N°104

L’Afrique, terre d’oralité: Eldorado pour le téléphone mobile?

En Afrique comme ailleurs, le téléphone mobile est devenu un objet de la vie courante. Ses effets sociaux, économiques et politiques sont considérables. Afin de les apprécier, il faut toutefois résoudre la question de l’accès aux données. Les modalités de réponse aux offres de téléphonie mobile présentées par les grands opérateurs internationaux sont beaucoup plus complexes que celles observées en Europe. Notre choix s’est porté sur les bases de données fournies par l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), elles-mêmes obtenues auprès des instances étatiques directement concernées. Parmi celles-ci, nous avons privilégié le taux de souscription à des services de téléphonie mobile pour 100 habitants, ce qui nous a conduits à mesurer l’écart à la moyenne continentale de chaque État, en 2000 et 2010.

En 2010, un peu plus de la moitié de la population africaine est équipée en téléphone mobile contre moins de 2% en 2000. Bien qu’en très forte croissance, ce taux reste inférieur à ce qu’il est dans le reste du monde.  L’Afrique constitue donc un marché à fort potentiel, extrêmement attractif et, par conséquent, profondément concurrentiel. Cette croissance met toutefois en évidence une  grande disparité des situations. En 2000, l’accès à la téléphonie mobile était relativement homogène à l’exception de quelques États. La cartographie de l’écart à la moyenne continentale des souscriptions à des services de téléphonie mobile en 2010 révèle un écart croissant entre les États dans leur équipement en téléphonie mobile. Ces quelques éléments cartographiques dévoilent l’existence d’une fracture téléphonique considérable. Dans un contexte pourtant dynamique, cette fracture illustre-t-elle seulement les disparités de développement au sein du continent africain ou dessine-t-elle l’esquisse d’une étape transitoire vers une future homogénéisation du marché ?

Entre désir de modernité et promesse d’une ouverture sur le monde, les populations africaines sont soumises aux décisions des grands opérateurs mondiaux qui affluent vers ce nouvel eldorado africain. La concurrence effrénée qui les oppose rend très difficile l’identification précise des acteurs de ce marché. Seules les informations saisies sur les sites institutionnels des grandes sociétés repérées comme actives sur le marché africain permettent d’en préciser les stratégies.

Demeure la question de la contribution au développement des populations de la téléphonie mobile, inscrite par ailleurs dans la continuité d’une oralité à l’aise avec la mondialisation.

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