N°105

Géohistoire de la Nouvelle-Zélande: unité territoriale et intégration
à l’espace-monde

Relativement peu «explorée» par les géographes francophones, la Nouvelle-Zélande présente, par son originalité géohistorique, un cas d’étude intéressant. À travers l’évolution de son organisation spatiale, les logiques socio-économiques s’expriment à différents niveaux d’échelle. L’archipel des antipodes, intégré à un espace-monde en construction dès son annexion par la Grande-Bretagne en 1840, connaît des formes de mise en valeur agricole qui valident la transposition planétaire du modèle de von Thünen (Peet, 1969), avec les spécificités humaines et écologiques d’une contrée du Pacifique sud. L’article propose ici de montrer, à l’aide de schémas chorématiques, les différentes étapes de la formation de l’espace néo-zélandais au cours d’une séquence confrontant les temporalités de développement de ses deux principales îles. Selon une approche privilégiant le monde rural, on verra ainsi comment des évolutions technologiques, politiques et économiques de niveau mondial se traduisent sur place par des confrontations territoriales et l’émergence de systèmes agraires participant à la différenciation spatiale et à la dynamique géohistorique de l’archipel. À contre-courant des représentations simplistes d’un archipel aux contours stables et uniformément mis en valeur selon un processus synchrone de transformation du «bush» au «paddock» [1], le propos souligne les singularités et les rapports de force régionaux participant, avec la question indigène, à la fragilisation d’un territoire néo-zélandais proclamé dès 1840.

1850 – 1890: l’ascendant de l’île du Sud

1. Carte de la colonie néo-zélandaise dessinée par J. Arrowsmith en 1841
(Source: LINZ, Land Information New Zealand)

En annexant l’Australie en 1770, la Couronne britannique souhaite contrôler la région du Pacifique sud convoitée par les flottes occidentales à la recherche de biens rares (peaux de phoque, huile et fanons de baleine, bois précieux...) et garder ainsi la mainmise du commerce avec la Chine (Steven, 1983). Après l’extinction des colonies de mammifères marins dans le détroit de Tasman à la fin du XIXe siècle, des entrepreneurs de Sydney ainsi que des équipages européens et américains abordent les côtes néo-zélandaises et entrent en contact avec les tribus maories. Face au désordre social engendré par ces rencontres et le commerce d’armes qui les accompagne, des missionnaires demandent l’intervention de la Couronne. Dans le même temps, une compagnie foncière britannique fondée par l’idéologue E.G. Wakefield souhaite, après une tentative ratée en Australie, profiter de l’absence d’autorités occidentales dans l’archipel pour acheter des terres à bas prix aux chefs tribaux et mettre en œuvre un projet de colonisation systématique. Vendant aux investisseurs des petits lots fonciers à un prix élevé, la compagnie veut éviter les ravages sociaux de la dispersion du peuplement des nouveaux mondes et promouvoir une société certes fondée sur la hiérarchie propriétaire/travailleur mais aussi autorisant une mobilité sociale des ouvriers agricoles, dont le voyage est financé, par l’accès à la propriété d’un lopin en quelques années (Marais, 1921). En flattant la nostalgie de la campagne d’une société britannique traumatisée par la rapidité de son urbanisation et en proposant un programme de colonisation fondé sur l’économie rurale et familiale, la mobilité sociale et le regroupement des populations en gros villages, la compagnie foncière néo-zélandaise dispose d’appuis politiques et financiers sûrs. Ainsi, elle pourra lancer, dès 1838, ses premières opérations de prospection sans l’aval direct du Colonial Office qui n’ordonne l’annexion de l’archipel par la Couronne qu’en 1840. Le 6 février de cette même année, le gouverneur Hobson signe avec une cinquantaine de chefs tribaux le traité de Waitangi qui institue la souveraineté britannique sur l’archipel et accorde le même statut juridique de sujets de la reine aux Maoris et aux Pakehas [2]. En prononçant lors de cette cérémonie la célèbre phrase «He iwi tahi tatou – We are all one people», le gouverneur souhaite montrer la voie d’un projet de société bi-culturelle inscrite dans le territoire multi-insulaire (fig. 1).

