Perth, ville interdite aux Aborigènes?
Ce poster, «Perth, ville interdite aux Aborigènes?» est le fruit d’un travail de terrain mené au cours d’un master 2 de Géopolitique et approfondi lors d’une thèse comparative portant sur les revendications de deux peuples autochtones: les Amérindiens de la baie de San Francisco et les Noongar de la région de Perth en Australie-Occidentale [1].
La structure du poster permet de guider le lecteur dans une analyse qui se veut multiscalaire. Il s’agit de mettre en avant certains outils méthodologiques qui furent fondamentaux dans mon travail de recherche à savoir, le jeu des échelles ainsi que l'analyse des perceptions et des représentations.
Trois parties nous permettent de faire émerger des enjeux à différents niveaux. D’abord, la question des représentations qui est abordée à l’échelle de l’Australie. En effet, dans l’inconscient collectif, les Aborigènes vivent dans le bush, dans les territoires de l’intérieur, à l’écart des grandes villes australiennes. La carte par points nous donne à voir une réalité qui est tout autre: une Australie aborigène urbaine.
Comment expliquer alors, que les Aborigènes soient si peu visibles en ville? C’est ce que nous montre la carte de la répartition de la population aborigène dans l’aire métropolitaine de Perth. Les Aborigènes ne représentent que 1,6% de la population de l’aire urbaine et ne sont pas regroupés dans un quartier spécifique mais dispersés en périphérie. Cette répartition est le fruit d’un héritage qu’il m’a fallu mettre en évidence. Une des difficultés de ce travail fut ainsi d’inscrire différentes temporalités sur une carte pour faire apparaître la résilience des politiques ségrégationnistes à Perth.
Ce refus d’accorder aux Aborigènes l’accès à la centralité urbaine n’appartient pas uniquement au passé. En effet, le droit à la ville [2] est remis en question par les autorités de l’aire urbaine de Perth qui ont mis en place depuis 1998, les Nyoongar Patrols. Il s’agit de patrouilles véhiculées qui quadrillent les banlieues limitrophes de Perth afin de repérer et de déplacer les Aborigènes dont on estime le comportement nuisible pour l’ordre public. Cela a pour conséquence d’empêcher les Aborigènes d’accéder facilement au centre. Dans un tel contexte vivre son identité autochtone en ville s’apparente à un combat.
Je tiens à remercier le jury du concours du meilleur poster scientifique, Antoine Fleury ainsi que les organisateurs du Festival car ils m’ont permis de mettre en lumière un peuple autochtone peu connu qui demande à continuer à exister en ville.
Télécharger la version PDF |