ce que ce qui est mentionné plus haut constitue une preuve que tout accord de paix serait soit une erreur, soit impossible?», il répond «non» sans hésiter. C’est dans le même esprit que se place le Palestinien Bashar Jumaa, qui décrit les revendications territoriales et organisationnelles de part et d’autre. Finalement, comme le suggère Yves Guermond en introduction de l’ouvrage, les deux États ont besoin de la force de l’autre qui leur garantira, dans le cadre de frontières justes, sécurité, paix et développement.

Céline Rozenblat


(1) AFDG (2004). «Frontières palestiniennes: regards croisés des géographes». Numéro 28 de la revue Géographes associés.