Évaluation de publications cartographiques au format Geospatial PDF
Le projet a été mené en collaboration par les instituts IRSTV et IICT/SYSIN.
Problématique
Les nouveaux enjeux environnementaux, économiques et démographiques actuels nous invitent à repenser la manière de concevoir nos villes et imposent une communication de qualité entre les différents acteurs des projets urbains. La carte, capable de représenter au mieux le caractère territorial, est ainsi un outil clé de partage de connaissances, au coeur du processus de décision. Ce travail est donc centré sur la problématique de diffusion de résultats territoriaux qu’ils soient scientifiques, statistiques, géographiques, etc., auprès d’utilisateurs, des cibles aux sensibilités différentes.
Contexte
La question de la diffusion nous amène à réfléchir à la manière de partager l’information géographique et à discuter l’intérêt des différents supports selon les usages et les cibles visés.
C’est ce qu’explore le projet SCAPC2 (Standard-Centered Authoring and Publication of Cartographic Content) porté par les laboratoires IRSTV et IICT. Ce projet aborde la création d’une plateforme de composition cartographique collaborative et de publication multi-cibles/multi-supports (fig. 1) en posant quatre grandes problématiques:
- Cartographic Content: le contexte cartographique composé à la fois de la représentation des données géospatiales mais aussi d’éléments contextuels permettant une bonne lecture et une bonne compréhension, et permettant d’enrichir le message;
- Authoring: création d’une plateforme collaborative de composition de cartes (profils complémentaires d’acteurs: scientifiques, thématiciens, cartographes, gestionnaires de publication, et environnements logiciels hétérogènes);
- Polypublication multi-supports et multi-cibles: une source unique, plusieurs déclinaisons de publication adaptées à la cible, au besoin final de l’utilisateur et au support média (informatif, analytique, statique, dynamique, passif, interactif);
- Standard-Centered: utilisation des standards de l’OGC (Open Geospatial Consortium) pour une description commune du contenu cartographique et l’intéropérabilité du système de publication.
| 1. La plateforme SCAPC2, de la composition cartographique à la publication finale |
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Le Geospatial PDF est au départ une norme permettant de géoréférencer un document PDF. Plus généralement, on entend par ce terme une carte PDF possédant certaines des fonctionnalités suivantes: géoréférencement, multi-couches, données vectorielles pouvant contenir des informations sémantiques, images rasters, textes explicatifs, légende dynamique, etc.
Le travail que nous avons réalisé consiste à évaluer l’intégration du Geospatial PDF dans le projet SCAPC2, au regard des autres supports de diffusion de l'information géographique (cartes en ligne, globes 3D, cartes papiers, etc), en tant que support récent réunissant certains avantages des médias interactifs et des médias imprimés.
L’évaluation de ce format se fera à travers un projet urbain précis: l’évaluation du Plan de déplacements urbain de Nantes-Métropole (Eval-PDU).
Développement de l’application
Une première étape consistait donc à développer un outil de publication automatique, libre et gratuit, au format Geospatial PDF.
L'intégration de ce développement dans le projet SCAPC2 doit permettre d’apprécier la compatibilité de ce format avec les standards de la cartographie en ligne et donner un cadre à la conception d'un moteur de polypublication (fig. 2).
| 2. Schéma de l’application développée |
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L’outil créé prend donc en entrée deux éléments :
- un contexte cartographique contenant la liste des couches à représenter et des informations descriptives basé sur le standard OWSContext;
- un modèle configurable de mise en forme de la publication finale.
Toujours afin de répondre à l’approche SCAPC2, le contexte cartographique doit être indépendant du format de sortie (ici le Geospatial PDF) et donc également du fichier de configuration (qui lui est particulier à la cible de sortie). Ainsi, un même document décrivant le contexte cartographique pourrait être utilisé pour différents supports selon la cible à laquelle il est destiné. Le moteur de publication se base sur des standards OGC comme WMS (Web Map Service), et SLD (Styled Layer Descriptor). Il utilise la bibliothèque OrbisGIS développée à l'IRSTV pour le rendu des couches de données et la bibliothèque iText pour l’export en PDF.
| 3. Pollution atmosphérique à Nantes au format PDF |
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| Document présentant la pollution atmosphérique de Nantes au format Geospatial PDF et montrant les fonctionnalités de géoréférencement et de choix des couches |
| 4.Présentation de la fonctionnalité interrogation des attributs |
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| 5. Carte du bruit de Rezé au format Geospatial PDF présentant un zoom dynamique |
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L’application développée offre une bonne contextualisation de la carte grâce à l’ajout de textes, photos, images, etc. Elle offre de nombreux choix dans la publication, en particulier dans le degré d’interaction conféré au document PDF ce qui permet d’adapter le support à la cible et à l’usage voulus (tout public, scientifiques, urbanistes, élus, etc). De plus, elle automatise la publication de cartes interactives. Enfin, il est important de noter que c’est la première application libre et gratuite de publication au format Geospatial PDF.
Résultats
Une fois l’application développée, nous avons pu créer des publications cartographiques au format Geospatial PDF à partir des données du programme Eval-PDU (fig. 3, 4 et 5). Ces exemples nous ont permis d’apprécier le bon fonctionnement de l’application. De plus, l’évaluation de ces cartes auprès de scientifiques travaillant sur le programme Eval-PDU et souhaitant diffuser leurs résultats nous a permis de cerner l’usage de ce format à la fois statique et interactif, adapté à la publication cartographique synthétique et contextualisée.
Le format Geospatial PDF est statique au sens où la représentation cartographique et la mise en forme du document sont figées. L’utilisateur ne peut modifier la légende appliquée aux différentes couches: celles-ci restent donc conformes aux règles de la cartographie appliquées en amont par le cartographe. Ce côté statique, bien que ne permettant pas la mise à jour automatique des résultats, augmente la portabilité de la publication qui est indépendante d’une connexion réseau. D’un autre côté, l’interactivité est un grand atout du Geospatial PDF. L’utilisateur peut choisir les informations qu’il souhaite mettre en exergue afin de dégager des relations entre les différents thèmes représentés. Il peut questionner les objets sur leurs données attributaires. Un zoom dynamique permet de naviguer dans la carte et une couche ne peut être visible que pour certains niveaux de zoom. Seules les informations visibles à l’écran sont imprimées, ce qui intéresse particulièrement l’utilisateur qui souhaite approfondir son travail sur papier.
Néanmoins, la tentation de pousser trop loin certaines possibilités du format PDF peut exister. Un usage impropre serait de vouloir créer une réelle interface homme-machine à l’instar d’une application cartographique (fenêtres ajustables, déplaçables, boutons, etc).
Par exemple, les utilisateurs seraient tentés de demander une fenêtre déplaçable contenant la légende afin qu’elle soit visible quel que soit le zoom dans le PDF. Néanmoins cela alourdirait fortement la publication et nous perdrions la qualité d’impression du format liée.
Rappelons que l’on utilise bien un «lecteur» de document PDF, et non pas un moteur d’exécution d’application.
Conclusion
Le travail effectué nous a permis de bien confirmer le potentiel d’utilisation du Geospatial PDF: celui d’un atlas interactif portable et prêt pour l’impression. Bien qu’il puisse être perçu comme une régression aux regards des applications de cartographie dynamiques, ce format est particulièrement intéressant pour l’intégration rapide de cartes interactives et faciles d’emploi dans des rapports de projets urbains et des documents d’urbanisme comme le PDU.
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Contacts: Olivier Ertz et Erwan Bocher