Ce double mouvement d’appropriation de la part d’acteurs aux stratégies divergentes a de lourdes conséquences en termes de localisation et de développement des premières colonies de peuplement. Alors que la puissance publique souhaite jouer un rôle pacificateur dans les relations souvent houleuses entre Européens et Maoris et qu’elle s’installe dans les régions du Nord aux fortes densités indigènes, la compagnie privilégie de plus en plus des acquisitions foncières dans les contrées situées plus au sud où les transactions avec les tribus locales semblent plus aisées et où les vastes prairies naturelles offrent de meilleures perspectives de mise en valeur agricole (Marais, 1921) (fig. 2a). La décennie suivante ne tarde alors pas à révéler le contraste de développement entre une île du Nord minée par les conflits fonciers freinant l’expansion européenne et une île du Sud rapidement acquise par la Couronne qui met ainsi un terme à l’activité de la compagnie privée mais accompagne le développement de ses anciennes possessions (fig. 2b). En effet, les promesses du traité de Waitangi reconnaissant aux Maoris la propriété foncière ne tiennent pas face au flot de migrants britanniques bouleversant un équilibre démographique jusqu’alors dominé par les Maoris [3]. La logique tribale consistant à asseoir sa suprématie sur les autres clans par l’acquisition d’un monopole du commerce avec les Européens montre ses limites lorsque la population pakeha atteint l’autonomie alimentaire et s’intéresse plus au foncier qu’aux produits de première nécessité (Ballara, 1982). Face à une pression croissante des migrants sur l’autorité coloniale britannique, seule autorisée par le traité à acquérir des terres indigènes, le souhait collectif de maintenir une culture maorie en péril aboutit à la création d’une coalition intertribale qui veut imposer l’arrêt des ventes de terres. Interprété par le gouverneur britannique comme un acte de rébellion, ce mouvement de résistance déclenche durant la décennie 1860 un conflit armé qui se terminera par la confiscation de terres indigènes et le refuge des populations vaincues dans le centre de l’île du Nord. Se crée alors un territoire de sécession indigène, le King country, peuplé de groupes d’autochtones coupant les liens avec l’autorité coloniale et refusant toute intrusion pakeha. Cette opposition entre l’île du Nord, enlisée dans le conflit entre Pakeha et Maoris, et l’île du Sud relativement épargnée, croît du fait de l’extraordinaire expansion de la frontière pastorale qu’a permise le vaste transfert de cheptel opéré depuis l’Australie (Barber, 1983).

2. 1850 - 1890: L’ascendant de l’île du Sud

La question de la mise en valeur des domaines fonciers nouvellement acquis souligne la contrainte des transports terrestres et maritimes de l’époque. À l’exception des alentours immédiats des centres côtiers de peuplement développés par l’agriculture familiale (territoire fermier), les espaces intérieurs ne peuvent être mis en valeur que de manière extensive par des entrepreneurs possédant suffisamment de capital. Le réseau routier naissant et la technologie maritime du milieu du XIXe siècle n’autorisent en effet que les grands élevages ovins, seuls à même de fournir, avec la prospection minière, des marchandises (laine, or) exportables avec profit vers la lointaine métropole britannique [4]. Dans ce contexte, les vastes prairies naturelles situées sur le versant oriental des montagnes de l’île du Sud sont rapidement partagées en grands domaines participant à la prospérité économique des régions d’Otago, de Canterbury et de Marlborough, alors que l’île du Nord, à l’exception de son quart sud-est, voit son développement agricole restreint aux environs immédiats des villes côtières (Cumberland, 1955).

Face à ce déséquilibre économique et démographique renforcé par le déclenchement d’une ruée vers l’or durant la décennie 1860 [5], le pouvoir colonial réagit en transférant en 1865 sa capitale administrative d’Auckland à Wellington (fig. 2c).

Coûteux à aménager et à entretenir, le réseau routier joue un rôle majeur de liaison entre l’hinterland et les villes côtières rassemblant banques, magasins, entrepôts de stockage et petites unités de transformation. L’île du Sud, lieu d’expansion privilégié des frontières agricoles et pastorales, connaît un développement plus rapide de ses infrastructures même si le rythme de construction ne parvient pas à suivre l’extrême mobilité des colons à la recherche d’or et de pâturages.

