N°101

Les portails cartographiques de France et d’outre-Manche remontent
le temps

Le web est utilisé depuis peu comme vecteur de diffusion — on pourrait presque dire de réédition — de cartes anciennes. Il peut paraître paradoxal d’utiliser la pointe de la technologie web en cartographie à cette fin. Et pourtant, les  outils de visualisation interactive, après avoir servi à mettre en ligne les cartes les plus utiles et les plus récentes, sont utilisés aujourd’hui comme moyen de diffusion de ressources cartographiques plus rares, difficilement accessibles dans leur format original.
1. Toulouse, carte d’État-Major, milieu du XIXe siècle
Source: Géoportail, IGN

C’est le cas notamment de cartes anciennes remarquables, qui sont maintenant offertes au public après un travail de restauration et d’harmonisation souvent important. On se souvient de la mise en ligne de la carte de Cassini, numérisée et calée, résultat d’un projet piloté par une équipe EHESS/CNRS et la Bibliothèque Nationale (http://cassini.ehess.fr), que l’on retrouve sur le Géoportail de l’IGN depuis octobre 2008. Ce même Géoportail propose depuis peu (24 février 2011) une autre carte extraordinaire, qui succéda à la Cassini, la carte d’État-Major, dans une version en couleur magnifique (consulter).

2. Perpignan, carte d’État-Major, milieu du XIXe siècle 3. Dunkerque, carte d’État-Major, milieu du XIXe siècle
Source: Géoportail, IGN

Comme l’indique la notice, cette version en couleur est exclusive, car tirée des dessins-minutes de terrain exécutés à l’aquarelle. Les levés se sont déroulés de 1825 à 1866. Sans vouloir faire ici un descriptif de cette carte, on peut simplement admirer la beauté de certaines représentations et laisser l’imagination combler les 150 ans qui nous séparent de cette vision des territoires.

4. Carte topographique de la Grande-Bretagne, échelle du millionième, 1933
Source: Ordnance Survey

De l’autre côté de la Manche, on s’active aussi pour permettre la (re)découverte de cartes topographiques anciennes, avec le projet «Historic Map» de la National Library of Scotland: (notice explicative).

Moins anciennes, datées de 1919 à 1947, les cartes présentées ici n’en sont pas moins belles. Leur copyright Ordnance Survey a expiré, on peut donc les réutiliser librement. L’outil de présentation, prévu pour être intégré dans des sites Internet et des applications mobiles, a l’avantage de la discrétion. On peut ainsi explorer le passé sans souffrir d’une interface étriquée ou trop hétéroclite, et naviguer dans les quatre échelles proposées, du millionième pour toute la Grande-Bretagne au très anglais pouce par mile (1/63360e).

5. Billingham, quartier pavillonnaire 6. Loch Ness, Écosse
comté de Durham, Nord-Ouest de l’Angleterre, carte Ordnance Survey One-inch to the mile, New Popular edition, England and Wales, 1945-1947. Ordnance Survey One-inch to the mile, Popular edition, Scotland, 1920-1930.

Les tons verdoyants de la carte au millionième, typiques de la cartographie anglaise, offrent une harmonie colorée dépaysante. Le dépaysement est encore accentué par l’aspect tératoïde de certaines formes urbaines.

Malgré nos efforts, le monstre du Loch Ness reste cependant introuvable.