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L’Atlas interactif du monde en mutation

Le récent succès public et commercial du film Home, fruit d’un partenariat entre le médiatique photographe Yann Arthus-Bertrand et la Fondation PPR de François Pinault, ne doit pas faire oublier d’autres initiatives plus discrètes mais aussi plus scientifiques en faveur de la préservation de l’environnement, celles du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, UNEP en anglais), par exemple. Le PNUE, dont le siège mondial est à Nairobi, au Kenya, se fixe un objectif qui est résumé en un slogan intelligemment formulé: «L’Environnement au service du développement». Selon ses dirigeants, le «Programme joue le rôle de catalyseur, de défenseur, d’instructeur et de facilitateur œuvrant à promouvoir l’usage avisé et le développement durable de l’environnement mondial».

Las Vegas: expansion urbaine entre 1973 et 2006

Le site du PNUE est copieux (1). Il propose photographies, documents audiovisuels, vidéos, textes, etc. Un Atlas de notre monde en mutation (Atlas of Our Changing Environment) a retenu mon attention. Il est intéressant, en dépit d’une mise en page peu esthétique.

À partir d’un planisphère issu de Google Maps, on peut accéder à quelque 180 lieux, majoritairement en Afrique, sélectionnés pour le problème écologique qu’ils posent. En cliquant sur le sigle UNEP les indiquant (ou sur une liste alphabétique), on obtient des informations synthétiques sous forme de fiches ordonnées et standardisées. Deux (parfois trois) images satellitaires permettent de comparer plusieurs états de la situation locale (généralement espacés de 20, voire 30 ans, soient l’équivalent d’une génération). Un texte bref (en anglais uniquement) explique la mutation écologique et spatiale du lieu. Des photographies de haute résolution accompagnent ce texte. On peut retrouver les mêmes éléments sur Google Earth mais sans information supplémentaire vraiment significative.

Je choisis un exemple dans l’Atlas de notre monde en mutation, celui de Las Vegas, dans le Nevada. Il s’agit de l’aire métropolitaine croissant aujourd’hui le plus vite aux États-Unis. À partir de 1950, l’économie du tourisme, fondée principalement sur les casinos et l’industrie hôtelière, a profondément modifié la ville et son territoire. De moins de 25 000 habitants en 1950, la vallée de Las Vegas abrite aujourd’hui presque deux millions de personnes, sans compter les touristes, environ 39 millions par an. La population locale pourrait doubler d’ici 2015. Le problème des ressources en eau, insuffisantes, est crucial car Las Vegas est implantée dans une zone quasi désertique.

Deux images satellitaires (1973 et 2006), associées à deux photographies, montrent l’exceptionnelle expansion de l’agglomération et des réseaux de transport, principalement vers le nord-ouest et le sud-est.

Que peut-on reprocher à cet atlas? Avant tout de ne pas expliciter clairement le choix des sites proposés (pourquoi l’agglomération parisienne et pas le Grand Londres?) et la brièveté des commentaires. Les documents datent parfois de plusieurs années, mais restent éclairants. Ils sont tous tirés d’ouvrages édités par le PNUE. On peut citer le dernier en date, publié sur papier en 2009, également consultable en ligne: Kenya. Atlas of Our Changing Environment.

Laurent Grison

Note

1. Pierre Usselmann l’avait évoqué dans un article sur «La Cordillère Blanche» (Mappemonde, n°79, 3/2005).