Dans l’île du Nord, le principal chantier routier d’envergure répond lui, à la stratégie militaire du gouvernement central qui souhaite pouvoir mobiliser rapidement les troupes impériales face à la «rebellion» indigène et mettre en valeur les terres tout juste confisquées.

Durant la décennie 1870, un grand emprunt public contracté auprès de banques britanniques finance le développement du chemin de fer. Le rail relie ainsi les principales villes de l’archipel sans encourager de véritables spécialisations agricoles, ni parvenir à traverser le centre de l’île du Nord avant la fin des années 1880 (fig 2d). Ainsi, outre l’épineuse question de la sécession indigène, le manque de complémentarité économique entre régions et l’écart entre des provinces sudistes très productives et leurs voisines absorbant d’importantes dépenses publiques dans le cadre des guerres anglo-maories suscitent chez certains hommes politiques de l’Otago et du Canterbury des velléités séparatistes (Eldred-Grigg, 1980).

1900 – 1970: vers la suprématie économique de l’île du Nord

Avec le succès en 1882 du premier convoi maritime réfrigéré entre la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne, la colonie des antipodes entre dans une nouvelle ère socio-économique qui marque la fin de l’hégémonie des grands éleveurs ovins. La possibilité d’étendre l’éventail des exportations agricoles avec des marchandises telles que la viande congelée, le beurre ou le fromage rend possible le développement de systèmes agraires plus intensifs gérés à l’échelle familiale sur des surfaces relativement réduites (Hawke, 1985). Fortement accompagnée par un pouvoir central augmentant ses prérogatives, cette révolution agricole, mise en œuvre à une période de hausse des prix mondiaux, permet l’extension du territoire fermier dans les zones de plaine. Cette fois-ci, c’est l’île du Nord qui semble la plus à même de bénéficier de ce processus d’intensification. Après avoir mis fin, dans les années 1880, aux mouvements de résistance maoris et ordonné des politiques d’achat massif de terres indigènes reléguant les tribus dans les zones accidentées de l’intérieur, les gouvernements successifs opèrent de vastes opérations d’aménagement (déboisement, développement des transports et drainage des marais) et ouvrent des fronts de peuplement sur des terres particulièrement fertiles.

3. 1900 - 1970: vers une domination agricole et industrielle de l’île du Nord

Dans l’île du Sud, la subdivision spontanée ou imposée par l’État des parcours d’élevage permet également l’installation de familles d’agriculteurs mais la moindre fertilité des terres et les problèmes de sécheresse ne permettent pas d’atteindre les mêmes niveaux de densité de peuplement que dans le Nord. Le modèle d’organisation spatiale des campagnes néo-zélandaises fondé sur l’élevage intensif de plaine et le maintien de pratiques plus extensives sur les reliefs s’affirme donc au début du XXe siècle (Hargreaves, 1959): modèle présentant des formes plus prononcées dans l’île du Nord où des régions telles que le Waikato, le Taranaki ou le Manawatu, plus réceptives aux nouvelles techniques de fertilisation (Smallfield, 1970) jouissent de densités rurales et d’une industrie de transformation dynamique; avec un contraste de développement économique [6] à l’origine de migrations de l’île du Sud vers l’île du Nord (Willoughby, 1962) (fig. 3).

4. La perspective d’un câble électrique reliant les deux principales îles de l’archipel
Elle provoque une réaction amère dans l’île du Sud (Source: Sid Scales, Otago Daily Times, 17 juillet 1952)

Le plus grand développement des services liés au secteur de l’agro-alimentaire dans les villes de l’île du Nord et l’exode rural des populations maories, qui connaissent une véritable explosion démographique à partir des années 1930 (Metge, 1964), concourent ainsi à faire de l’île du Nord et d’Auckland les lieux du dynamisme économique de l’archipel. L’île du Sud, elle, perd de plus en plus de sièges d’entreprises et se présente davantage comme une périphérie productrice de biens agricoles et d’énergie grâce à ses ressources hydro-électriques. La construction de grands barrages et le projet, en 1952, d’un câble électrique reliant les deux îles suscitent d’ailleurs la colère de Southerners qui voient là une occasion perdue par les gouvernements en place de procéder à un rééquilibrage spatial de l’armature industrielle au profit du Sud (fig. 4).

