N°106

Un regard actuel et détaillé sur la métropole anglaise

À l’aube des Jeux Olympiques de 2012, l’Atlas de Londres de Manuel Appert, Mark Bailoni et Delphine Papin publié aux Éditions Autrement offre un portrait actuel, frais et détaillé de la capitale britannique. Accompagné de nombreuses cartes, d’illustrations très colorées et d’annexes utiles et originales, ce livre de 96 pages convient à la fois aux initiés comme à ceux qui veulent découvrir ou mieux comprendre Londres.

Les auteurs proposent un ouvrage en cinq parties. Retraçant brièvement les origines historiques de la métropole, ils se concentrent ensuite sur son rôle aux niveaux mondial et régional, sur son articulation interne pour finalement ouvrir leurs réflexions sur les défis futurs. Quoique cette structure narrative puisse supposer une description traditionnelle des éléments clés de la ville, les auteurs ont fait le choix judicieux de mettre en avant les aspects spécifiques qui font de Londres une métropole en perpétuelle mutation.

Cette notion de métropole en mutation est introduite dès les premières sections du livre avec l’évocation de deux crises qui ont poussé Londres «à se réinventer»: le grand incendie de 1666 et le Blitz. Par ailleurs, les pages sur la City nous rappellent la place centrale de Londres dans l’Empire britannique tout en nous livrant une analyse plus détaillée de la dynamique économique actuelle du cœur historique de la ville ainsi que des contrecoups de la crise de 2008-2009. Les nombreuses sections sur le rôle de Londres comme terre d’asile et d’immigration révèlent le caractère ouvert et multi-culturel de la société anglaise, fait tempéré par des tensions sociales et une ségrégation spatiale notoire illustrées lors des émeutes de l’été 2011. Cela n’empêche pas Londres de continuer à se moderniser avec de grands projets urbains comme le développement de la Skyline, le complexe de Canary Wharf ou la revitalisation de l’Est de Londres pour les prochains Jeux Olympiques. Les auteurs portent ainsi un regard très actuel sur la ville tout en déconstruisant les jeux économiques, sociaux et politiques sous-jacents à ces nombreux projets. L’examen du rôle prépondérant de Londres dans le Sud de l’Angleterre donne aussi au lecteur une bonne compréhension du rayonnement économique de la métropole au niveau national tout en décrivant les enjeux de développement urbain. Ces enjeux sont bien illustrés dans la dernière partie du livre qui traite de durabilité et dévoile certains des problèmes environnementaux et architecturaux auxquels la ville est confrontée.

En plus de son contenu engageant, l’Atlas de Londres propose des illustrations originales. C’est le cas, notamment, de la «géographie des noms de famille» qui montre la diversité culturelle de la ville (p. 31), de la présentation des «émeutes de l’été 2011» (p. 51) ou de «la verticalisation contestée» (p. 79). Les annexes sur le sport (p. 84-85) ou sur le cockney et la culture populaire (p. 86) traitent d’aspects plus familiers de la métropole tandis que la section «Londres à l’écran et en roman» invite le lecteur à continuer son exploration de cette ville fascinante.

Cet ouvrage, dont les multiples mérites rendent la lecture intéressante et agréable, n’est toutefois pas exempt de quelques défauts. On regrette l’absence d’explications sur les choix éditoriaux et l’agencement de l’ouvrage. Le lecteur peut se sentir un peu dérouté par l’enchaînement de certaines sections. La présentation des différents quartiers londoniens (boroughs), qui aurait pourtant permis une vue d’ensemble de la ville, ne vient que très tardivement dans l’ouvrage. Certains aspects du contenu sont également critiquables, notamment les passages sur l’analyse économique qui, se divisant entre le centre de Londres ou la région, passent sous silence le Grand Londres. Bien que la question de la gouvernance métropolitaine soit traitée (p. 44-45), il est aussi surprenant de ne voir aucune référence au phénomène de régionalisation que l’Angleterre a connu de 1998 à 2010, sous le gouvernement travailliste, et qui a eu, notamment, pour conséquence la création d’une agence de développement économique régionale pour le Grand Londres. Les symboles de la royauté et de la culture britannique, très forts dans la métropole, combinés à l’importance du tourisme donnent à Londres une atmosphère cosmopolite très particulière mais très peu discutée par les auteurs. Finalement, en termes de présentation, l’inclusion de références précises aux illustrations offertes dans l’ouvrage aurait rendu la transposition de l’écrit à l’image beaucoup plus facile pour un lecteur non averti.

Mais que ces petites imperfections ne vous empêchent pas de partir à la découverte de cet Atlas de Londres et ainsi de devenir l’intime de cette belle métropole!

Référence de l’ouvrage

APPERT M., BAILONI M., PAPIN D. (2012). Atlas de Londres. Paris: Autrement, coll. «Atlas/Mégaploes»  96 p. ISBN: 978-2-7467-3089-2