Évaluation et cartographie de la sécheresse des sols forestiers normands à l’horizon 2100
Pour lutter contre le changement climatique, la forêt représente un levier dont l’importance n’a pas manqué d’être soulignée dans la loi n°2006-11 du 5 janvier 2006 d’orientation agricole: «La gestion forestière et la valorisation des produits forestiers contribuent à la réduction des émissions nationales de gaz à effet de serre et au développement des énergies renouvelables». Cependant, pour remplir efficacement ce rôle, la forêt devra pouvoir maintenir son potentiel de production de biomasse dans un contexte où le réchauffement apparaît comme une contrainte à son bon développement (sécheresse, incendie, insectes ravageurs…). Dans son dernier rapport en 2007, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme que de nombreuses essences forestières du Nord-Ouest de l’Europe (chêne pédonculé, hêtre) vont être fortement fragilisées et menacées de disparition en raison du renforcement de la sécheresse des sols.
En France, les conséquences immédiates ou différées de la canicule de 2003 ont amené les forestiers à repenser les pratiques de gestion sylvicole en réponse à une élévation probable des températures sur le long terme. L’attention a plus particulièrement porté sur les modalités de renouvellement des peuplements: maintenir les essences actuelles lorsque l’augmentation du stress hydrique n’est pas envisagée (ou très limitée); et en implanter de nouvelles là où l’on risque d’assister à un renforcement de la sécheresse édaphique. Cette dernière pratique suppose de disposer d’informations prospectives robustes concernant le diagnostic spatial du bilan hydrique car le degré de résistance à la sécheresse des sols est un facteur essentiel pour la croissance et la survie des arbres.
Ce travail d’évaluation et de cartographie du stress hydrique — à l’échelle locale — a été mené sur les principales forêts du Calvados (14 000 ha), pour la période actuelle et à l’horizon 2100, selon le scénario climatique A1B du GIEC. Les résultats montrent que la sécheresse des sols forestiers affecte actuellement environ 5% de la superficie totale des massifs du département. Pour 2100, les calculs préfigurent une accentuation spectaculaire du déficit en eau: près de 80% des surfaces forestières seraient touchées par une sécheresse des sols marquée. Ce travail original, transposable dans la plupart des régions françaises, confirme l’urgence de prendre en considération l’impact du changement climatique dans la production de documents de planification forestière en vue d’une gestion durable des forêts.
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