Accentuée par les deux épisodes de guerre mondiale durant lesquels l’archipel, protégé des principaux fronts militaires, modernise ses systèmes de production pour alimenter à bas prix une Europe meurtrie, l’intensification agricole encourage également un exode rural pakeha qui accroît la population citadine, majoritaire dès 1911 [7]. Les campagnes bénéficient dans les années 1920 de l’électrification et d’un réseau routier pérenne tandis que les villes voient s’étendre de vastes zones périurbaines sur le modèle américain des maisons individuelles.

La période de prospérité permise par un protectionnisme économique, des relations commerciales privilégiées avec la métropole britannique et une population relativement faible [8] autorise les gouvernements successifs à entretenir une politique d’État providence qui maintient le calme social (Condliffe, 1975) mais élude la question ethnique et celle de la dépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne.

1980 - …: un rééquilibrage spatial insuffisant à l’échelle de l’archipel

Longtemps considérée comme la ferme britannique des antipodes car bénéficiant d’accords commerciaux privilégiés avec l’ancienne mère patrie, la Nouvelle-Zélande subit de plein fouet la réorientation économique de la Grande-Bretagne qui intègre la Communauté économique européenne en 1973. Traditionnellement alimentés en subventions publiques, les systèmes agraires de l’archipel ne sont pas armés pour entrer dans un système d’échanges concurrentiels et vivent douloureusement le virage ultralibéral opéré par les gouvernements successifs à partir des années 1980. Si l’entrée dans la mondialisation se traduit dans les campagnes néo-zélandaises par une chute du nombre d’exploitations et la fermeture de nombreux services publics (Le Heron, Pawson, 1996), elle est cependant l’occasion d’entrées nouvelles sur un marché asiatique prometteur. Le renforcement de l’exploitation forestière et le développement du tourisme, de l’horticulture et de la viticulture dans diverses régions montrent que des reconversions fructueuses sont possibles pour les zones rurales considérées jusque-là comme faiblement productives dans le système d’élevage traditionnel et présentant les conditions environnementales favorables à l’implantation de ces nouvelles activités (fig. 5a et 5b).

5. 1980 - ... Une amorce de rééquilibrage régional

L’essor touristique donne un nouveau souffle à d’anciennes villes minières de l’Otago central, aux sites montagneux particulièrement attractifs, et traduit une meilleure prise en considération de la condition maorie. Répondant au large mouvement de revendications foncières lancé dès les années 1970, le gouvernement, conseillé par le tribunal de Waitangi, concède en effet des réparations symboliques et financières aux clans dénonçant les exactions commises dans le passé au nom de la Couronne. Ainsi, les sommes versées en compensation permettent aux comités tribaux d’investir dans l’agriculture, la pêche, l’immobilier ou le tourisme. L’élaboration d’une loi exigeant la participation et l’aval de leaders tribaux dans l’élaboration de projets d’aménagement ou de protection de territoires (Resource Management Act, 1991) montre également les efforts de reconnaissance ; même si ces nouvelles politiques éveillent des protestations au sein de certaines populations pakehas et maories qui s’estiment lésées par ces mesures ciblées de discrimination positive.

Si ce revirement économique favorise, dans les campagnes, une diffusion relativement large de ces stratégies entrepreneuriales à l’échelle de l’archipel, l’essor du secteur privé, stimulé par le désengagement de l’État dans de nombreux services (poste, transports, conseil agricole…), donne lieu, dans le monde urbain, à une concentration des activités au profit d’Auckland devenue capitale économique millionnaire surpassant les autres métropoles de l’archipel (fig. 5c).

Avec 1 303 000 habitants, l’agglomération d’Auckland abrite un tiers de la population nationale (32,4%) et constitue le lieu central de la diaspora polynésienne avec près de 155 000 individus originaires des îles du Pacifique (Statistics New Zeland, 2010). Revendiquant près de 35% de la production économique nationale et accueillant la majeure partie des événements internationaux, la métropole apparaît comme un monde à part, ce qui encourage, chez certains provinciaux, des revendications égalitaristes mais aussi des postures de dénigrement moral vis-à-vis d’un monde citadin cosmopolite éloigné des valeurs terriennes néo-zélandaises (Baker, Crellin, 2004).

