Modernisation et paysages des espaces irrigués du bassin du Douro:
le Páramo Leonés
Dans les espaces irrigués du bassin du Douro (Espagne) une profonde transformation est en cours. Le phénomène est observable aussi bien dans les aires irriguées à partir des eaux souterraines que dans celles qui utilisent des eaux de surface. Pour les premières, l’augmentation du prix de l’énergie pour le pompage pose des problèmes de rentabilité de l’exploitation. En revanche, pour les espaces qui utilisent des eaux de ruissellement, les actions de modernisation et d’amélioration de la distribution permettent de considérer ces eaux comme l’irrigation de l’avenir. Le travail est centré sur un de ces derniers espaces — ceux des eaux de surface — dans lequel est prévue une ample transformation de l’aspect et de la structure des paysages: le Páramo Leonés, domaine géographique où l’irrigation donne du «caractère» au paysage grâce à la gestion individuelle et collective et à la démarche officielle.
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La politique de modernisation est celle qui a eu les impacts les plus forts sur les infrastructures agraires au cours des dernières décennies. Ces impacts ont été analysés dans le poster à partir des photographies aériennes obliques (1960, 2008, 2010), du Vol américain (1957) et du Vol national (1984), ainsi que des ortho-photos (2004 et 2011). La comparaison de ces images entre elles ainsi qu’avec d’autres données (cadastre, archives historiques…) met en évidence les transformations provoquées par la politique de modernisation dans le secteur du Páramo Leonés. Cette étude montre les contradictions résultant de deux préoccupations sociales différentes: d’une part, celle de la durabilité environnementale, formulée dans la directive-cadre sur l’eau et qui a guidé la politique de modernisation et d’amélioration de l’irrigation; d’autre part, la gestion paysagère qui fait l’objet de la convention européenne du paysage et qui est exclue jusqu’à présent des plans de modernisation de l’irrigation.
Les travaux strictement hydrauliques sont accompagnés d’une transformation intégrale du parcellaire, du réseau de chemins et d’autres équipements (puits, canaux d’irrigation, pompes…). La modernisation a provoqué aussi une altération des éléments immatériels tels que la culture de l’eau et le savoir-faire pour sa distribution, ainsi que l’aménagement des terroirs.
Le résultat est donc une perte de l’expressivité locale et de la profondeur historique. Les espaces irrigués des riberas et vegas du Páramo de León constituent un exemple singulier des «paysages de l’eau» en Espagne. Une grande partie d’entre eux, ceux qui sont riches d’une vieille tradition, est à la merci d’un plan de modernisation qui ne prend pas en compte le paysage n’est pas pris en compte. Il semble raisonnable et possible de trouver un compromis entre les exigences de la durabilité et l’efficience dans l’usage de l’eau et la gestion des paysages.
Remerciements
Les auteurs remercient particulièrement le Centre d’études et de recherche sur les paysages (CERPA) à l’université de Lorraine pour son soutien; ainsi que le programme Erasmus qui permet aux étudiants, chercheurs et enseignants d’ouvrir leur esprit vers l’ensemble de l’Europe et du Monde.