N°108

Paysages résidentiels et divisions socio-spatiales à Shanghai

Au début des années 2000, dans le cadre d’opérations de renouvellement urbain et de promotion immobilière, la municipalité de Shanghai procède à un redéploiement polycentrique de son parc résidentiel. Les nouveaux quartiers aménagés introduisent une division sociale des périphéries urbaines shanghaiennes. L’intensité de ces logiques ségrégatives et leur différenciation scalaire sont graphiquement mises en scène par un code couleur (violet/rouge/vert) et la diagonale de cartes qui structurent le poster.

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À l’échelle municipale, les autorités planifient une macro-ségrégation résidentielle, où les villes nouvelles n’incluent pas les grands ensembles de logements sociaux (en violet). Les populations solvables choisissent de devenir propriétaires dans les villes nouvelles, tandis que les Shanghaiens de la classe populaire sont déplacés vers les grands ensembles de logements sociaux.

À 35 km du centre-ville de Shanghai, le paysage résidentiel de la ville nouvelle de Songjiang combine fragmentations spatiales et micro-ségrégations sociales (en rouge). Le parc résidentiel superpose d’amples ruptures typo-morphologiques entre les différentes types d’habitat, entre les nouveaux quartiers et les villages alentours, et entre les formes «normales» d’habitat et les formes «marginales», comme les préfabriqués destinés à loger les migrants du BTP. Deux micro-ségrégations sociales se superposent à travers le standing des résidences et le degré d’occupation des logements, où plusieurs familles cohabitent dans un même appartement.

À Thames Town, le secteur de style anglais de la ville nouvelle de Songjiang, le parc résidentiel est orienté vers les classes moyennes supérieures à aisées (en vert). Le pavillonnaire à l’anglaise y constitue le segment le plus distinctif, en termes de stratégie résidentielle et de placement financier, sans que soit nécessairement recherché l’homogénéité sociale.

Les paysages résidentiels aménagés en périphérie urbaine de Shanghai introduisent des divisions socio-spatiales différenciées. Les autorités municipales planifient une macro-ségrégation résidentielle, où les villes nouvelles et les grands ensembles de logements sociaux s’excluent pour constituer des polarités périphériques distinctes. Dans la ville nouvelle de Songjiang, comme dans le quartier à l’anglaise de Thames Town, il n’y a pas coïncidence entre statuts sociaux et segments résidentiels, mais un processus de micro-ségrégation lié au marché de l’immobilier (type d’habitat, standing, colocation) dans un contexte de mixité sociale.

Remerciements

Ce poster présente les résultats d’enquêtes de terrain, réalisées par l’auteur, à Shanghai entre 2007 et 2012. Il a également bénéficié des travaux engagés, à Shanghai, entre 2009 et 2011, par les laboratoires Prodig et Ladyss, dans le cadre du programme ANR/AIRD Périsud, «Dynamiques territoriales à la périphérie des métropoles des Suds». L'auteur remercie particulièrement le Centre d’études des villes chinoises modernes et le département de géographie de l’Université normale de Chine de l’Est, le Collège d’architecture et d’urbanisme de l’Université de Tongji, et le Consulat général de France à Shanghai, pour leur soutien.