Cette amorce de rééquilibrage cache néanmoins de véritables défis dont la gestion sera capitale pour l’avenir économique et politique de l’archipel. Le développement du tourisme et de nouveaux secteurs agricoles (notamment de la filière laitière) dans l’île du Sud pose la question de la difficile gestion de la ressource en eau durant les prochaines décennies. Outre les conflits d’usage liés à la multiplication des acteurs et aux besoins croissants dans une région sujette aux sécheresses, la question énergétique, capitale pour le pays, rajoute de la complexité au problème. Face aux besoins grandissants d’une société urbanisée, refusant catégoriquement le recours au nucléaire, des mouvements identitaires de Southerners accusent à nouveau l’État et les entreprises en charge des nouveaux projets hydroélectriques de sacrifier les ressources écologiques et paysagères de leur île au profit du Nord sans assurer de mesures de compensatoires acceptables en termes de transferts budgétaires ou d’activités. Ce sentiment de fragilité ressenti par une partie de la population de l’île du Sud ne semble pas s’apaiser au vu des tragiques événements qui touchent sa capitale économique, Christchurch, depuis septembre 2010. La répétition des séismes qui remettent en cause la reconstruction d’une partie de la métropole sur un site reconnu comme trop vulnérable a contraint un grand nombre de sinistrés à émigrer vers l’Australie (Statistics New Zealand, 2011), et a fragilisé la confiance des Southerners dans un cycle de renouveau économique longtemps attendu.

Conclusion

La description illustrée de la dynamique géohistorique de l’archipel néo-zélandais montre ainsi la complexité du processus d’intégration d’un espace multi-insulaire, physiquement et humainement différencié, dans un système monde en perpétuelle évolution. Elle souligne les défis auxquels cette société des antipodes a dû faire face afin d’ancrer une conscience nationale dans un territoire périodiquement marqué par des contrastes de développement entre provinces. La focalisation de cet article sur les campagnes se justifie non seulement par l’importance du développement des hinterlands dans la dynamique urbaine et les déséquilibres régionaux mais aussi par le rôle du monde rural dans l’affirmation du pouvoir étatique et dans la construction d’une identité nationale, fondée sur une mythologie agreste (Cognard, 2011). Elle permet également de souligner l’enjeu des formes futures de mise en valeur des ressources foncières et naturelles dans le contexte particulier d’un archipel caractérisé depuis longtemps par les inégalités de développement. Ainsi, face au faible rééquilibrage économique entre les deux principales îles de l’archipel et face aux revendications politiques dénonçant la mise en périphérie croissante des régions méridionales, on peut légitimement se demander si, dans les décennies à venir, la fragilisation de l’unité nationale néo-zélandaise se fondera moins sur la question ethnique que sur une problématique d’opposition de nature spatiale pointant les inégalités entre le Nord et le Sud.

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Le paddock désigne l'enclos d'élevage symbolisant la nature domestiquée à des fins agricoles.
Pakeha: terme désignant les habitants de la Nouvelle-Zélande d'origine européenne.
Passant d'environ 150 000 à 85 000 individus durant la période des premiers contacts avec les Européens (1800-1840) (Ulrich, 1969), la population maorie, évaluée à 56 000 habitants au premier recensement indigène de 1858 (Statistics of the colony of New Zealand, 1858), est alors minoritaire et atteint son niveau le plus bas en 1896 avec seulement 42 113 personnes (New Zealand Census, 1896).
On voit ici comment le principe d'Aix-la-Chapelle de Christian Grataloup (1996) s'avère d'une grande utilité pour comprendre les logiques en œuvre dans le développement des systèmes agraires de la Nouvelle-Zélande coloniale.
En 1869, l'île du Sud compte 150 718 habitants contre 86 531 pour l'île du Nord (Statistics of New Zealand, 1869).
La part de l'île du Nord dans le nombre total d'exploitations agricoles passe de 48 % en 1881 à 64 % en 1951 (New Zealand Census 1881 – 1951).
Cf le principe d'Hakata (Grataloup, 1996).
En 1968, la population néo-zélandaise est évaluée à 2 773 000 habitants (New Zealand Census, 1968).